Un film fort, un film dense de J.L. Godard, même si ce n’est pas un de ses films majeurs. On retrouve toute « la patte » de JLG qui mélange du texte très poétique, très littéraire avec une belle image très esthétique. Le film est vraiment ancré dans son époque et nous montre une jeune femme de son temps (1963) qui commence à s’émanciper, cela passe par une liberté de choix, de décision, par rapport à son corps, à sa liberté sexuelle mais aussi paradoxalement par l’accès à la mode, à son corps libéré « par de nouveaux soutien gorge », les illustrés féminins, qui reconnaissent à la femme une différence, une spécificité. La femme devient cible de la communication car elle devient autonome dans ses choix. C’est l’éclosion de la féminité, dans son côté commercial. Cela reste tout à fait contemporain et fait partie du questionnement des néo féministes actuelles. Comme toujours avec JLG , le film est rempli d’humour au 2e degré : quand le couple nous fait visiter son appartement ( dans une ville nouvelle style « Le Corbusier ») et nous vante les avantages du béton , des balcons , des barres d’immeuble., de la vie collective ,de cette cité « idéale » , rêve des années 60. Ou la scène hilarante de Macha Méril qui lit un magazine féminin, décrivant ce qu’est « une poitrine à la mode », cela parait futile et c’est en même temps un symbole d’émancipation, la 1ere génération de femme libérée. . Macha Méril est absolument délicieuse, fragile, libre, féline dans ses déplacements .Les gros plans de son visage ou de parcelles de son corps sont superbes, très émouvant. Méril tient son rôle culte , sur lequel elle construira toute son image. Quelque plans plus compliqués, un peu cérébraux, comme l’écoute d’un disque de rire expérimental de 5mn, avec les deux personnages courant dans leur appartement qui annonce déjà le futur cinéma expérimental de JLG et AM. Mieville; destruction totale du récit et parole distanciée. Mais ici on est encore dans du cinéma néo classique et le charme opère encore , cette femme qui hésite entre ses deux amours tout en s’émancipant , nous séduit par sa poésie constante.