Est-ce parce que j’étais un grand client de la culture « Canal » étant jeune que ce film me parle autant ? Peut-être, parce qu’au fond, la forme n’a rien d’extraordinaire… Mais bon, on a affaire ici à un documentaire. Ce qu’on attend généralement d’un documentaire c’est qu’il se saisisse d’un fait et qu’il apporte les documents nécessaires à l’élaboration d’un regard nouveau – voire d’une conviction nouvelle – à propos du sujet traité. Or là, en l’occurrence, il faut bien l’avouer, la démonstration parle d’elle-même. Certes, Pierre Carles ne nous apprendra peut-être pas (plus) grand-chose sur cette illusion grotesque qu’est la liberté de la presse, mais au moins a-t-il le mérite de transformer un sentiment en certitude, d’apporter des éléments tangibles qui scellent une conviction en vérité. Et c’est pour moi là que se fait la différence. Parce que bon, je le concède, je ne suis pas très fan du personnage de Pierre Carles, pas plus que de son ton inquisiteur. Ses cibles lui reprochent de parfois vouloir faire des procès à charges contre certains individus clairement définis, je ne leur donne pas tort. C’est vrai qu’on ressent quand même une vraie rancœur de la part du gars ; une logique de règlement de compte… Mais bon, bien que peu client de la chose, j’avoue que malgré tout la démarche est passée me concernant, et ça passe même très bien. Pourquoi ? D’une part parce que Carles reste honnête avec lui-même et avec son spectateur. Il se filme tel qu’il est, il ne se cache pas, livrant d’ailleurs de lui-même les éléments nous permettant de critiquer sa démarche. Et d’autre part, il faut bien reconnaitre que cette mise en avant des propres déboires de Carles dans cette affaire a pour avantage d’humaniser cette vaste démonstration. En somme, voilà du travail certes plastiquement basique et assez plat dans sa narration, mais s’y trouve aussi tout ce que j’aime dans un documentaire : de la rigueur, du mordant et, surtout, une identité personnelle totalement assumée. Or ça, franchement ça me fait du bien…