Tarzan : les secrets du tournage

Cela fait plus d'un siècle que le héros de la jungle est né sous la plume d'Edgar Rice Burroughs, qui écrira en tout plus de 30 romans sur le personnage de Tarzan. Depuis, les apparitions de Tarzan ont également touché le cinéma et la télévision, devenant, avec le "Dracula" de Bram Stoker, le roman classique le plus adapté sur grand écran. En tout, on recense près de 100 films qui ont eu pour sujet principal l'enfant de la jungle.

En 1999, les studios Disney réalisent un long-métrage d'animation, Tarzan, puis une suite en 2005, Tarzan 2 : L'Enfance d'un héros, directement sortie en DVD. Peu de temps après que le scénariste, réalisateur et producteur allemand Reinhard Kloos soit parti observer les gorilles aux quatre coins du monde, un de ses amis de la société Constantin Films lui propose de revisiter la légende du héros de la jungle. Comme les droits de Disney étaient expirés à ce moment-là, le producteur exécutif Martin Moszkowicz confie : "Cela faisait un moment que nous étions intéressés par le projet de Tarzan. Lorsque les droits détenus par Disney ont expiré, je me suis entretenu avec la Fondation Edgar Rice Burroughs qui est en charge de son héritage ; le contrat d’acquisition des droits a été rapidement signé."

Pour la première fois en Allemagne, un film s'anime avec la technique de la "motion-capture". A l'aide de 68 petites boules blanches appelées micro-marqueurs ou "repères", des ordinateurs vont capter les mouvements des acteurs, enregistrer leur gestuelle puis la reproduire à l'identique. Ainsi, les acteurs, cascadeurs et spécialistes du parkour ont tourné les scènes du film d'animation - seules celles où apparaissaient des humains et des gorilles - sur une période de trois mois et demi et grâce à la présence de 70 caméras infra-rouges. Pour l'occasion, la société de distribution et d'animation Constantin Film, associée à Metricminds, a construit le plus grand plateau d'Europe dédié à la "motion capture", situé au n°12 des Bavaria Studios en Allemagne.

Par souci de réalisme, l'équipe en charge de superviser la motion capture a décidé de rajouter un petit quelque chose sur le corps des acteurs interprétant les gorilles. Ainsi, ce sont plus d'une dizaine de comédiens qui se sont animés "munis d’accessoires évoquant les singes, comme des extensions pour les bras, les muscles et des rembourrages pour le postérieur". Pendant un mois, les acteurs se sont entraînés à reproduire le comportement des primates, dans la perspective de rester fidèle aux gorilles observés par Reinhard Klooss au Rwanda, en Ouganda et au Congo.

Pour reproduire à l'écran l'évolution du personnage de Tarzan, de son arrivée dans la jungle à sa socialisation avec un peuple qui ne lui est pas familier, ce sont quatre acteurs différents qui se sont prêtés au jeu. Craig Garner et Aaron Kissiov ont ainsi prêté leurs traits pour incarner le jeune Tarzan, le Suédois Anton Zetterholm - déjà star de la comédie musicale jouée à Hambourg - est devenu le Tarzan adolescent. Enfin, aperçu dans la saga Twilight dans le rôle d'Emmett Cullen, l'acteur et mannequin Kellan Lutz est celui qui se cache derrière l'homme-singe, le Tarzan adulte.

Ce Tarzan marque une grande avancée dans l'histoire du cinéma allemand. D'un point de vue technique, le film est la première production allemande à bénéficier du son Dolby Atmos, une technologie immersive qui optimise le son dans l'espace, grâce à la présence de plus de 164 haut-parleurs installés dans divers endroits de la salle de cinéma.

Reinhard Klooss aime se donner des défis. Après avoir réalisé "Les Aventures d'Impy le dinosaure" en 2006 - sa première animation par ordinateur - il tourne Animaux & Cie (2010), le premier long-métrage d'animation en images de synthèses 3D tourné en Europe, et dont la méthode de travail lui servira de base pour Tarzan.

Pour construire sa propre version des aventures du roi de la jungle, Reinhard Klooss s'est replongé au coeur du livre originel de Burroughs. Ainsi, pour mieux s'imprégner de l'univers de Tarzan, il s'est rendu dans les bois pour y écrire un premier jet du scénario, mis sur pied en deux semaines seulement : "L’histoire de notre Tarzan s’articule donc autour de trois axes : le récit d’apprentissage, la famille de gorilles qui tient lieu de foyer émotionnel et la métaphore de la météorite". Reinhard Klooss a exprimé son désir d'exploiter des thèmes non traités précédemment au cinéma, tels que "la lutte pour la survie (...) et la croyance en soi comme en sa propre espèce", le tout mélangé à un goût prononcé pour l'humour et le spectacle.