Il est définitivement très beau de voir Monsieur Francis Ford Coppola, 73 ans, derrière lui la trilogie sans doute la plus emblématique que le cinéma a fait et une pléiade d'autres monuments, faire ce si grand petit film ci, revenir à ses premiers amours perdus le temps d'un film drôle et étrange, qui ne se prend jamais au sérieux, sur ce qui s'est envolé à jamais. Coppola le peut, et le fait : sans soussous ou presque, il fait de son Twixt ce qui s'appelle une merveille, et s'autorise tout : grotesque, ridicule, premier, second, sixième degrés, décrochages, ruptures de style, de ton, couleurs vives qui explosent, changement d'univers en une dizaine de secondes, d'intrigues et de propos. Twixt ne pourrait être que le délire d'un vieux gâteux à qui le plaisir manque, si la plus belle des questions d'un artiste ne venait s'y poser la, tout près : cette question de la beauté tragique, de la tragédie de la beauté, de ces rêves inquiétants qui scrutent tapis dans l'ombre la silhouette des artistes que la réalité bloque, cette question si belle et si étrangement posée, cette question que n'a pas finit et ne finira jamais de se poursuivre, de films en films, d'esprits en esprits, de poètes en poètes, de fantômes en fantômes. Twixt, œuvre imparfaite, celle d'un père en deuil doublé de l'artiste qui a peur, à tout d'un objet de cinéma qui ne plaira pas à tout le monde, c'est de là que sort tout sa beauté, son désespoir, son inquiétude polie.