Blockbuster qui a crée la surprise durant l’été 2011 et que je n’attendais pas du tout au départ car craignant au plus haut point l’idée d’un reboot de la saga de La Planète des Singes, le film de Rupert Wyatt est finalement une pure réussite dans le genre de l’anticipation au cinéma, en tant que reboot de cette saga culte, en terme de divertissement bien sûr et également en terme d’innovation technologique au cinéma. Dans un laboratoire, des scientifiques expérimentent un traitement sur des singes pour vaincre la maladie d’Alzheimer. Mais leurs essais ont des effets secondaires inattendus : ils découvrent que la substance utilisée permet d’augmenter radicalement l’activité cérébrale de leurs sujets. César, est alors le premier jeune chimpanzé faisant preuve d’une intelligence remarquable. Mais trahi par les humains qui l’entourent et en qui il avait confiance, il va mener le soulèvement de toute son espèce contre l’Homme dans un combat historique. Film de « remise à zéro » d’une grande franchise lancée depuis 1968, La Planète des Singes : Les Origines connait actuellement une suite au cinéma puisque celle-ci vient de sortir cet été dans nos salles, La Planète des Singes : L’Affrontement de Matt Reeves, tout aussi bon que ce premier reboot. A l’époque, cela fait déjà trois ans que le film est sorti, je n’attendais pas vraiment ce film qui se passe avant l’original de 1968 de Franklin J. Schaffner avec Charlton Heston. Etant vraiment pas intéressé et emballé à l’idée d’un blockbuster reprenant l’histoire à zéro de cette saga qui a connu des hauts avec le film de 1968, en fait ça en fait un, et des bas avec ses multiples suites, toutes aussi nanardes les unes que les autres, ainsi que le remake décevant du premier film de Tim Burton sorti en 2001, je n’en attendais pas beaucoup de ces Origines de la Planète des Singes. Mais une fois l’avoir vu au cinéma, ce fut la révélation, car le film n’est pas du tout ce que je croyais aux vues des bandes-annonces. Une vraie réussite voilà tout : originale, moderne, prenante et révolutionnaire en matière d’effets spéciaux. Le projet de ce reboot est sorti des cartons en 2008, quand la 20th Century Fox a annoncé la mise en chantier d’un nouveau volet de la saga de La Planète des Singes et qui serait prévu pour l’été 2011. Rupert Wyatt, alors réalisateur d’un seul film : Ultime Evasion, est engagé pour mettre en scène ce septième film a traité du roman éponyme de Pierre Boulle, oui c’est grâce au roman d’un écrivain français qui a permit la création d’une des plus grandes sagas de science-fiction du cinéma. C’est donc une réinvention du mythe de La Planète des Singes, comme ce fut le cas avec Batman Begins qui a rebooté la saga Batman avec succès, car ce concentrant sur une histoire originale, un peu dans la veine de La Conquête de la Planète des Singes où tout commence. Et pour être encore plus innovant, les singes ne seront plus des comédiens cachés sous des costumes, comme l’avait fait Tim Burton en 2001, mais ils seront entièrement numériques, filmés grâce à la Performance Capture, une technique de tournage permettant de filmer un comédien avec une combinaison munie de capteurs qui vont enregistrer tous ses mouvements, des orteils jusqu’au mouvements du visage, pour ensuite les retranscrire sur ordinateur et créer des singes encore plus réaliste qu’avec des costumes. Et pour ceci, la production recrute dans ses rangs le maître et le promoteur incontesté de la Performance Capture : Andy Serkis. Interprète du personnage culte de Gollum dans la trilogie du Seigneur des Anneaux de Peter Jackson ainsi que de King Kong et du Capitaine Haddock dans la version animée de Steven Spielberg, Andy Serkis était tout indiqué pour donner ses mouvements, son visage et son talent au personnage désormais mythique de César, le singe qui mènera la révolte de ses congénères contre les humains. Armé d’un scénario moderne et captivant, Rupert Wyatt livre l’un des meilleurs film d’anticipation jamais vu au cinéma, d’après moi, et aussi le meilleur film de la saga depuis le chef-d’œuvre de Franklin J. Schaffner en 1968. Sur une durée d’une heure et demie, ce qui est très court pour un blockbuster estival à 93 millions de dollars de budget, Rupert Wyatt nous emporte dans son histoire prenante jusqu’au bout. Le scénario est très intéressant car il permet de complètement moderniser la saga en inventant de toute pièce la naissance de l’intelligence chez les singes. L’intelligence qui s’est manifestée chez les singes n’est pas venue toute seule suite à une évolution animale des plus simples, non, c’est l’Homme lui-même qui est la cause de tout cela en se servant de primates comme cobayes pour tester des sérums contre la maladie d’Alzheimer. L’Homme a crée sans le savoir dans ce film, le fléau que le détruira. Si le film fascine autant c’est qu’il s’encre parfaitement dans notre temps avec cette idée de tester sur des singes des remèdes pour remédier à cette maladie qui fait perdre la mémoire. La médecine hyper évoluée du film, les laboratoires avec des singes comme cobayes,… tous ces éléments sont montrés comme la solution pour lutter contre des maladies gravissimes. On peut penser ainsi, au début, que le film fait l’éloge de la recherche médicale et scientifique aux Etats-Unis qui est un domaine des plus financés par les Etats. Mais ensuite le film pourrait mettre en avant la chute de la recherche scientifique avancée aux Etats-Unis avec les dérives de celle-ci où des singes finissent intelligents et se révoltent contre l’Homme. Le scénario de ce film est donc très intelligent et intéressant à suivre avec cette histoire de virus contre Alzheimer, de singes rendus intelligents par celui-ci, mais aussi et surtout pour l’histoire de César, de son amitié avec le scientifique Will Rodman qui va, malgré tout son amour pour lui, devoir le laisser dans un refuge pour singes où le jeune chimpanzé va s’endurcir et devenir petit à petit un leader imposant, rusé et charismatique. Le film est plus réaliste vis-à-vis des singes que les précédents puisqu’ils ne parlent pas, sauf César qui prononce une seule réplique à la fin et un « Noooooon » déjà culte, il ne sont pas débout comme nous, pas encore, ils ne sont pas habillés, ce sont de vrais singes, sublimés par les merveilles de la Performance Capture et par le jeu des acteurs spécialisés dans ce domaine d’interprétation. Nous sommes dans un film plus terre à terre, avec plus de réalisme, plus de détails chez les primates qui commencent à devenir intelligent, ils parlent en langage des signes, magnifique trouvaille scénaristique, ils se fabriquent des armes à l’aide de simple barre en fer, savent s’organiser en cas d’attaques et ont le reflexe de suivre leur leader : César. Sans doute le personnage le plus réussit et le plus inoubliable dans ce film, comme dans la suite réalisé par Matt Reeves d’ailleurs, Andy Serkis a bluffé tout le monde en livrant ce singe plus vrai que nature, très attachant, de son plus jeune âge où il est juste adorable jusqu’à son âge d’adulte où il est plus imposant et plus charismatique. César est aussi plus sensible, plus complexe psychologiquement, plus beau aussi que ses précédentes interprétations, qui étaient toutes tenues par l’acteur Roddy McDowall qui a successivement interpréter dans tous les anciens films, le père, Cornélius, et le fils, César. Installant le personnage de César dans la liste de ses meilleurs rôles en Performance Capture, Andy Serkis est devenu le maître de cette technologie révolutionnaire pour créer des personnages originaux ou même en revisiter certains comme avec César. Après si l’on revient au film en lui-même, hormis son remarquable scénario et son acteur fascinant, ce qui est encore mieux et qui lui vaut sa qualité de blockbuster intelligent c’est que le film de Rupert Wyatt n’est pas allé dans le piège de la surenchère en nous balançant de grosses scènes d’action avec plein d’explosions et de combats musclés entre les hommes et les singes. Dans ce film les scènes d’action sont efficaces, suffisamment spectaculaires pour ne pas gâcher le plaisir devant cette superbe histoire de révolte. La seule scène de bataille du film se situe à la fin, elle se passe sur le Golden Gate Bridge de San Francisco où César et les siens affrontent les policiers, bien décidés à ramener tout le monde au zoo ou à la fourrière pour primates. Quelques explosions, quelques fusillades, des combats aux corps à corps intenses entre hommes et singes, un crash spectaculaire d’un hélicoptère, et c’est tout et heureusement. N’oublions pas la libération des singes cobayes chez Gen-Sys et « l’invasion » de la ville. Sinon le film possède de petites scènes de rythme avec des combats entre singes qui permettent de rythmer l’histoire pour ne pas qu’on s’ennuie, ce qui n’arrivera normalement jamais devant ces Origines vraiment passionnantes. La Planète des Singes : Les Origines fut donc une superbe réussite technologique et scénaristique en 2011, et le film créa la surprise au box-office puisqu’il récolta rien qu’aux Etats-Unis plus de 176 millions de dollars, presque deux fois le budget du film, en France le film est sorti le 10 août et a rassemblé 3 240 118 spectateurs, le bouche à oreille est très bien fonctionné laissant ainsi certains films de côté comme Cowboys & Envahisseurs, destiné à cartonné mais qui fit un flop sans doute à cause de La Planète des Singes : Les Origines et aux Schtroumpfs qui ont cartonné durant l’été 2011. Dans le monde le film a cartonné avec plus de 480 millions de dollars de recettes et il reçut une nomination aux Oscars, celle des Meilleurs effets visuels, verdict : énorme succès. Et enfin, on peut évoquer les multiples et savoureuses références au film originel de Schaffner comme la Statue de la Liberté en puzzle, le personnage appelé Franklin en hommage au réalisateur du film de 1968, la mère de César appelée Beaux-Yeux en référence au prénom donné à Charlton Heston par les singes, le vaisseau Icarus a destination de Mars perdu dans l’espace comme celui de Charlton Heston et de ses compagnons qui ont voyagé dans le temps pour se retrouver sur une planète gouverner par des singes, bref plein de références, et il y en a d’autres, pour faire de ce reboot une sorte de film hommage à celui de 1968 pour tourner la page de la période « mauvais films en costume poilus » pour aller dans une saga plus moderne et plus intelligente. La Planète des Singes : Les Origines est donc un excellent film de science-fiction qui s’accompagne d’un scénario captivant pour rebooter cette franchise comme elle le mérite, la réalisation de Rupert Wyatt est superbe, les acteurs y sont très bon mais l’on retiendra surtout l’envoutante interprétation d’Andy Serkis en César, désormais un personnage de cinéma iconique. Ave César !