Après avoir été retiré des salles américaines et sa sortie française automnale repoussée au 6 février 2013, Gangster Squad aura fait couler beaucoup d’encre dans les magasines cinéma. Remettant sur le devant de la scène la violence dans les films comme sujet de débat. Pour ceux qui l’aurait oublié ou bien passé à côté, ce film de Ruben Fleischer (réalisateur de Bienvenue à Zombieland) possédait une séquence (une fusillade dans un cinéma) qui rappelait fortement le massacre fait durant l’avant-première de The Dark Knight Rises. Du coup, le film à dû être retourné (du moins, que cette scène), reportant ainsi sa sortie en salles. Plusieurs mois se sont écoulés et Gangster Squad sort enfin !
À Los Angeles, en 1949, le parrain Mickey Cohen règne en maître sur toute la ville et la mafia. Alors qu'il contrôle déjà le trafic de drogue, des armes et des prostituées, il tente de diriger tous les paris de Los Angeles jusqu'à l’ouest de Chicago. Pour cela, il peut compter sur l'aide de ses nombreux hommes de main, mais également sur celle de la police et des hommes politiques corrompus. Seule une brigade officieuse du LAPD, dirigée par John O’Mara et Jerry Wooters, va tenter de détruire l’empire de Cohen…
Les spectateurs qui ne posséderaient pas une grande culture cinématographique verraient dans Gangster Squad une simple histoire de gentils flics devant jouer les méchants pour battre les véritables méchants. Point ! Même si le scénario introduit ici est là une histoire d’amour et de famille pour tenter de donner du corps à l’ensemble, cela ne suffit pas à faire en sorte d’avoir un script travaillé comme il se doit. Surtout que les personnages qui ne sont présentés ne sont que de purs archétypes du genre ! Et pour ceux qui se disent cinéphiles, Gangster Squad n’est en réalité qu’une relecture moderne du mythique Les Incorruptibles (de Brian De Palma), empruntant à ce dernier bon nombres de sujets (corruption, sens du devoir et de la justice, la famille), allant même jusqu’à faire des références (le personnage de Mickey Cohen, avec ces histoires et exécutions, rappelle un certain Al Capone joué par Robert De Niro). Quoiqu’il en soit, que l’on soit un mordu ou pas de cinéma, que l’on connaisse Les Incorruptibles ou non, Gangster Squad manque d’originalité, usant des clichés du genre à fond ! Et pourtant, on se laisse entraîner dans cette histoire malgré tout. Notamment grâce à un second degré étonnant (le casse loupé du casino en est l’exemple le plus flagrant) qui fait mouche, une écriture complètement décontractée qui n’a pas peur des vulgarités et séquences d’une violence (un peu trop) gratuite (écartèlement, exécution à la perceuse...) et des personnages attachants et charismatiques. Sans oublier le fait qu’avec tut cela, l’histoire tient incroyablement la route, arrivant à ne pas nous perdre une seule seconde ! Du coup, le manque d’originalité devient un défaut plutôt mineur !
Ce qui pouvait attiré dans Gangster Squad, ce n’est pas forcément son côté hommage et modernisation des films du genre. Je dirais plutôt que c’est le casting qui se montre le plus accrocheur sur le papier. En effet, on ne pouvait rêver mieux d’un long-métrage de mafieux d’époque qui réunit Josh Brolin, Ryan Gosling, Sean Penn, Emma Stone, Giovanni Ribisi, Robert Patrick, Michael Peña et Nick Nolte comme interprètes ! Et, encore mieux, tous, sans exception, s’en sort avec les honneurs ! D’accord, on pourrait critiquer un peu Sean Penn qui peut en faire des tonnes par moments. Mais je trouve que ce rendu est causé par sa VF habituelle, qui trouve ici ses limites et lui fait perdre en crédibilité quand son personnage s’énerve. Mais franchement, il n’y a rien à redire ! Car tous s’attèlent à donner du charme à son rôle respectif, même si celui-ci n’est que secondaire. Du coup, nous nous retrouvons avec une « gangster squad » mémorable, les personnages devenant ainsi une références des clichés cités plus haut.
Mais ce que l’on retiendra le plus de Gangster Squad, c’est son incroyable générosité ! Au-delà de la reconstitution des années 40-50 avec décors hauts en couleurs, accessoires d’époque et ambiance digne des plus grands films du genre, la mise en scène de Ruben Fleischer est un véritable délice ! D’une part parce qu’il arrive à moderniser au possible un genre qui existe depuis longtemps dans le monde du cinéma, usant de ralentis somptueux, d’effets spéciaux bien menés et d’une atmosphère presque décalée. Donnant au film par moment l’air d’une bande dessinée. Mais aussi, et c’est là le plus important, Fleischer est arrivé à nous livrer un divertissement, un vrai ! Ça canarde à tout va, ça se bastonne, ça se poursuit en voiture avec cascade à gogo... Si Gangster Squad en a oublié l’originalité, il reste cependant un modèle d’efficacité. Un véritable défouloir ! Une protection 100% résistante contre l’ennui le plus mortel !
Bref, Gangster Squad, c’est Les Incorruptibles. La finesse, la subtilité et le savoir-faire de De Palma en moins. Mais fort heureusement, le film de Fleischer reste un blockbuster de très, très grande qualité, généreux en adrénaline et sensations fortes. C’est bien joué, pas ennuyeux du tout, accrocheur, mémorable... Que demander de plus ? Une note peut-être excessive mais qui pour moi convient parfaitement à un divertissement qui en vaut vraiment la chandelle !