Avec Killer Joe, Friedkin nous rappelle avec nostalgie ces films, de plus en plus rares, ou l'intrigue est mise en place, se deroule et est boucle en 1h40. En resume, simple, rapide et efficace.
L'ensemble du film est domine par une ambiance sombre, malsaine et perverse, plongeant le long-metrage dans un genre tragi-comique brillament maitrise. Tout semblant de moral est laisse de cote, et le realisateur prend des risques en choisissant de montrer des situations derangeantes, parfois violentes et toujours sans detours (la scene finale, incluant le poulet et la crise, sont bien explicites et refletent assez bien cette idee). Malgre tout le film fonctionne a merveille, nous embarquant d'emblee dans cette histoire glauque et dramatique sans jamais tomber dans le sentimental. Au contraire, peu d'emotions presentes dans ce film, cependant les acteurs parviennent quand meme a nous donner une belle claque.
Nous avons tout d'abord Matthew McConaughey, qui tient peut-etre ici l'un des roles phares de sa carriere. En enfilant la veste en cuir et le chapeau de Joe, il livre une performance a la fois dejantee et tres maitrisee, qui ne peut qu'epater. En face de lui, Juno Temple, jeune recrue des studios Hollywood, egalement saisissante dans la peau de Dottie. Dure a cerner, a la fois fragile et solide comme du fer, elle assure tout du long. Quand a Emile Hirsch, Thomas Haden Church ou encore Gina Gershon, ils s'en sortent egalement tres bien dans leur role respectifs.
Cote decors, Friedkin a depeint une Amerique peu aisee, pour ne pas dire pauvre, afin de plonger le spectateur dans la situation des protagonistes. On se retrouve ainsi plusieurs fois le long de rails desafectes, de hangars en ruines et autres coins paumes de la campagne, qui ancrent d'avantage le film dans l'ambiance. Il boucle son film comme il l'a commence, c'est-a-dire de facon brutale, sombre et un brin chaotique. Je dois avouer que je ne m'attendais pas du tout a ce final, completement barre et malsain, ou l'on ne verra plus les poulets KFC de la meme facon... Treve de plaisanterie, Friedkin a tape dans le mille avec ce final inattendu.
Le real' de l'Exorciste nous livre donc un film dans un tout autre registre, avec ce Killer Joe detonant et surprenant a souhait. McConaughey est irreprochable, Juno Temple bluffante, et le scenario bien tourne. Une oeuvre qui vaut le detour !