Au pays de l'Oncle Sam, le Film Noir se porte bien : Drive, The Barber ou encore The Killer Inside Me et puis voici venir Killer Joe. Réalisé par un cinéaste oscarisé, un mec qui se fiche des obligations hollywoodiennes, William Friedkin le bien nommé. Au Texas, la famille Smith ressemble plus à des rednecks qu'à notre bon vieux JR Ewing. Chris, le fils, doit de l'argent à Digger, un truand, et s'il ne le paie pas ce sera la mort 'assurée'. Pourtant, l'assurance-vie de sa mère pourrait le sauver. On fait appel à Joe, un flic pas comme les autres qui semble apprécier Dottie, la soeur de Chris...
Avec Killer Joe, Friedkin adapte une pièce de Tracy Letts et s'en prend violemment à la cellule familiale américaine. Les liens sont détruits (mère-enfants), violents (père-enfants, belle-mère-enfants) etc, si bien que dans cet univers réaliste, il n'est pas de vie rêvée. Comment une société peut-elle se dire civilisée lorsque la bestialité, la haine et la peur prennent le pas sur le reste ? Killer Joe n'est pas le film le plus violent que j'ai vu, encore moins le plus subversif mais dans ses portraits précis, il agit comme une claque violente. Le réalisateur de L'Exorciste ne juge pas, il montre sans parti pris, dans un souci presque naturaliste, les conséquences d'une décision funeste sur une famille déjà à terre. La mise en scène, tout en lenteur, en plans intenses et avec des dialogues ciselés parvient à faire monter crescendo une tension manifeste mais feutrée. La distribution est géniale : Matthew McConaughey est un Joe magnétique, Emile Hirsch (Into The Wild) prouve encore qu'il a du talent, Juno Temple (Kaboom) joue l'ingénue avec force conviction, Thomas Haden Church (Easy Girl), en père abruti, est touchant. Mention spéciale à Gina Gershon (Bound) dans un rôle difficile. Tendu. 4/5