A l’heure où les comédies se suivent et se ressemblent, parfois pour le meilleur et bien souvent pour le pire, difficile de ne pas être intrigué par le comeback de piliers du genre. Et pas n’importe lesquels, les Monty Python ! A titre personnel, Sacré Graal doit être le film devant lequel j’ai le plus ri de toute ma vie grâce à son humour irrésistiblement absurde et surprenant. Toutefois, si le synopsis d’Absolutely Anything pouvait laisser croire que nous aurions le droit à un nouveau film déjanté, il y avait matière à émettre des doutes quant à la qualité du projet. Les exemples de comeback ratés sont légion et parfois, l’obstination, ça ne mène à rien de bon. Triste constat que l’on peut d’ores et déjà émettre sur ce film absolutely disappointing…
Comme je l’ai dit précédemment, le synopsis pouvait donner lieu à quelque chose de décalé bien que la base ne soit pas foncièrement originale. En effet, difficile de ne pas se remémorer le scénario de Bruce Tout-Puissant avec cette histoire de mec banal qui devient l’équivalent d’un Dieu pendant une durée limitée. Bon… Déjà ce film n’était pas forcément top avec son humour aseptisé, sa romanche nunuche et sa morale américaine puritaine bien que l’énergie de Jim Carrey le sauvait du naufrage. Mais avec une bonne écriture, il y a toujours moyen de sublimer un scénario. Et vu que les Monty Python sont impliqués dans le projet, on pouvait vraiment espérer quelque chose de bien. Que nenni ici, c’est juste le même film, tout aussi gentillet et paresseux. Et ce déficit en termes d’idées originales et osées s’avère sérieusement gênant.
Le principal défaut d’Absolutely Anything c’est finalement ça, d’être cousu de fil blanc avec des personnages clichés au possible et d’avoir une trajectoire totalement prévisible. Et comme je le dis souvent, une comédie qui ne surprend pas, c’est une mauvaise comédie. Allez, il y a bien quelques instants qui prêtent à sourire notamment grâce au capital sympathie de Simon Pegg ou encore celui de Robin Williams qui double le chien. Mais c’est bien là le problème. Comme dans Bruce Tout-Puissant, ça se repose quasi uniquement sur les acteurs et ceci sans aucune inventivité au niveau des gags ou encore des dialogues. L’ensemble est incroyablement poussif, ne se résumant finalement qu’à une succession de farces potaches à base d’excréments et de blagues écrites par un élève de primaire. Mais où est donc passé le génie comique de toute la joyeuse clique des Monty Python ?
Sans compter que ce film n’a absolument aucun rythme. Les séquences où Pegg utilise ses pouvoirs, parfois à son insu, sont incessamment entrecoupées par les scènes inintéressantes avec Beckinsale ou les conversations entre les extra-terrestres. Mais on s’en fout ! Quand tu as un pitch comme celui-là, il faut te focaliser sur ce personnage qui a ce pouvoir divin et non les états d’âme complètement clichés d’une nana harcelée par son ex caricatural. Enfin, à ce niveau d’exagération, ce n’est même plus de la caricature, juste de la mauvaise écriture.
Et les dialogues entre extra-terrestres c’est pareil, c’est d’une pauvreté. Ces passages sont plats, redondants… Pas drôles tout simplement en plus d’être visuellement moches, le design étant juste totalement hideux. Mais mince, ce sont les Monty Python derrière ces créatures, ce sont bien leurs voix, on les reconnaît. Mais aucun mordant, aucun absurde, aucun piquant dans ces dialogues. Rien, des banalités, le néant… Comme la triste sensation de voir des mecs qui n’avaient pas froid aux yeux fut un temps et qui se brident totalement ici, de peur de proposer un humour plus élaboré que la moyenne.
Encore une fois, et j’ai envie de dire malheureusement, on assiste à une comédie qui se repose sur son concept sans jamais l’exploiter et en tirer tout le potentiel comique. Sans compter toutes les tournures totalement idiotes du scénario. Par exemple,
Pegg donne la parole à son chien qui s’avère être bavard, obsédé sexuel et incapable de se taire. La dulcinée de Pegg vient lui rendre visite, la moindre des choses n’était-elle pas d’enlever la parole au chien le temps de sa visite ? Et bien non pas ici, juste histoire de rajouter du « piment » dans cette relation clichée avec la traditionnelle déception de la fille que le héros va tenter de reconquérir.
C’est tellement pathétique d’en arriver à ce niveau de déjà-vu sans aucune cohérence derrière... Comment bien de fois j’ai eu envie de baffer ces personnages avec leurs réactions totalement stupides et à côté de la plaque… Et il en va de même pour la conclusion complètement expédiée et qui arrive comme un cheveu sur la soupe. Non seulement le film est à court d’idées, mais en plus ça manque cruellement de liant.
Nous voilà donc face à une énième déclinaison de la comédie où le personnage principal est un loser à qui il arrive des trucs de fou et qui va tenter de séduire la jolie fille dans son entourage. Un projet sans la moindre once d’originalité qui ne fait qu’emprunter des sentiers battus et qui s’y complaît totalement, sans prendre de risques. Ça me fait franchement mal de le dire vu tous les bonhommes qui me sont infiniment sympathiques impliqués dans le projet, mais c’est mauvais. Ce film est juste mauvais avec un scénario vraiment crétin. Que ce soit en termes de mise en scène, d’écriture et d’idées, il n’y a rien qui vaille franchement la chandelle. Et ce n’est pas ce capital sympathie qui va relever complètement le goût de cette comédie très fade. Il y a des fois où tenter le retour cinématographique coûte que coûte n’en vaut vraiment pas la peine et c’est malheureusement le cas ici. Tellement décevant…