Encore une fois, les "spécialistes" du feel-good movie Toledano et Nakache dispensent leurs leçons de moral symptomatiques à leur cinéma de centristes réconciliateurs. Simulacre de comédie marxiste, Intouchables est, en vérité, autant une critique des mœurs bourgeoises que des débrouillardises prolétaires. En cela, on se met à la place du Français moyen, à la frontière entre ces deux mondes, attendant seulement que l'un fasse preuve de moins de snobisme, tandis que l'autre apprenne la discipline.
Si ce propos est déjà minable politiquement, d'autres répliques insidieuses, disséminées sous forme de boutades, s'en prennent directement à la communauté LGBTQI (
blague déplacée sur le personnage de Fleurot, après avoir dévoilé son homosexualité
), aux banlieues, à la paresse adolescente… Cet humour, souvent de mauvais goût, mise tout sur le rire contagieux d'Omar Sy, et se résout systématiquement par une intimidation ou une démonstration d'autorité, allant jusqu'à nous servir des scènes aussi ridicules
que le jeune homme contraint d'apporter des croissants tous les matins, barrette dans les cheveux, pour se repentir d'avoir larguer méchamment sa copine
.
Pas drôle pour un sou, Intouchables est cette guimauve insipide, superficielle, visant la bonne humeur et l'entente, d'apparence. Mais visant surtout le succès commercial.