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    Fronteras
    Anecdotes, potins, actus, voire secrets inavouables autour de "Fronteras" et de son tournage !

    Deux sujets

    Fronteras traite de deux thématiques : les relations des classes moyennes paupérisées des banlieues espagnoles avec ces nouveaux migrants venus d’Afrique du Nord d'une part, et l'homosexualité de l'autre. Le metteur en scène Mikel Rueda raconte :

    "Fronteras est l’histoire d’une rencontre entre deux garçons de 15 ans. Ils se trouvent à une période particulière de leurs vies où ils sont un peu perdus, chacun en quête d’identité. J’avais envie de réunir dans un même film ces deux thèmes qui m’intéressaient : l’immigration et l’homosexualité. Ceux-ci naissent de deux réalités bien différentes pour moi, mais qui sont des réalités parallèles, qui se vivent en marge, en cachette. Dans le monde contemporain, on se persuade que tout va très bien alors qu’il existe des réalités que l’on préfère ignorer pour éviter qu’elles entachent notre propre vie. Je voulais réunir ces deux mondes parce que dans la forme ils vont dans la même direction. Par exemple la ville, très bruyante, où tout va vite, et qui laisse en retrait tous ces endroits de banlieues, plus calmes, plus proches de la nature, mais qui sont tout aussi beaux et romantiques. Ces endroits sont peut-être laissés à l’abandon mais des gens s’y retrouvent, y vivent, et il s’y passe finalement énormément de choses."

    Acteurs non-professionnels

    Dans un souci d'authenticité, Mikel Rueda a choisi de jeunes acteurs non-professionnels. Pour les trouver, le cinéaste a interviewé plus de 4 500 jeunes dans toute l’Espagne. Il se rappelle : "Il nous fallait trouver ce regard et cette sensibilité dont nous avions besoin pour le film. De plus, à cet âge les jeunes sont en pleine construction identitaire, ils ne savent pas qui ils sont vraiment. Il a donc fallu envisager la difficulté de proposer le rôle d’un gay à ces jeunes, car cela n’est pas forcément facile à assumer à leur âge, même si ce n’est que pour un rôle. Seul un jeune avec une certaine maturité pouvait comprendre ce dont j’avais besoin. Et nous sommes tombés sur Germán (Rafa) et Adil (Ibrahim). Reste évidemment que ceux-ci ne sont pas acteurs et n’en ont pas la technique, ils ne savent pas mentir."

    Improvisation

    Le scénario de base était plutôt un guide, dont Mikel Rueda connaissait l'essence des séquences. L'improvisation était ainsi de mise pendant le tournage, ce qui a été facilité par le fait que les acteurs choisis l'ont été en fonction de leur ressemblance avec leur personnage. "Je pouvais les amener où je voulais car j’étais conscient de leur sensibilité. Je les mettais donc en situation, je leur demandais comment ils réagiraient dans une situation donnée, puis on jouait, on improvisait, et la vérité apparaissait", confie le réalisateur.

    Cinéma politique

    Si les films traitant des phénomènes de migrations en Espagne sont nombreux, Mikel Rueda n'avait pas de référence en tête pour réaliser Fronteras. Il s'agit cependant d'un sujet qui l'intéresse tout particulièrement et selon le cinéaste le cinéma doit aborder ce genre de thématiques. Il explique :

    "Le cinéma est politique, et tout est politique, même le fait de répondre à vos questions. C’est un medium qui est une manière de raconter et de refléter ce que nous sommes en train de vivre à chaque moment : pour moi le cinéma c’est cela. La migration, je devais en parler, ça fait partie de ma vie. Je croise des immigrés dans mon quartier, et je ne sais pas si je les reverrai le lendemain car il est possible qu’ils soient expulsés. Je ne pouvais pas ne pas parler de ce sujet."

    Problème de confiance

    Si la relation de confiance entre le réalisateur et ses comédiens était présente, les choses étaient plus compliquées avec les parents de ses derniers. Ainsi, la mère de Germán Alcarazu n'avait pas confiance en Mikel Rueda et voulait même changer le scénario ! Il se souvient :

    "Après la projection, elle m’a pris dans ses bras pour s’excuser de tout ce qu’elle avait pu me dire et m’a même laissé une magnifique lettre de remerciements à la réception. Avec le père de Germán, il m’est arrivé quelque chose de très beau. À la fête de fin de tournage, il s’est approché de moi et m’a dit : « Je sais que Germán te raconte des choses qu’il ne me racontera jamais. Je suis très heureux que ce soit avec toi qu’il le fasse. Tu es plus proche de sa génération que moi, certes, mais justement je suis content que ce soit toi qu’il ait choisi pour ce genre de confidences ». C’est un peu comme un père qui vous dirait : « Je sais qu’à un moment donné il va s’éloigner de moi, mais je sais que toi tu vas pouvoir l’accompagner dans ce chemin où moi je ne serai plus aussi présent, peut-être parce qu’il y a une différence générationnelle ». J’ai été très ému par cette confiance que le père m’a accordée dans la relation que j’avais avec son fils."

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