Prisoners est un thriller remarquable construit sur un scénario sinueux avec des pistes en veux-tu en voilà, un labyrinthe à emprunter et à résoudre pour tomber sur LE coupable. Alors oui, il y a beaucoup de fausses pistes mais elles ne sont pas pour autant inutiles. Elles montrent la difficulté du métier d'enquêteur, le travail ardu à accomplir pour découvrir la solution ; qui plus est en ce qui concerne les enlèvements d'enfants. Ce sont les affaires les plus complexes. Sans témoignages, cela devient mission impossible. Loki n'est pas si nul ou lent. Il avance à la vitesse de la justice en employant tous les moyens légaux en son pouvoir. On ne le voit évoluer que dans le prisme de son travail. Il est passionné, obnubilé, dévoré par cette affaire, quitte à tout sacrifier. Il en devient anxieux (cf ses tics de clignement des yeux), colérique. Dover, quant à lui, n'a plus rien à perdre. Il est à bout, fatigué, exténué, les traits tirés, oppressé par une femme en déliquescence qui se laisse mourir à petit feu. Il cherche la vérité coûte que coûte, non en aidant la police comme il le dit si bien mais en faisant cavalier seul. Néanmoins, même en usant de moyens illégaux, violents, la quête de la vérité reste difficile à atteindre. L’atmosphère est noire et oppressante, grise et pluvieuse à l'image de nos protagonistes et de la gravité ambiante. La musique accompagne ce triste état de fait. Les dialogues sont incisifs, impactants, crus (cf
les remarquables passe d'armes entre l'inspecteur Loki et son supérieur, notamment après le suicide du gardé à vue
). Les acteurs principaux (Jackman et Gyllenhaal) mais aussi les seconds rôles (les femmes éplorées Davis et Bello, le fils dévoué et courageux Minnette, le retardé mental que tout accuse Dano et le père Howard de la seconde fillette enlevée Joy qui ne sait pas par quel bout commencer pour trouver la vérité) sont époustouflants de justesse, d'émotion (notamment de tristesse, de désemparement). Ils retranscrivent à la perfection sur leurs visages les sentiments qui les habitent. Ce film m'a retourné, je n'étais pas spécialement dans mon assiette le reste de la journée. On s'identifie à mort ! Une petite frustration concernant la fin m'a fâcheusement laissé perplexe. Elle ne m'a pas convaincu. Je m'attendais à autre chose, à mieux, à une fin à la hauteur des 2h30 intenses que je venais de vivre.