" (...) Julien Duvivier trouve son originalité en sacrifiant délibérément le côté " action " au profit de la peinture d'un milieu, la casbah, et d'un personnage d'homme traqué, se souvenant soudain de sa jeunesse et risquant sa liberté et sa vie pour la retrouver [...]. Sans littérature, d'un rythme sûr, solide, souple, le drame est mené avec une belle maîtrise, fortement concentré dans le temps et dans l'espace : pendant moins de quarante-huit heures, sur quelques arpents de ville d'Alger. " (Cinéma 58, juillet-août 1958)
"M. Julien Duvivier a regardé ses souteneurs et ses voyous en face. Il ne les flattes pas. Son ouvrage vaut mieux que son titre crapuleux et raccrocheur. On y trouve même quelques scènes dures et violentes [...]. Si l'on entre dans le détail de ce film, on observe le soin de M. Duvivier à serrer d'aussi près que possible la vraisemblance. [...] Il me semble cependant que cette atmosphère est bien étouffée, bien morne, et que, malgré le pittoresque indigène, M. Duvivier n'a pas su échapper complètement au souvenir de la " rue sans joie " des Allemands, qui poursuit les cinéastes sous tous les climats dès qu'ils abordent les lieux de la prostitution et du crime. C'est égal, presque tout, dans Pépé le Moko, est vigoureusement mis en page." (François Vinneuil (alias Lucien Rebatet), L'Action française n°36, février 1937)
- Julien Duvivier eut beaucoup de mal à convaincre les producteurs de Pépé le Moko d'engager Mireille Balin. Ils pensaient qu'elle manquait encore d'expérience pour tenir un rôle d'une telle importance. Duvivier organisa donc un rendez-vous entre les producteurs et l'actrice, qu'il maquilla et coiffa comme la Gaby de Pépé le Moko. Ils furent convaincus et lui firent aussitôt signer son contrat. Pépé le Moko fut son premier grand rôle.
- Pépé le Moko est adapté du roman homonyme de Pierre Ashelbe, qui travailla le scénario avec Julien Duvivier.
- En 1938, John Cromwell tourna une version américaine de Pépé le Mokointitulée Algiers, avec Charles Boyer et Hedy Lamarr.
- En 1948, John Berry dirigea une autre version, Casbah, avec Tony Martin et Yvonne De Carlo.
- Il y eut même une parodie faite par l'acteur italien Toto, Toto le Mok, réalisée par Carlo Ludovico Bragaglia en 1949.
La casbah d'Alger fut entièrement reconstituée en studio à Paris. Les raccords d'extérieurs furent filmés à Marseille et à Sète. Seuls quelques plans documentaires (utilisés au début du film) furent réellement tournés à Alger.
- Le titre original de Pépé le Moko fut Nuits blanches.
- Jean Gabin et Mireille Balin eurent une liaison sur Pépé le Moko.
- Julien Duvivier ne se cachera jamais, pour Pépé le Moko, d'avoir pris pour modèle les films de gangsters américains. Max, le truand joueur de bilboquet rappelle par exemple, dans Scarface de Howard Hawks, George Raft, le gangster à la pièce de monnaie.
- En interprétant Tania, la grande chanteuse Fréhel fait dans Pépé le Moko une de ses rares apparitions au cinéma.
- Le scénario de Pépé le Moko fut tout d'abord proposé à Jean Renoir, qui le refusa. C'est ainsi qu'il atterrit entre les mains de Julien Duvivier.