L'homme contre la nature. Alors pour tout ce qui est nature on est effectivement servis. Sous le thème du froid neigeux, des panoramas pitorresques nous transportent avec brio au milieu de cet environnement glacial et imposant. On en ressent toute la grandeur, l'hostilité et le danger règnant, mais également toute la splendeur, grâce à des plans maîtrisés à la perfection. Une photographie vraiment impressionnante qui se montre généreuse au point de nous offrir tout ce qui nous viendrait à l'esprit comme terrain à explorer. On a donc des forêts de toutes sortes, des reliefs montagneux aux aspects divers et variés, à des niveaux d'enneigements différents, des cours d'eaux de différentes envergures, qui poursuivent leur chemin malgré les obstacles rocheux venus les défier, nous offrant des images parfois spectaculaires. Pour éviter de nous en lasser, l'on jouera sur les lumières, sur les ambiances, avec des jours ensoleillés, d'autres brumeux, parfois même du blizzard qu'essaie de traverser la lueur du soleil, des aubes apaisantes, des couchers de soleils colorés, ou des nuits illuminées avec charme par des feux de bois ou des torches enflammées. C'est effectivement beau et apaisant. Si je parle de tout ça en détails c'est parce que c'est à peu près tout ce qu'il y aura eu à noter de positif dans "The revenant", la nature ! Car de l'autre côté celui de l'homme, c'est du grand n'importe quoi. Déjà le scénario, on oublie, il ne faudrait pas plus de 20 minutes pour nous le faire dérouler tranquillement, c'est simplet sans grand intérêt, dont les faits majeurs se comptent péniblement sur les doigts d'une main. Les 2 heures restantes serviront à nous montrer DiCaprio en souffrance. Il échappe à une mort certaine, une fois, deux fois, puis trop de fois, jouissant à tous les coups soit d'une robustesse à toute épreuve et d'une rapidité de regénération inhumaine, soit de coups de chance improbables, soit les deux. Entre grincer des dents, ramper, supporter la douleur en gémissant, guérir ses blessures, ramper, se couvrir du froid glacial, protéger des dangers imminents, trouver de quoi se nourrir ou s'abreuvoir, ramper trop de fois, il aura de son mieux pour qu'on ait pitié de lui. Très bien mais le problème dans tout ça c'est qu'il n'en n'est pas plus attachant, tout ce qu'il endure n'a rien d'émouvant, c'est même fatiguant pour la simple raison que l'intrigue avance à pas de tortue. Il s'agit uniquement de survivre en errant dans la nature. "The revenant" est tout simplement une succession de scènes choquantes, de faits marquants violents, d'idées de survie saugrenues toutes sorties d'un cahier de charges exigeant, qui impose de les faire obligatoirement figurer à l'écran quel qu'en soit le prétexte. Justement, l'on va nous sortir toutes sortes d'excuses possibles, même les plus improbables, pour y arriver, sur fond d'une histoire de vengeance de tout ce qu'il y a de plus banal, et d'un passé sombre et mystérieux dont la poésie n'aura jamais réussi à nous atteindre.
John Fitzgerald n'a aucune raison de tuer Glass aussi rapidement, surtout qu'aucun danger le guettait, et encore moins le gamin dont la disparition n'as suscité aucun doute. Glass échappe survit à une attaque d'ours, à son enterrement vivant, au cours d'une rivière glaciale et au courant dangereux, à une attaque d'indiens armés à cheval, à une chute de 30 mètres, et puis quoi encore?
On flirte au fur et à mesure avec le ridicule, et ce jusqu'au bout, jusqu'à ce fameux regard caméra de DiCaprio dont on ne trouve autre interprétation que "Vous avez-vu ou pas ? Vous réalisez tous mes efforts ? J'ai été jusqu'au bout de mes performances d'acteur, j'ai souffert pendant des annnées mais toujours rien. Ayez pitié, un Oscar je vous en prie !". Bon ben il l'aura finalement eu son Oscar, et nous dans tous ça, on aura vu une sorte de casting basé sur du vide : une histoire sans aucun intérêt. À mon sens, l'unique raison pour laquelle l'on pourrait être charmé par ce film c'est d'avoir déjà été par avance séduit et convaincu par les louanges autour du jeu d'acteur de Dicaprio, tout en attendant avec impatience de voir ces fameuses scènes déconcertantes vantées de partout. Raison pour laquelle pour moi, ceux qui plébiscitent "The revenant" avaient déjà vendu la peau de l'ours avant de l'avoir tué, car sinon, en restant tout à fait objectif, on ne peut que réagir avec une froideur glaciale face à ce film tellement son contenu scénaristique erre avec acharnement au milieu d'un vaste ridicule jouxtant une montagne de faits totalement invraisemblables.