C'est très lisse, c'est fait pour pas froisser. Tout est en demi-teinte : la bourgeoisie est bourgeoise mais pas trop, le banlieusard est racaille, mais pas trop. Du coup, j'y crois pas. Ca sonne "juste" car c'est très bien interprété, le problème vient pas de là, le problème vient du script à mon sens. Comment c'est écrit, comment c'est raconté, ce qu'on choisit de montrer, ce qu'on laisse de côté. La mention GRAND PUBLIC domine le film. Rien de trop choquant, rien de trop méchant. Les situations sont donc pas crédibles. C'est très démago au final, beaucoup de scènes me font froncer les sourcils. La scène de l'opéra, la scène où Omar dit à Francis que sa fille a besoin d'être recadrée et baffée, la scène où Omar téléphone de force à Eléonore, la correspondante de Francis... Toutes ces situations font très "écrites", très "théâtre" dans le sens où ça ne se passerait pas comme ça en vrai. Ca péterait bien plus! Là, on ne garde que ce qui amuse, on se limite à des petites phrases drôles lâchées ça et là, à des "vannes" (terriblement gentilles, d'ailleurs, ces vannes - vannes qui vont dans le sens contraire de ce que veut défendre le film : en voulant briser les tabous par l'humour, il ne fait que renforcer ces tabous car l'humour présent ici est trop gentillet, ça casse rien, ça fait juste (sou)rire et ça permet de quitter la salle, en se disant "bon bah les bourges sont pas si pouet-pouet et les racailles sont pas si mauvais, en tout cas pas tous". La scène où Omar met des bas à Francis, et celle où il parle de la vidange du cul, la scène de l'au-revoir avec la lesbienne aussi m'a pas plu : je vois un humour pas terrible derrière, un truc bien moche qui se cache là-dedans. Aussi, y a une espèce de morale dans le film, de bienveillance superficielle que je trouve pas franche, qui me met mal à l'aise. C'est vraiment ce qui me dérange dans les films grand public. Cette condescendence. Ce manque de rigueur. Cette satisfaction du moyen. Jamais profond, juste ce qu'il faut pour amuser la galerie, mais pas trop faire réfléchir, parce que c'est pas le but après tout, ça pourrait réveiller le peuple! Ca fait très divertissement de forme, ça manque cruellement de fond.