Voltiges a remporté la mention spéciale "Génération 14 Plus" à la Berlinale 2011, le Dragon du meilleur film au Festival de Göteborg 2011 et le prix du Meilleur Film de Fiction au Festival de Tribeca 2011.
Voltiges est le premier long métrage de Lisa Aschan. Cette diplômée de l'école nationale du film de Danemark s'est faite repérer grâce à Fuck the rapist, une fausse publicité, et ses courts métrages Goodbye Bluebird et In transit. Elle a également été assistante-réalisatrice sur des épisodes de la série The Killing. La scénariste Josefine Adolfsson ainsi que les actrices principales (Mathilda Paradeiser, Linda Molin, Isabella Lindquist) font également leurs premiers pas au cinéma avec Voltiges.
Lisa Aschan décrit son film : "Voltiges joue avec les règles qui régissent le comportement humain. J’ai voulu explorer les contradictions de la société en montrant des jeunes femmes agissant brutalement. C’est un jeu de pouvoirs entre deux jeunes filles et le monde qui les entoure. Elles sont sans cesse en compétition. Elles se se contrôlent mutuellement. J’ai voulu décrire la complicité et l’incertitude, la fragilité. Faire le portrait de personnages qui sont des individus à part entière, mais font aussi partie d’un système social."
A l'origine de chacun des projets de la réalisatrice se trouvent des images qui se mêlent dans son esprit : "Je pense alors : D’où vient ce tas ? Qu’est-ce que c’est ? Je commence à regarder ce qu’il s’y trouve et j’essaie d’y voir un monstre." Ainsi, derrière Voltiges se cachent "Shirley Temple… Le livre "Histoire de l’OEil" de Georges Bataille… une image publicitaire avec une petite fille qui lèche un bâtonnet de glace."
Lisa Aschan souhaitait étudier les rapports de sexe et de pouvoir entre deux personnages : "Emma est enivrée par la sensation de contrôle. Et j’ai aussi remarqué quand je travaillais avec les acteurs que tout le film parle de contrôler ou d’être contrôlé." Elle ajoute : "Je voulais explorer ce qui est tabou en contraste avec ce qui est naïvement visible, essayer de comprendre pourquoi le "repoussant" s’avère souvent excitant."
Lisa Aschan a écrit le scénario de Voltiges avec Josefine Adolfsson. Elle revient sur cette collaboration : "J’ai d’abord appelé Josefine, puis nous avons commencé à nous interroger. L’intrigue n’est jamais définie avant la fin du processus, pour moi elle reste secondaire. (...) On a commencé par rassembler des tranches de vie ; les nôtres, celles d’autres personnes, celles du tas… Ensuite on a structuré l’ensemble. Je décide aussi tôt que possible dans quelle arène je veux que mes avatars évoluent. Je commence alors à chercher ces endroits."
Lisa Aschan décrit Voltiges comme un western féminin pour son duel entre ses deux héroïnes : "J’ai reçu un livre sur le western de ma photographe Linda Wassberg et j’étais vraiment contente. Cela résumait parfaitement ce que je pensais : "A western is about what it means to be a man". J’ai alors été certaine que j’étais en train de travailler sur un western. Bien qu’il s’agisse peut-être plus d’être "un humain" que d’être un homme. La fille, la jeune femme et la femme. C’est tout le parcours, si on parle purement en termes d’âge. Et cela a lieu dans un environnement de western, parmi les chevaux."
Le titre original de Voltiges est "Apflickorna", qui signifie fille-singe ou guenon. Un titre pour le moins énigmatique puisqu'on ne voit aucun singe dans le film. Un mystère qui est loin de déplaire à la réalisatrice : "Je pense que les gens doivent en savoir aussi peu que possible avant de voir le film. Je ne veux pas qu’ils soient enfermés dans une image."
Originaire de Suède, Lisa Aschan est partie au Danemark pour étudier la réalisation. La jeune femme revient sur la différence entre les productions suédois et danoises : "En Suède il s’agit beaucoup de rester neutre, de s’adapter. La reconnaissance est une dynamique importante, à la fois chez les gens qui créent mais aussi chez les gens qui accueillent les films, l’art et la culture. Au Danemark, il s’agit beaucoup plus de résister et de provoquer. Je pense que c’est ça, la grande différence."
Lisa Aschan n'a pas froid aux yeux. Admiratrice de Jorgen Leth (qu'elle a eu comme professeur), elle apprécie le Danemark pour sa production cinématographique audacieuse et avoue avoir un penchant pour les caractères déplaisants: "J’aime beaucoup les personnages mauvais, immoraux ! Je préfère vraiment ceux qui sont au-dessus du lot ou qui essaient d’y arriver. J’en ai plutôt assez. de la question des victimes et des opprimés."