L'histoire du film A moi seule n'est pas sans rappeler ce qu'a vécu l'autrichienne Natascha Kampusch, séquestrée par son ravisseur pendant 3096 jours, dès l'âge de dix ans. Pourtant, le réalisateur Frédéric Videau tient à se démarquer de ce fait divers : "Je sais d’où vient le film, je ne le dissimule pas, mais je ne raconte pas l’histoire de Natascha Kampusch. Et pour cause : si j’avais voulu le faire, je l’aurais fait. Je serais allé en Autriche, j’aurais tenté de la rencontrer. Mais le point de vue de Wolfgang Priklopil, son ravisseur, m’importait tout autant. Cet homme étant mort, un film qui aurait raconté l’histoire de Natascha Kampusch devenait impossible, selon moi, parce que forcément incomplet."
Le titre du film A moi seule est le fait d'une observation du réalisateur Frédéric Videau, qui en découvrant le témoignage de Natascha Kampusch, a remarqué la chose suivante concernant son ravisseur, Wolfgang Priklopil : "Elle n’a pas un mot de colère, de haine, à l’égard de Priklopil. Ça veut dire que Priklopil, c’est pour elle, c’est « à elle seule ». Elle en fait son affaire, et le monde extérieur peut dire ce qu’il veut, c’est une histoire de elle à elle", explique-t-il.
Dès la conception du scénario, le réalisateur et scénariste Frédéric Videau avait en tête une représentation précise de son héroïne, Gaëlle. Il a tout de suite pensé à l'actrice Agathe Bonitzer, qu'il connaissait déjà. Mais cela n'a pas empêché une entrevue quelque peu étrange : "Je demande à la rencontrer et je me rends compte qu’elle est au moins aussi froide que moi, qu’en deux heures de temps, on a réussi à échanger une grande vingtaine de phrases, qu’elle ne fait aucun effort pour en dire davantage et moi non plus. Je suis d’abord assez dubitatif, sauf sur le physique et sur ses talents d’actrice. Dix jours passent, et je la rappelle pour lui dire que c’est elle. Pas une seconde je n’ai songé à lui faire passer des essais. J’ignorais alors que j’avais trouvé l’actrice que j’aimerais refilmer tout de suite, que j’allais avoir envie de la regarder grandir et vieillir, film après film."
A moi seule est un film qui débute par... la fin. Montrer la libération de Gaëlle dès le début du long métrage est un moyen, selon le réalisateur Frédéric Videau, de se débarrasser de l'emprise que pourrait avoir le fait divers, et ainsi se concentrer sur l'histoire qu'il veut raconter.
A moi seule est le troisième film de Frédéric Videau, après Variété française (2003) et Le Fils de Jean-Claude Videau (2001), un documentaire dans lequel il filme une conversation entre lui et son père. Dans ses trois longs métrages, un sujet revient sans cesse, celui de la famille et de l'amour.
A moi seule a participé à la compétition officielle de l'édition 2012 de la Berlinale. Le film de Frédéric Videau a été nommé dans les plus prestigieuses catégories à neuf reprises : pour l'Ours d'or, ainsi que pour l'Ours d'Argent du Meilleur réalisateur et celui du Meilleur acteur.