Dans Les Possédés, plusieurs individus adoptent un comportement étrange après avoir acquis des reliques antiques dans divers vide-greniers. Il se trouve que certains de ces objets anciens auraient contenu un "dybbuk", sorte d'esprit démoniaque qui hante le corps d'un individu auquel il reste attaché. Cette légende, directement issue de la mythologie hébraïque, s'est ensuite transmise dans les croyances d'Europe de l'Est.
Dybbuk signifie "attachement" en hébreu. Ce nom a été donné à ce démon en raison du lien très puissant qui l'attache à sa victime lorsqu'il en prend possession.
Le film, inspiré d'une légende juive, est à l'origine basé sur un article du LA Times qu'avait signé la journaliste Leslie Gornstein après s'être elle-même intéressée aux fameuses "boîtes à dybbuk" à la suite d'une vente aux enchères.
Le film est produit par Ghost House Pictures, qui n'est autre que la maison de production de Sam Raimi. En effet, on sait que le réalisateur affectionne tout particulièrement le cinéma d'horreur et le fantastique, puisqu'on lui doit notamment Evil Dead (1993), Intuitions (2001), ou encore Jusqu'en enfer (2009).
Les possesseurs successifs de la "Boîte de Dybbuk" ont tous été pris de maux étranges, comme le montre Leslie Gorenstein dans son article sur le sujet dans le Los Angeles Times. La journaliste rapporte que les propriétaires de l'objet ont dit vivre "un enfer sans nom" en étant la proie de cauchemars horribles, de visions... Certains entendaient même des voix, tombaient malades, perdaient leurs cheveux.
La fameuse "Boîte de Dybbuk" utilisée dans le film faisait peur à l'équipe à cause de cette fameuse malédiction : "Je ne l'ai jamais approchée ni souhaité l'amener au bureau ou chez moi", confesse Sam Raimi.
Sam Raimi s'est intéressé de façon intensive au sujet de ces "Boîtes à Dybbuk". Toujours passionné par le genre horrifique, le metteur en scène d'Evil Dead n'allait pas passer à côté de l'occasion de produire Possédée via sa société Raimi Ghost House Pictures : "L'inconnu a toujours suscité l'angoisse. Nous voulons tous savoir si les fantômes et les démons existent vraiment, et ce qu'il adviendra de notre esprit après la mort. Une histoire comme celle de la "Boîte du Dybbuk" touche au fondement même de nos peurs et désirs les plus intenses. Cette histoire réelle rendait possible l'exploration de certains thèmes propres au cinéma d'honneur, qui y trouveraient une nouvelle jeunesse", déclare le cinéaste américain.
Le réalisateur danois Ole Bornedal est un fin connaisseur du thriller horrifique. On lui doit notamment Le Veilleur de nuit (ainsi que l'original l'original de 1994) avec Ewan McGregor et la production de Mimic de Guillermo del Toro : "Nous étions déjà fans de lui, son pitch sur Possédée nous a emballés. Ole a pleinement ressenti l'angoisse que dégageait cette histoire. Avec son sens aigu de l'atmosphère et des relations humaines, il a focalisé le film sur la vie de cette famille écartelée, qui va devoir trouver en elle assez d'amour et de courage pour affronter le démon. Il a ainsi donné un maximum d'authenticité psychologique aux épreuves de chaque personnage", confie Sam Raimi à propos du danois.
Le dybbuk a déjà sévi sur nos écrans il y a presque 15 ans, en 1995. En effet, Chris Carter s'était déjà servi de cette légende juive dans l'épisode 21 de la saison 2 de X-Files intitulé "Les Calusari". Dans cet épisode, à l'instar de Possédée, l'esprit du démon malfaisant dybbuk avait pris possession d'un enfant et donnait du fil à retordre aux Agents Mulder et Scully.
L'acteur principal de Possédée, Jeffrey Dean Morgan, n'est pas confronté pour la première fois aux forces démoniaques. En effet, le comédien a déjà participé à de nombreuses chasses aux créatures monstrueuses et aux démons dans la série TV Supernatural. Morgan campait John Winchester, père des deux héros de la série Dean et Sam Winchester.
Outre Jeffrey Dean Morgan (Clyde Brenek), qui a officié dans les séries TV Supernatural et Grey's Anatomy, l'actrice Kyra Sedgwick (Stéphanie Brenek) vient également du monde de la petite lucarne. La comédienne a tenu le rôle principal de la série The Closer 7 saisons durant.
Le rôle de l'Exorciste Tzadok est tenu par l'artiste de reggae Matisyahu. De confession juive, le comédien a été membre de la communauté hassidique de New-York. Son nom hébreu signifie "Don de Dieu". Il s'agit de son premier rôle au cinéma : "Parfois, le casting est affaire d'intuition. Matis est très attaché à sa religion. Il n'avait jamais tourné, n'avait pas le timing d'un acteur chevronné, mais il possédait un puissant charisme. Son côté décalé, un peu étrange, s'accordait à ceux de Tzadok, qui vient lui aussi d'un monde très éloigné de la famille Brenek", déclare Ole Bornedal. "Il n'a pas été choisi pour un quelconque effet de choc. J'ai trouvé qu'il collait avec le film, et je me suis battu pour lui. Ole voulait rénover la vision traditionnelle du vieux rabbin sentencieux. Matis en est l'antithèse, et pourtant nul ne peut contester la sincérité de sa foi. Son interprétation était tellement authentique et originale qu'elle a changé l'idée que je me faisais d'un exorciste", enchérit Sam Raimi.
De nombreux films d'horreur prennent leurs sources sur des faits réels. Parmi les plus connus, on peut citer L' Exorciste, Amityville, la maison du diable ou La Colline a des yeux. La possession démoniaque revient à la mode depuis quelques années avec les sorties de L' Exorcisme d'Emily Rose (2005), Le Dernier exorcisme (2010), Le Rite (2011) ou The Devil Inside (2012).
Ole Bornedal a demandé aux jeunes actrices auditionnant pour le rôle de Em de mimer la possession démoniaque : "C'est durant l'une de ces séances que Natasha Calis a fondu en larmes. Elle a improvisé des émotions profondément ressenties, semblables à celles d'une petite fille réellement possédée. Ce fut un des moments les plus bouleversants de ma carrière. Nous étions tous en larmes, nous n'avions jamais rien vu d'équivalent. Et c'est ce que Natasha a apporté au film. Elle n'a pas simplement mimé la possession, elle a exprimé la profonde détresse d'un être qui se voit céder à une force irrésistible", révèle le metteur en scène". Elle m'a ébloui plus d'une fois. Le film reposait tout entier sur sa crédibilité. Jouer la possession est une épreuve pour tout acteur, jeune ou chevronné. Natasha possède un talent exceptionnel", ajoute Jeffrey Dean Morgan.
Comme certains tournages de films de genre réputés maudits (L'Exorciste, Poltergeist...), Possédée a eu son lot de mésaventures inquiétantes. Par exemple, de nombreuses ampoules de projecteurs explosaient pile pendant le tournage des scènes ; un incendie s'est même déclaré de manière inexpliquée dans l'entrepôt de stockage des accessoires. De quoi donner quelques frissons d'angoisse aux futures équipes de tournage qui s'attaqueront à un projet de ce genre.
L'équipe du film a tourné la grande scène d'exorcisme dans un ancien asile psychiatrique, le Riverview Mental Institution. Ce bâtiment construit en 1913 a été fermé en 1983. Cette institution a été le théâtre de traitements cruels envers les patients : "Son ambiance est pour le moins étrange. On sent roder des esprits dans ces lieux sans vie, et je pense que nos sens furent exacerbés, au point que certains membres de l'équipe refusèrent de pénétrer dans les chambres qui leur semblaient particulièrement inquiétantes", confie Terry Mackay, le régisseur d'extérieurs. "Rien n'aurait pu être plus stimulant que de tourner la scène clé dans ce lieu réputé hanté. Cela ajouta immensément à l'impact de l'épisode", ajoute la scénariste Juliet Snowden.
Parmi les manifestations inquiétantes liées à la boîte de Dybbuk, il a été rapporté par les anciens propriétaires une invasion d'insectes tous plus écœurants les uns que les autres. Le cinéaste Ole Bornedal s'est servi de ce fait étrange et l'a transposé dans Possédée en choisissant comme insecte la mite : "Les mites ont précédé la plupart des insectes et sont plus dérangeantes que beaucoup à mes yeux. Leurs battements d'ailes si étranges, leurs frôlements inattendus sur votre peau… tout répugne et éveille la crainte", affirme le metteur en scène. A noter que les mites utilisées lors du tournage sont toutes réelles et qu'il a fallu faire appel à un "régisseur mites" mandaté exprès pour s'occuper de ces charmants insectes grouillants.