Prisoners, c’était soit disant le thriller de l’année, comparée un petit peu à du Fincher ici et là, voire à Zodiac carrément, et tout et tout. Et je l’ai bien évidemment raté en salles. C’est avec une certaine habitude donc, que bien après tout le monde, j’ai découvert ce film de Denis Villeneuve.
Déjà, je dois dire que je n’avais pas suivi une enquête policière avec autant de passion depuis très longtemps, sans doute depuis Zodiac ou Seven, allons-y. J’ai presque envie de citer Contre Enquête également, que j’aime beaucoup, bien qu’il ne soit pas sans défaut. Bref , je m’égare, revenons-en à Prisoners.
Prisoners, c’est avant tout une mise en scène et un intérêt apporté à l’image particulièrement judicieux. Qu’est-ce que c’est agréable à suivre. On a le paradoxe d’avoir des décors moroses mais pourtant tout est extrêmement beau car c’est bien pensé. Puis on a aussi une musique à la fois envoutante et angoissante quand il le faut. L’atmosphère est vraiment sombre et pesante, et c’est assez rare pour être souligné. Voici pour la forme.
Dans le contenu, on est face à du déjà-vu au niveau de l’histoire, et de pas très original il faut dire. Deux petites filles se font kidnapper et on lance la traque. Ainsi, deux personnages principaux se dégagent de l’histoire : Jackman, le père d’une des petites, et Gyllenhaal (que j’apprécie énormément) le flic chargé de l’affaire. J’ai bien aimé l’évolution de leur personnage respectif, entre Jackman qui pète un plomb face aux recherches qui n’avancent et nous font vivre ce véritable calvaire, et Gyllenhaal un peu dépassé mais qui ne perd pas espoir de résoudre l’affaire.
Malheureusement les personnages secondaires ne sont que peu intéressants, Franklin, le deuxième papa va progressivement disparaitre, la femme de Jackman déprime, l’autre aussi d’ailleurs, les deux grands frère/sœur totalement inutile alors qu’ils servent de prétexte au tournant du film, etc. Cela dit Paul Dano qui ne m’avait jusqu’ici pas grand-chose de sympathique m’a bien plu dans son rôle d’adulte retardé.
Aussi, j’ai plutôt apprécié la façon dont tout se dénoue, parce que mine de rien ce n’est pas aussi simple que ça. L’unique problème réside dans le fait qu’il n’y a pas vraiment de fausse piste et du coup on ne s’emmêle pas vraiment les pinceaux. Disons qu’on sait vers où on va, mais on ne sait pas trop comment on y va, sachant qu’on va bientôt le savoir.
En revanche, ce que j’ai beaucoup aimé, c’est le rapport à la religion de ce film. Dès le début on nous balance un Notre Père et ensuite tout au long du film des références ici et là à Dieu. Quand on assemble les différents morceaux du puzzle, on se rend compte que c’est plutôt bien vu : les références religieuses émanant de Jackman et sa femme alors que la responsable du kidnapping de leurs enfants voulait, je cite, "mener une guerre contre Dieu"… un symbole pertinent.
Il est vrai que ça finissait par être un poil long, surtout dans la première partie, mais ça permet de bien ressentir le calvaire qu’éprouvent les familles, donc ça ne m’a pas dérangé plus que ça. Dans l’ensemble ça reste un très bon thriller, qui n’est pas sans quelques petits défauts certes, mais qui a le mérite d’afficher une forte personnalité et deux solides premiers rôles. J’ai cru à une happy end mais finalement c’est un petit peu plus subtil que ça donc c’est parfait, car je me demandais bien comment une telle histoire allait être conclue, car je ne voulais pas quelque chose de tout rose comme trop souvent. L'enquête de l’année.