Los Angeles, 1949. La ville est menée au cordeau par l'ambitieux et impitoyable parrain de la pègre Mickey Cohen, utilisant ses gains mal acquis du trafic d’héroïne et du développement de ses tripots pour corrompre la flicaille du comté ainsi que les hauts politiciens. Un homme, John O’Mara, apparemment seul policier intègre de son département, souhaite faire son vrai boulot et compte mettre fin au règne de Mickey Cohen. Sous l’ordre du chef de police Bill Parker, O’Mara constitue une brigade de quelques hommes pour faire barrage à cette mainmise, mais leurs actions ne seront pas sans risques…
Le scénario, reposant sur des bases simples, s’avère majoritairement prévisible et n’offre malheureusement au spectateur aucune originalité. De plus, les répliques, bien que dans l’ensemble véritablement soignées, semblent toutes être tirées de films du genre et manquent cruellement de vergogne. On pourrait comparer ces dialogues à ceux de l’excellent Django Unchained de Tarantino, et observer que ce dernier opte pour un dialogue efficace par leur contenu tout en affectant une certaine poésie, tandis que Ruben Fleischer a ici mis en avant la sonorité de la langue et omet par conséquent le but premier des dialogues : faire avancer le récit.
Toutefois, le film puise sa force dans une photographie irréprochable au travers d’une excellente reconstitution de l’ambiance des années 1950, à la fois sur le plan vestimentaire ou architectural que sur le plan musical, ainsi que dans un casting de haut rang mettant en avant un Josh Brolin efficace en John O’Mara, mais dont la personnalité est trop peu développée et s’enferme finalement dans un cliché du genre : le flic intègre voulant mettre fin au joug illégal d’un homme de Mal et punir la corruption que ce dernier a engendré. Sean Penn quant à lui, incarnant le terrible Mickey Cohen, intrigue par un jeu tantôt crédible et tantôt surjoué, laissant ainsi un caractère énigmatique à son personnage. En effet, ce dirigeant de la pègre est dépeint avec un égo démesuré, déclarant lui-même être l’avenir, le progrès ; et comme un véritable méchant de cinéma qu’on s’empresse d’adorer, mais l’acteur ne semble pas s’épanouir dans ce rôle et se contente finalement d’un jeu relativement inégal. Quant à la pléiade d’acteurs participant aussi à l’aventure (Ryan Gosling, Emma Stone, Nick Nolte…), leurs rôles semblent avoir été faits sur mesure et l’on ne saurait contester la crédibilité de chacun.
Fort heureusement, le rythme du film s’avère être un de ses atouts majeurs. Le dosage action/enquête/romance est extrêmement bien équilibré, et l’ennui ne se fait pas sentir un seul instant. Le spectacle est finalement divertissant et dans l’ensemble bien mené, mais la crédibilité du tout ploie toutefois sous un manichéisme effarant et une surenchère de stéréotypes mettant à mal le soin porté à la qualité de l’image.