Je poursuis mes investigations dans le cinéma d’horreur récent (plus récent) avec Madness, métrage suédois peu connu, indépendant… très indépendant !
En fait, on est quasiment dans l’horreur underground faite avec trois bouts de ficelle, photoshop et une bande de potes (enfin, je crois !). Ma note prend en compte cette dimension très artisanale du film. Elle apparaît à l’évidence dans ces éclats de balles sur les murs (petites étincelles rajoutées en numérique et pas crédibles du tout !), dans ces raccords hasardeux (la scène Massacre à la tronçonneuse où on sent que les acteurs ont fait les cascades eux-mêmes avec la tronço active et qu’il fallait éviter les risques au max !), dans ces décors réduits à une cabane et la pompe à essence du papa ou de grand-papa (où juste une vieille pompe abandonnée !). Le film n’a pas de budget, et il y a des lacunes très nettes qui le prouvent.
Cela étant, ce n’est pas infâme. La réalisation a des ratées, mais il y a aussi des réussites, notamment les meurtres plutôt pas mauvais (le premier, très sympa par exemple). Les décors sont sans surprise et assez quelconques, mais ne déméritent pas face à la concurrence du genre Détour mortel (référence manifeste du film). La photographie est correcte aussi, et le film choisissant le jour et non la nuit tout est lisible. Enfin, les effets horrifiques tiennent la route (même si le métrage reste finalement plus sobre que ce que j’attendais). A souligner à mon sens le gros point fort du film : sa bande son. Elle est très convaincante et instaure une ambiance ambiguë (qui au début pourra faire penser que le film est plus orienté comédie).
A ce sujet, Madness n’a pas trop su choisir son style. Comédie ou horreur ? Ou les deux. A mon sens, le film est plutôt sérieux, mais de petites choses font parfois douter et semblent mal intégrées du coup. Ca déboulonne parfois des scènes de tension, et j’avoue avoir été embêté de cette hésitation trop visible. Quand on choisit les deux axes, il faut vraiment qu’ils soient en équilibre sinon l’un gêne l’efficacité de l’autre. Par ailleurs, le scénario reste la faiblesse de Madness. Très inspiré par Détour mortel, trop même, il arrive à introduire des personnages touchants et propose quelques passages décapants, mais l’histoire est déjà vu. Dans un style similaire mais avec une vraie singularité j’ai préféré Small Town Folk, qui offrait une patte, une singularité, alors qu’ici le réalisateur n’arrive pas à s’affranchir de ses références.
Le casting est heureusement meilleur que prévu. Bon, à part le héros franchement fadasse, le reste ça tient la route. Des méchants bien dingues et plus « crédibles » je trouve que dans Détour mortel, des victimes avec des personnages plus épais que prévus, j’ai plutôt été convaincu.
En clair, Madness est un métrage à deux francs six sous que je résumerai ainsi : un film de fan du genre, réalisé par un fan avec un certain talent mais pas affranchi de ses modèles. C’est à mon avis un bon film d’école, pour par exemple montrer ce qu’on sait faire. Un exercice qui reste classique, mais que j’ai trouvé honorable et divertissant malgré tout, avec des qualités et des défauts qui restent à peu près équilibrés. 2.5, en tenant compte du budget.