Tout comme l’ont fait Kevin Costner et Sean Connery dans Les Incorruptibles pour traquer Al Capone (Robert De Niro), Josh Brolin et Ryan Gosling le font dans Gangster Squad pour traquer Mickey Cohen (Sean Penn) : monter une équipe de bras cassés pour lutter contre la pègre locale, à leurs manières. Ainsi, dans un contexte sombre et violent, rapidement exposé à travers une introduction des plus sérieuses, c’est une véritable lutte contre le système qui se met en place, une figure d’opposition face au règne d’un parrain intransigeant et sans pitié, qui mène sa ville à la baguette. Inspiré d’une histoire vraie, le métrage de Ruben Fleischer ne fait pas dans la dentelle et ne se contente pas de retranscrire les faits, il nous les fait vivre. Armés de mitraillettes et de dynamite, la Gangster Squad tente tant bien que mal de faire régner la justice, au prix de pertes humaines et identitaires, et qui, comble de réalisme, débute sur une bien mauvaise passe. Côté casting, pour rivaliser avec un impressionnant Sean Penn, les jeunes Ryan Gosling et Josh Brolin font appel à l’expérience de Robert Patrick, au génie de Giovanni Ribisi et aux talents du tandem Anthony Mackie / Michael Pena. Menés par un Nick Nolte que l’on ne voit que trop peu, et motivés par la présence divinement sexy d’une Emma Stone couleur feu, c’est une équipe clichée, certes, mais sans complexe, qui s’assume et surgit, qui attaque et mitraille, au moindre doute. Ajoutons à la recette une bande-sonore efficace et une photographie illuminant Los Angeles de plein feu pour corrompre un scénario déjà révélateur de travail. Un beau tableau qui brille de ses plus belles couleurs que seule une fin trop téléphonée viendra entacher et gâcher un spectacle jusque-là réussi. Trop héroïque et tourné de manière à faire du héros un surhomme, la pellicule prend l’eau et sonne le glas du show sensationnel et novateur auquel l’on prenait part. Ce qui ne fait que confirmer l’expression selon laquelle « toutes les bonnes choses ont une fin ». L’humour trop persistant est également à ranger du côté des points négatifs car, même s’il n’est pas mauvais en soi, ne fera qu’engendrer une perte d’identité, et alors compléter les handicaps de Gangster Squad. Mais, en dépit du préjudice de saboter une fin promise à meilleure augure, ce qu’il faut retenir, c’est avant tout l’audace de Fleischer de servir une œuvre complète et lourde de sens, où les cinéphiles aguerris risquent de se complaire. C’est une version courte et épurée de ce que réalise Boardwalk Empire.