Le monde de la mode n'a jamais été aussi présent sur les écrans que depuis ces dernières années. En plus du phénomène Le Diable s'habille en Prada (2005) où Meryl Streep campait une terrible prêtresse du milieu inspirée de la célèbre directrice du magazine américain "Vogue", Anna Wintour, on a pu découvrir le mystère autour du créateur phare de la marque Chanel, Karl Lagerfeld dans Lagerfeld Confidentiel (2007), ainsi que The September Issue, documentaire dans lequel Anna Wintour se dévoile durant la fabrication du fameux numéro de septembre de "Vogue"...
Tout commence lorsque la mannequin Sara Ziff - que l’on a pu voir entre autres au coeur des campagnes Calvin Klein, Stella McCartney et Dolce & Gabbana - décide, avec son petit ami de l’époque, Ole Schell (alors étudiant en cinéma) de filmer les coulisses des défilés. Le projet est alors des plus innocents...Cependant, au fil des prises de parole de ces filles à qui l'on ne donne finalement jamais l’occasion de s’exprimer, le duo commence à entrevoir le versant sombre de la mode et décide de pousser plus loin les interviews. Au bout de cinq années de pellicule, les deux apprentis cinéastes se retrouvent avec une mini bombe médiatique, mettant en exergue bien plus que les "classiques" problèmes d’anorexie frappant le microcosme des modèles...
Picture Me aborde des thèmes quasiment tabous dans l'univers de la mode et du mannequinat. Parmi eux, celui de l'âge des modèles, de plus en plus jeunes (14-16 ans) et très vulnérables face à des photographes véreux qui ne souhaitent que profiter d'elles. L’une d’elles raconte notamment que son agence lui a demandé - à 16 ans - de passer la nuit avec un photographe star... Sara Ziff révèle d'ailleurs une anecdote nous permettant de prendre la mesure de l'omerta pesant sur ces pratiques : la veille de la projection du film, l’un des mannequins interviewés l'a ainsi suppliée de retirer le passage où elle dévoilait le nom du photographe ayant abusé d’elle, ce qu'elle fit... Le film n'oublie évidemment pas l'incontournable thème de l'anorexie, dont on ne fera jamais assez le tour.
Ce documentaire a reçu le Prix "Leonardo’s Horse" au Festival du Film International de Milan 2010.