Cette séparation a été peut-être un des succès les plus surprenant de cette année 2011 non pas par l'ampleur (les 10 Millions d'Intouchables étant évidemment hors concours), mais par le pays d'origine, les acteurs totalement inconnus, et le peu de moyens qui auguraient d'une sortie en catimini sur nos écrans.
En effet, jusqu'à présent, les films iraniens qui avaient connus le succès avoisionnaient péniblement les 200 000UNE SEPARATION PHOTO4 entrées, et là, ce film d'Asghar Farhadi a rencontré le public de manière foudroyante, porté notamment par un bouche à oreille rarissime, si bien qu'au total ce sont plus de 1 Millions de gens qui, petit à petit, ont été emportés par l'histoire de ces deux couples iraniens qui, a priori, n'avaient rien pour se croiser et dont le destin va basculer.
Ces couples, ce sont d'abord Nader et Simin, qui, dès la toute première scène du film, sont devant le juge pour engager une procédure de divorce, et cette séparation- qui donne le titre au film- va déclencher une foule d' évenements extérieurs. Une fois sa femme parti au domicile, Nader aura besoin d'une tierce personne pour s'occuper de son père, malade d'Alzeimer, et cette jeune femme, Razieh, enceinte, et dont le mari est au chomage, va travailler chez Nader jusqu'à ce qu'un tragique accident vient chambouler la donne et faire liguer ces deux couples l'un contre l'autre.
Inutile d'en dire plus, pour ceux qui n'ont pas pu voir le film dans les salles, car la qualité première du film est incontestablement son scénario, la façon dont il s'imbrique, et également la qualité d'écriture des situations et des personnages. En effet, rarement cette année on a vu au cinéma des hommes et des femmes aussi riches humainement parlant, et dont on ne sait s'ils ont tort ou raison. Un personnage que l'on déteste à un moment du film nous parait nettement plus touchant quelques instants aprés lorsqu'on connait ses vraies motivations, et c'est cette ambivalence dans les caractères des différents protagonistes, incroyablement juste, qui contribue à la grande réussite du film.
On a également beaucoup loué la tension incroyable qu' Asghar Farhadi met dans ses scènes, transformant ce qui pourrait être une simple chronique de moeurs en un intense thriller. Si le terme de thriller me parait quelque peu exagéré, car nous ne sommes pas à Holywood, il est clair que l'affrontement entre les protagonistes est vraiment passionnant, surtout dans la dernière heure, mais avant tout grâce à un scénario d'une rare intelligence à la fois pleinement réaliste et plein de rebondissements.
Passé les premiers instants où le grain de l'image est forcément un peu moins joli que dans nos fictions habituelles et où certaines attitudes des personnages ne correspondent pas forcément à nos réflexes d'occidentaux, on se met à oublier toutes nos réticences et se laisser absolument porter par la force de l'intrigue et la complexité des personnages qui confinent, au bout du compte à un universel qui est pour beaucoup dans le succès du film.
critique en entier ici :http://www.baz-art.org/archives/2011/12/08/22762435.html