Excellent film qui repose sur un scénario riche, une mise en scène tendue et une interprétation remarquable. L'ensemble dégage une vraie force dramatique et une grande subtilité dans l'approche des relations humaines. Asghar Farhadi a développé une histoire ambitieuse sur plusieurs niveaux. En toile de fond : un drame national, qui pousse certains Iraniens, comme Simin, à vouloir quitter le pays. Ensuite : un drame conjugal (désir de séparation entre Nader et Simin, discorde sur la façon de gérer les événements malheureux qui surviennent au long du film) et son extension, un drame familial. Celui-ci implique la fille, qui doit faire face à plusieurs cas de conscience, et son grand-père, témoin muet au regard parfois empreint de lucidité. Par ailleurs, la confrontation avec la femme chargée de surveiller le grand-père, ainsi qu'avec son mari, induit un drame social, fondé sur la fracture entre classe moyenne et classe pauvre, mais aussi sur l'opposition entre modernité et tradition. Où il est question d'honneur, d'argent, de religion... À cela s'ajoute une dimension de film-enquête dont la mécanique narrative rend le film passionnant et éprouvant. Bref, l'histoire ne manque pas d'ampleur. Son traitement aurait pu être lourd et démonstratif, il n'en est rien. Le propos est dense, certes, mais équilibré et témoignant d'un regard précis, toujours intelligent. Asghar Farhadi ne prend pas parti pour l'un ou l'autre des personnages. Il les présente avec leurs forces et faiblesses, tout en nuances, et brode un canevas douloureux de vérités et de mensonges, de responsabilités, de culpabilités, avec des noeuds relationnels magnifiquement complexes. Le cinéaste iranien creuse ainsi un sillon différent de celui des Kiarostami et autres Makhmalbaf, père et fille, à tendance contemplative et métaphorique. Plus concret et dramatisé. Plus marquant.