Militant et donc manichéen, ce « tract » à la gloire du PCF, où, après avoir remplacé la voix d’Hitler par des aboiement (belle idée, mais moins subtile que Chaplin) tombe dans un discours élogieux de Thorez pour ce bienfaiteur de l’humanité bien connu qu’était Joseph Staline qui a juste « purgé » 21 millions de soviétiques alors qu’Hitler en a assassiné 24 millions. Jean Renoir qui fut choisi suite au refus de Marcel Carné, à la suite du pacte germano soviétique, et vivant aux Etats Unis dans le quartier « miséreux » de Beverly Hills, affirma que son rôle était mineur quant à la réalisation de ce film mais qu’il y avait pris du plaisir car « Il fut un moment où les Français crurent vraiment qu'ils allaient s'aimer les uns les autres. On se sentait porté par une vague de générosité. » (Jean Renoir, Ma vie et mes films, 1974). Clairement, à la vision du film, excepté pour la première histoire et le final, il n’en est rien, c’est du Renoir pur jus. D’ailleurs, Becker est revenu (il était fâché que le « Crime de Monsieur Lange » lui soit retiré au profit de Renoir) et l’on retrouve Marguerite Renoir au script et au montage. De même la photographie de qualité, trouve dans les signatures, entre autre, les noms d’Henri Alekan et Claude Renoir. Et il faut bien reconnaître que la pellicule ne manque pas de grandeur quant aux usines et à la production industrielle. La patte de Renoir se retrouve aussi dans une direction d’acteur toute en retenue, apportant vraisemblance au discours. Mais, « La vie est à nous », en restant au niveau de l’anecdote, n’atteint jamais la grandeur du projet communiste, gommant tout lyrisme et finissant par être une simple réclame pour le PCF, que « L’internationale » à la fin ne suffit pas à élever. Ce reproche saute aux yeux (je sais, c’est facile en terme de cinéma) lors d’une vision du « Cuirassé Potemkine » d’Eisenstein, à la fois film de propagande, mais œuvre grandiose et inégalée dans le cinéma collectiviste.