« Je paye pas d’impôts mais je fourre du boudin »
Une directrice artistique au prestigieux institut Cartier d’art contemporain. Un parasite vulgaire et sans emploi. Leurs fils sont potes, il va falloir cohabiter, communiquer et même se supporter. Et surprise, ils finiraient même par s’apprécier…
Le film ne se cache pas derrière son petit doigt, et tout le monde semble savoir pourquoi il est venu. On va donc activer le plus classique des ressorts de la comédie : jouer sur des antagonismes béants, en convoquant pour l’occasion les deux acteurs les plus adaptés pour les incarner, et leur demander d’en faire des tonnes dans leur registre de prédilection. A Isabelle Huppert, donc, les répliques cassantes, les regards hautains et toute la sophistication possible (elle travaille dans l’art contemporain et est mariée à un éditeur, c’est dire si elle est intello..). A Benoit Poelvoordre, les blagues salaces, la grossièreté et le look de prolo pas fini. Sans être pour autant mémorable, la rencontre fait quelques étincelles particulièrement grâce au belge qui n’a pas son équivalent pour débiter des horreurs à la chaîne avec un naturel confondant et garder un sérieux impassible, même quand il balance des âneries plus grosses que lui. Et voir Isabelle Huppert faire le vide autour d’elle en deux temps trois mouvements est toujours très agréable.
Il y a donc un premier film pas déplaisant, où ils vont rentrer en collision et être obligés petit à petit de cohabiter. Mais c’est un peu court jeune homme, et il va falloir tenir la distance, il y a donc aussi un deuxième film qui tente de se faufiler entre les mailles de la comédie pour aborder des sujets plus sérieux : le regard d’un enfant sur ses parents, la crise de la cinquantaine, le démon de midi d’un homme finalement assez seul. Mais tout cela fait office de plâtrage dans un ensemble assez hétérogène, qui finit par empiler de manière assez maladroite les lieux communs. La palme étant attribuée au personnage de Virginie Efira, à la fois caricatural et complètement hors sujet. Et quand les deux inspecteurs psychorigides de la DASS débarquent devant la mère courage de fortune, on a quitté le cinéma pour Julie Lescaut.
Anne Fontaine reste décidemment pour moi une réalisatrice particulièrement difficile à cerner, dont le cinéma précieux et ennuyeux va souvent à l’encontre de tout ce qu’on peut attendre d’un film : de la passion, du rythme, du caractère.