1972, dans un contexte social troublé en Italie, voyant les communistes et la jeunesse contre-culturelle affronter notamment dans la rue la démocratie-chrétienne encore toute puissante mais secouée par les scandales de corruption, le Giornale, journal milanais proche du pouvoir, décide d'instrumentaliser la mort d'une étudiante, fille d'un professeur d'université respecté, apparemment assassinée par un jeune gauchiste.
Le film fait partie de la vague italienne de cinéma politique, voyant des réalisateurs comme Bertolluci ou Petri (voir Enquête sur un citoyen au-dessus de tout soupçon, 1970) ou encore ici Marco Bellochio, s'interroger sur la question du pouvoir et de la contestation, reflet de leur époque marquée par les "années de plomb" et la "stratégie de la tension".
Le film s'attache ainsi particulièrement à montrer une direction de journal sans scrupules, prête à instrumentaliser une affaire pour le compte du pouvoir, prompte à intervenir dans le travail de ses journalistes pour orienter tout article dans le sens du respect de l'ordre (voir la scène où le rédacteur en chef transforme un article "Désespéré, il se suicide après son licenciement, laissant une veuve et deux enfants" en "Un immigré sans emploi se tue").
Tout en présentant finalement assez grossièrement (un média qui oriente l'information avec des ficelles très épaisses, une affaire de meurtre avec viol qui n'est pas ce qu'elle paraissait...), le film réussit cependant à être très pertinent, avec une critique des médias dans leur rapport au pouvoir (on est ici très loin des films américains exaltant le 4ème pouvoir, voyant une rédaction courageuse s'opposant aux autorités pour faire éclater une vérité) et avec de manière général un tableau de l'Italie des années 70 très convaincant, tout en étant très concentré sur son histoire (et assez court : 1h22). En ajoutant à cela des acteurs tous très bons, une réalisation efficace, c'est vraiment un film très appréciable, peut-être la meilleure porte d'entrée pour ce type de cinéma italien politique.