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    La main du papillon (Mafrouza 4)
    Anecdotes, potins, actus, voire secrets inavouables autour de "La main du papillon (Mafrouza 4)" et de son tournage !

    Festivals

    L'intégralité du cycle Mafrouza a été présentée dans différents festivals (Festival International du Film de Locarno, Etats Généraux du Documentaire de Lussas, Ecrans Documentaires d'Arcueil, BAFICI, Mostra de São Paulo...). Les volets séparés ont eux été présentés dans les festivals suivants : FID (Marseille), Forum du Nouveau Cinéma (Berlinale), Escales Documentaires (La Rochelle), Festival d’Automne (Jeu de Paume à Paris) - International Film Festival (Göteborg), Rencontres de Cinéma (Manosque), Visions du Réel (Nyon), Dokfest (Munich), Viennale (Vienne), Forumdoc (Belo Horizonte), Mostra Internacional do Filme Ethnografica (Rio de Janeiro), Festival du Cinéma d'auteur (Rabat), Entrevues (Belfort) , Indépendances et Création (Auch) et le Festival du Cinéma Arabe (Montreal).

    Le dernier volet du cycle, Paraboles, a obtenu le Léopard d'Or des Cinéastes du Présent au Festival de Locarno en 2010 et la mention spéciale au Festival Jean Rouch à Paris.

    Un film qui aide à vivre autant que le thé

    Emmanuelle Demoris se souvient d'une conversation, qui selon elle résume l'entreprise Mafrouza : "Un matin, dans son épicerie, Mohamed Khattab me demanda ce que le film allait apporter aux spectateurs, et, plus précisément, s’il allait aider les gens à vivre. "Comme quoi, par exemple ?" lui dis-je. "Comme le thé. dit-il. Le thé m’aide à vivre. Il me permet d’inviter les gens à boire du thé. Ils entrent, on discute, on passe un moment ensemble. Ça m’aide à vivre. La télévision, aussi, quand je suis seul le soir au magasin. Et ma femme, surtout ma femme, elle m’aide beaucoup, beaucoup, à vivre. Ton film sera comme ça ?". Sa question contient pour moi une réponse, en tout cas une formulation assez juste du but de toute cette affaire."

    Un "autre" cinéma

    Selon Jean Gruault, il était essentiel que le public puisse découvrir une oeuvre aussi atypique, quitte à devoir produire le film lui-même : "Il m'a paru essentiel que Mafrouza existe, puisse être vu et proposé au public, en salles ou en DVD. Et c’est ainsi que, pour disposer de l'aire de liberté qu'exigeait notre travail, j’ai pris, en 2006, la décision d'investir en fonds propres et de créer Les Films de la Villa, en somme l'aboutissement naturel de ma contribution en tant que scénariste, à l'émergence d'un cinéma "autre"."

    Caméra

    Dans Mafrouza, la caméra est un interlocuteur, comme l'explique la réalisatrice : "Cette présence de la caméra n'est pas le centre du film, mais elle lui a donné sa tonalité. Elle a ouvert un espace où il était possible d'aller très loin dans l'intimité, naturelle et familière, mais où dans le même temps la conscience du filmage et de la représentation redonnait la distance du jeu, parfois jusqu'à une sacralité quasi-théâtrale de la situation."

    Etroite collaboration

    Emmanuelle Demoris souhaitait faire un film en étroite collaboration avec les habitants, pour être au plus près de leur vies, tout en évitant les clichés : "L'idée n'était pas de faire un film "sur" le quartier mais de traiter ces interrogations "avec" ce petit groupe de personnes, en partant de ce que nous avons en commun et non de nos différences. La question était de trouver comment filmer dans ce quartier en échappant aux généralisations, identitaires ou civilisationnelles. Le 11 septembre venait d'avoir lieu. Ce n'était pas simple. Mais avec ces quelques personnes de Mafrouza, nous étions d'accord sur ces points de départ."

    Entre fiction et réalité

    Bien que Mafrouza soit un documentaire, certaines scènes sont dramatisées, créant un lien étroit entre la fiction et le réel. "La rencontre et le film ont aussi fait événement pour les personnes filmées, ce qui les a amenées à accomplir des actes ou à provoquer de manière très consciente des situations pour eux inhabituelles et dont on peut dire que, s'éloignant du quotidien (documentaire), elles finissent par tendre vers la fiction. Quand Om Bassiouni fait du pain, la scène devient le théâtre de sa rage face au monde qui l'entoure. Quand Adel raconte sa vie conjugale, sa parole se fait récitation poétique. Cette façon qu'ont eue les "acteurs" de proposer du sens à travers des représentations éloignées de leurs habitudes donnait aux scènes leur densité singulière, questionnant au passage la limite entre documentaire et fiction", raconte Emmanuelle Demoris.

    Une durée nécessaire

    Le tournage de Mafrouza a duré 5 ans et les cinq films combinés durent une douzaine d'heures. Le cycle Mafrouza est donc celui du temps long, quelque chose d'essentiel selon la réalisatrice : "Tout cela a pris du temps, et exige aussi la durée à l'intérieur même du film. Le temps nécessaire pour voir la complexité de cet univers sans l'écraser par un message ou une grille de lecture. Sans dénonciation ni idéalisation ou bonne image. Pour voir les personnes et non pas un groupe ou une communauté. Pour nettoyer notre esprit des clichés souvent inconscients qui brouillent le regard. Pour saisir l'hétérogénéité de ce quartier imprévisible et contradictoire qui fondait sa liberté. Et pour ainsi proposer un regard de cinéma qui puisse montrer la complexité du monde."

    Un producteur de prestige

    Le producteur de Mafrouza n'est autre que Jean Gruault. Scénariste de renom, il a particpé à l'écriture de très nombreux scénarios, dont Paris nous appartient, Jules et Jim, L'Enfant sauvage, L'Histoire d'Adèle H, Les Carabiniers, La Prise du pouvoir par Louis XIV, Mon Oncle d'Amérique, La Vie est un roman...

    Découverte

    Emmanuelle Demoris a découvert le quartier de Marfouza et ses habitants, lors du tournage d'un documentaire archéologique. Une découverte marquante, qui l'a inspirée : "J'avais découvert Mafrouza et sa nécropole à l'occasion d'un voyage d'enquête pour un film sur le rapport des vivants et des morts. Filmant les vestiges archéologiques, j'avais rencontré plusieurs personnes du quartier, parlé avec eux de l'au-delà et de l'ici-bas. Cette rencontre a été une expérience marquante. J’ai rarement vu des personnes dont je dirais qu’elles résistent pareillement à la peur et à la tristesse. Et cette chaleur humaine tenait à leur liberté de pensée et d'expression, à leur capacité d'exprimer les sentiments, et aussi à leur constante attention à l'autre. C'est pour cela que j'ai décidé d'y consacrer un film et pour cela que j'y suis retournée, pour y filmer pendant deux ans (non plus les morts mais les vivants de Mafrouza)."

    Un quartier

    Mafrouza est un quartier informel d'Alexandrie, construit sur les vestiges d'une nécropole gréco-romaine. Ses habitants le surnomment "le rocher". Dix mille personnes y habitaient, la plupart venues de Haute-Egypte pour trouver du travail à Alexandrie. En 2007, le quartier a été rasé : les habitants ont alors été relogés dans une cité HLM (de son nom Moubarak) à une quinzaine de kilomètres du centre ville d'Alexandrie.

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