Une adaptation fidèle du roman de Nikolaï Gogol, bénéficiant des qualités habituelles du cinéma historique russe, mais moins enthousiasmants que 1612 dans un genre assez similaire.
La faute peut-être à un côté trop appuyé, trop pontifiant dans l’histoire. Le film est franchement trop patriotique, avec la voix off qui vient souligner qu’on est bien avec des Russes… des aspects qui habituellement ne me gênent pas, mais qui ici semblent trop déconnectés de la dimension historique et ressemblent franchement à des projections actuelles. Cela, outre la voix off se retrouve dans les multiples monologues des personnages qui appuient bien toujours sur la « foi russe », la « terre russe », la « force russe », ok, mais la situation des zaporogues à l’époque n’était pas aussi radicalement tranchée quand même !
Néanmoins, ce serait mentir que de dire que Barbarians n’a pas d’intérêt, si tant est que l’on parvienne à supporter ses quelques lourdeurs. En effet, le spectacle est très réussi. Costumes parfaits, reconstitution d’époque très propre, scènes d’action de qualité et violentes, paysages magnifiques, on est dans du grand spectacle qui n’a pas grand-chose à envier aux productions américaines de prestige similaire, et qui est même plus authentique par bien des détails. Peut-être moins soigné que 1612, ça reste pas moins très luxueux, avec beaucoup de figurants, et la mise en scène ne manque pas d’intérêt bien que, là aussi, moins épique que 1612. Le siège par exemple est plus sobre, peut-être plus authentique mais bien moins épique que dans 1612.
A souligner la beauté de la bande son, à la fois douce et épique, un grand morceau de musique de cinéma.
De belles qualités formelles donc, servies par un casting inégal mais emporté par l’excellence de Bogdan Stupka. Ce dernier est mémorable en Taras Bulba, il habite le personnage, lui donne toute sa subtilité, relève ses contradictions, et pour qui a lu le livre c’est l’incarnation même de ce chef cosaque ! Sa prestation est vraiment énorme, et il dégage un charisme de chaque instant ! D’ailleurs le casting des cosaques est plutôt bon en la matière, je regrette seulement la relative fadeur des deux fils Bulba, surtout d’Igor Petrenko, pas très incisif. Coté Polonais pas grand-chose, mais une très belle Magdalena Mielcarz. Globalement ça tient la route, mais franchement Bogdan Stupka est, ici, à des années lumières au-dessus de ses comparses, il est surprenant.
Pour l’histoire je n’y reviendrai pas trop, j’ajouterai seulement que le film propose pas mal d’action mais de façon inégalement répartie puisqu’elle se concentre surtout dans la deuxième partie du film. Très fidèle à l’histoire de Gogol, la fin est un peu abrupte, mais le souffle épique est là, le divertissement assuré et les 2 heures passent bien.
Au final, si vous aimez le cinéma historique soigné Barbarians devrait vous plaire, a fortiori si vous aimez Nikolaï Gogol. Après il ne faudra pas être trop regardant sur l’introduction d’un propos nationaliste assez moderne dans les monologues des personnages. C’est solide et convaincant, mais je dois dire qu’en termes de puissance de la mise en scène et même en termes de fluidité de l’intrigue, j’ai plus adhéré à 1612 qui aborde la même question des guerres avec les Polonais. 3.5