septiemeartetdemi.com - L'Amérique et les films musicaux, c'est un livre en écriture permanente. Malgré l'épaisseur de cette bible culturelle, un îlot particulier y prospère : la musique country. Les films de cette branche se rapprochent des meilleurs exemplaires musicaux à portée plus générale (Rock of Ages etc.) mais ils ont toujours une saveur spéciale.
Donner du caractère à une telle œuvre n'est pas chose aisée, car les attentes sont très standardisées. Mais Country Strong a plusieurs particularités qui le rendent unique, mine de rien.
Au contraire de la plupart des œuvres à la gloire des USA en tant que pays des rêves éternellement réalisables, il n'hésite pas à créer de la douleur au cœur de son scénario. Une douleur durable, pénible, prégnante, mêlée à une peur qu'elle ne finisse pas que Gwyneth Paltrow incarne à la perfection. Une douleur qu'il faudrait spoiler pour donner une idée de sa force. Non que cela soit plaisant à la base, mais ça crée un équilibre qui l'est.
Les personnages sont modelés autour de la double performance du jeu et de la musique, et fonctionnent bien, quoiqu'on puisse sentir en eux, justement, l'étincelle trop brillante de la gloire américaine. Ils sont tous réussis sauf celui de Garrett Hedlund qui, malgré son charme, passe pour un superhéros banalement raté, incapable de porter toute la douceur, tout le talent et toute l'humilité dont on a voulu le doter.
C'est aussi un film qui matérialise d'une façon étonnamment nette la frontière entre vie privée et vie pulique chez ses vedettes fictives. Une légère instrumentalisation des médias et l'ambition - ou l'absence d'icelle - pose des jalons aisément reconnaissables pour le spectateur. Sans compter que les musiciens font preuve d'une présence discrète mais appuyée ; en country, ils sont les petites mains de la voix, la star, mais ici ils valent autant qu'elle.
Bref, un truc absolument pas décevant pour quinconque aime la country. C'est dégoulinant mais propre.