Le jour où je l'ai rencontrée s'orchestre autour d'un duo aux relations ambigües. George Zinavoy (Freddie Highmore) d'un côté, Sally Howe (Emma Roberts) de l'autre. Ce duo absorbe littéralement l'écran au point d'éclipser l'importance des rôles secondaires, ce qui est un mal pour un bien, ou inversement... À bien des égards le premier film de Gavin Wiesen patauge : Un scénario prévisible et peu inspiré, et une réalisation qui tâtonne, qui se cherche sans se trouver. Et c'est pourtant ce côté incertain qui confère au film un léger brin de fraîcheur, nettement valorisé par la prestation des acteurs. Curieusement donc, en traitant cette romance adolescente avec des moufles d'adolescent, une certaine cohérence s'en dégage, qui est en elle-même plutôt agréable.
L'histoire est simple, un lycéen mystérieux, solitaire et sensible, qui se met à fréquenter une lycéenne somme toute normale, si ce n'est qu'elle est magnifique. Le lien qui se crée entre eux leur devient vital. Ils ont tous deux besoin de cette rencontre, de cette découverte d'autrui, de ce nouvel univers dans lequel ils trouvent un échappatoire à leur quotidien. Pour lui, pessimiste à toute heure, ce sera une gaieté soudaine, et une nouvelle source de motivations. Pour elle ce sera le désir de rencontrer quelqu'un d'atypique, qui la fasse se sentir différente. Ce qui est intéressant c'est que tout se situe dans le non-dit, jamais leurs conversations n'expriment véritablement ces sentiments mais ils se devinent sans problème. C'est là que le rôle des acteurs intervient : Ils arrivent, de par leur complicité, à transmettre ces ressentis, à dévoiler par des gestes ou des regards ce qu'ils ne peuvent pas dévoiler par des mots.
L'ensemble du long-métrage va donc consister à faire évoluer cette relation, en jouant sur la différence entre les deux personnages pour garder ce gêne constant, cette ambiguïté dans les rapports et cette maladresse adolescente que j'évoquais, qui s'avère plutôt touchante. Le personnage de George, qui fait plus jeune que son âge, qui est drôle sans le vouloir et qui se renferme sur lui-même, est très sympathique. On a envie de l'épauler, de l'aider, et on découvre sa tranche de vie avec beaucoup d'empathie. Artiste démotivé, sa vision du monde s'avère certes un peu cliché mais amusante, et son rapport avec tout ce qui est de l'ordre de l'autorité supérieure (institution scolaire, parents) oscille entre le culot et le réalisme, pour notre plus grand plaisir. C'est quelqu'un qui est dans son univers, avec ses propres règles, ses propres idéaux, et qui ne laisse personne venir en perturber l'équilibre. C'est à partir de cet univers que va se développer sa relation avec Sally : Ils créent à eux deux une espèce de bulle intemporelle, sans se soucier du reste mais en profitant de l'instant présent, des moments partagés, sans se poser trop de questions. Mais bien entendu, les questions finissent par arriver, l'univers finit par être perturbé et ensuite ce n'est plus qu'une question de choix...
Ce qui est vraiment intéressant dans ce film c'est la découverte, l'ambiguïté, le non-dit, le sous-entendu et toutes ces composantes relatives à une rencontre. Des tumultes se créent à partir de tous ces éléments, mis en valeur par une réalisation pleine d'incertitude. La toile de fond n'importe pas vraiment, il y a certes quelques intrigues secondaires mais elles n'ont pas de réelle profondeur. Seul compte le cœur de la toile, ce qui est visible, palpable, réel, c'est-à-dire l'essentiel. Et jamais le film n'aurait pu engendrer une telle sympathie en moi sans la présence de Freddie Highmore et d'Emma Roberts, qui font vivre cette romance et cette rencontre avec beaucoup de sincérité, au point de nous faire oublier les défauts et de nous faire passer un moment de cinéma rafraîchissant.