Comme à mon habitude, je n’ai pas lu le synopsis afin de préserver tout effet de surprise. Cela a parfois des inconvénients, mais cela a aussi quelquefois des avantages, comme ici. Avec un titre pareil, il n’est pas très difficile de deviner que nous avons affaire à un film sentimental. Quant à l’affiche, dont le cliché photographique est très joli, elle correspond à l’idée que je m’étais faite quant au genre du film, à savoir une histoire romantico-dramatique. Et à mon avis, elle vient pour le coup compléter le titre. "Je te promets" se base sur l’histoire vraie d’un couple, celles des Carpenter. Monsieur et Madame Carpenter ont raconté leur histoire à travers un livre, intitulé "The vow", signifiant en traduction littérale "Le vœu". On peut regretter que le titre original n’ait pas été gardé, ou qu’il n’ait pas été traduit sous sa traduction pure et simple en français, mais dans le cas qui nous intéresse, ce n’est pas un problème puisque cette promesse, ce vœu, repose sur le discours que le personnage interprété par Channing Tatum fait à sa promise. Le film débute pourtant sur une scène des plus anodines. Un jeune couple sort du cinéma, alors que la neige recouvre de son épais manteau blanc les rues de Chicago. C’est ensuite que tout bascule, sur
un stupide accident qui m’a laissé sans voix, bien que je déplore un trop grand usage du ralenti sur cette séquence. Mais c’est
cette séquence qui m'a surpris et définitivement accroché. La suite ? Je la tairai, pour ne pas vous révéler les événements suivants, bien qu’ils ne réservent pas vraiment de surprises, en dépit du fait que les scénaristes aient pris quelques libertés par rapport à la véritable histoire. Mais ce que je peux vous dire, c’est que Rachel McAdams signe ici une très jolie composition, conforme à celle qu’elle nous avait servi dans "N’oublie jamais" (2004). Je dirai même qu’elle est légèrement au-dessus, avec ce regard tour à tour pétillant, perdu, indécis, empli de doutes, et plein d’étoiles. Quant à Channing Tatum, il ne me surprend pas vraiment puisque je l’ai déjà vu dans un registre romantique à travers "Sexy dance" (2006). Mais ce qui est étonnant chez lui, c’est que malgré son jeune âge, il touche à tous les genres, et il y a fort à parier qu’il va devenir peu à peu un acteur incontournable. Dans "Je te promets", il a su composer une interprétation au niveau de sa partenaire. Son expression scénique est bonne, subjuguée par un langage corporel excellent. Les attitudes parlent d’elles-mêmes, tant et si bien qu’elles n’ont pas forcément besoin d’être accompagnées de mots. C’est parfois le cas. Les silences sont souvent très parlants. Autrement dit, le duo Tatum/McAdams fonctionne très bien à l’écran. L’histoire qui nous est contée aurait pu être un peu plate sans l’intervention des parents de Paige. Ainsi nous avons l’entrée en scène de Jessica Lange, parfaite
en mère qui veut se réapproprier sa fille
, et de Sam Neill, parfait lui aussi
dans la peau d’un père carriériste qui veut tout contrôler selon ses propres normes, même s’il doit aller à l’encontre des desiderata de sa propre fille
. Dispendieux, coincé, bourgeois, il paraît détestable à souhait, notamment lorsque son regard se fait perçant et "aiguillonneux" (ben oui, moi aussi je suis capable d'inventer des mots), et qu’il pense pouvoir tout acheter. Malgré la relative prévisibilité du film, on est pris dans le récit grâce à une réalisation sage de Michael Sucsy, une sagesse destinée à garder la véracité émotionnelle de cette expérience (si on peut appeler ça une expérience) hors du commun, tout ceci sans jamais tomber dans le mélodrame, piège facile que le réalisateur a su éviter. L’implication de tous (et devant laquelle je m’incline) amène une très jolie photographie, dont certains clichés semblent me rester durablement en tête. La musique, signée Rachel Portman et Michael Brook, accompagne merveilleusement bien les différents moments, même si les thèmes musicaux ne laissent pas vraiment un souvenir impérissable à proprement parler, excepté la chanson "Pictures of you", interprétée par The Cure, un groupe au faîte de sa gloire à la fin des années 80, et dont j’ai eu vite fait de reconnaître sa sonorité bien à lui. Cette chanson vient conclure une histoire à l’épilogue que j’aurai aimé plus joli encore, mais qui a le mérite de se raccorder fidèlement à ce qu’a vécu le couple Carpenter. Une œuvre qui ne laisse pas indifférent et qui fait réfléchir sur la profondeur des sentiments.