Зеркало, Tarkovski à la recherche du temps perdu.
Une des sans doute très rares véritables autobiographies cinématographiques. Voici enfin un cinéaste qui a appris à photographier son âme avec une caméra, et qui nous fait ici le don d’un météore composé d’éléments chimiques inconnus, qu’il a lui-même été pécher dans les hauteurs stratosphériques du septième art dont on a peine à imaginer les possibilités, et qui reste de manière surprenante un territoire pourtant relativement peu exploré par les hommes de cinéma. Mais Il est vrai que tout le monde ne s’appelle pas Tarkovski…
Le film se constitue d’un patchwork de séquences se déroulant à différentes périodes, avec souvent un lien ténu, ou bien une relation que l’on est libre d’imaginer, entre elles. La caméra suit continuellement deux femmes : la mère de Tarkovski, et sa femme, jouées chacune par la même actrice lors des différentes époques. La situation de chacune trouvera des échos chez l’autre.
Les images sont magnifiques, tout est millimétré et chronométré à la perfection. Le découpage du film en séquences isolées est l’occasion d’un jeu d’association, créatif et merveilleux, pour le spectateur. Les poèmes d’Arseni Tarkovski, scandés avec une ferveur transcendante, sont des sommets d’émotion cinématographique. C’est une œuvre érotique, en tant que mise en évidence de ce qui chez l’autre, provoque le désir amoureux, comme rarement on en voit sur les écrans. Un film hors du temps, hors de son époque, hors de l’URSS et de toute conception dogmatique. Subsistera-t-il comme un témoignage de l’art du XXème siècle dans 500 ans ? Peut-être…
Cette œuvre ne se laisse pas pour autant aborder facilement. Lors du premier visionnage, elle peut paraitre ennuyeuse, comme lors de l’écoute d’un morceau musical pour lequel on ne se serait pas mis dans de bonnes dispositions, ou que l’on ne peut pas encore percevoir dans son intégrité. Par la suite, une fois que l’on sait à quoi l’on a à faire, l’unité du film se dévoile, et l’émotion apparait.
À travers le Portrait de Ginevra de Benci, de Léonard de Vinci, nous est dévoilé un des secrets fascinants de l’amour.