Un excellent thriller ?
Oui, bien sûr, mais je crois qu'on oublie surtout bien souvent de dire à quel point ce film est excellent dans la profondeur du drame psychologique tournant sur tout sauf l'intrigue "à suspense" qu'il expose, bien avant d'être un thriller, selon moi.
Une longue phrase pour décrire aussi difficile à comprendre pour vous que pour moi à écrire ;) mais qui montre à quel point ce film m'a atteint emotionnelement. Tout simplement parce que c'est un des seuls films qui a réussis à aller chercher aussi loin dans mes émotions. Vraiment il m'a poussé à bout notamment sur une scène, terrible à voir.
Là se trouve le point fort du film selon moi : il est saisissant. Je crois que c'est le mot. Il vous captive du début à la fin, tant de douleur, de souffrance, de peur, d'angoisse que de crainte. Il vous pousse à constater toute la profondeur de la noirceur humaine en réalité. Voilà le centre du film : jusqu'où peut aller l'être humain ? Sous couvert d'une souffrance liée à un drame tel que la disparition de son enfant, quelles limites peut-on repousser ? Peut-on dépasser l'éthique ?
Cela amène à des scènes difficiles à voir, tant le mélange de compassion et d'indignation nous habitent.
Ainsi la psychologie des personnages est très bien traitée, et de plus, mêlée à tout un pan religieux. La foi fait partie-même du personnage interprété par Hugh Jackman, et ainsi le film repose sur la façon de ressentir cette foi dans chacun des personnages. Ce n'est pas forcément ce qu'on vois au premier abord mais quand on constate que la scène d'ouverture sert (d'une part en effet à présenter le personnage du père, un survivaliste) mais surtout que la foi est d'ores et déjà présente. Cette foi, présente partout dans le film. /SPOILERS/ : le père de Anna va petit à petit la perdre, il va d'abord en douter quand il voit que Dieu ne fait rien pour l'aider à retrouver sa fille, puis il va repousser les limites de l'homme en pêchant (séquestration et torure d'Alex) ; sa femme (depuis toujours protégée par la présence de son mari, se perd dans la croyance et en doute puisque son mari n'a pas réussi à protéger sa famille "de tout" et etc... Et alors à la fin du film, la foi semble finalement avoir raison de tous les personnages : la grand-mère qui a kidnappée tous ces enfants (car elle a perdu la foi suite au décès de son fils, et a voulu se sentir moins seule en créant la perte de celle-ci dans le visage des parents privés de leurs enfants) va finalement mourir; le père d'Anna va être condamné pour son crime (soit retrouvé par le flic dans le trou puis mis derrière les barreaux, soit déjà mort); quand aux filles elles seront retrouvées, le vrai Alex rendu à sa vraie famille et quant au flic il aura réussi cette enquête qui le tarrraudait. /SPOILERS) Et j'arrive pourtant à voir toutes cette présente de la religion dans ce film, alors que c'est un domaine pour lequel j'ai non seulement peu d'intérêt mais également aucune attache. Voilà une des preuve que ce film est, encore une fois, profond.
Parce que oui, au delà de sa tension constante, de ses retournements bien maîtrisé et de son suspense qui nous duppe et nous surprend, ce film parle de l'humain avant tout. De ses limites. Ainsi, nombreuses sont les métaphores des "prisoniers" dqns ce film. A vous de les voir la ou vous le souhaiter...
Quand à l'atmosphère, que dire ? C'est juste parfait. Ce bruit de fond constant de campagne calme, où on entend sans cesse le souffle du vent, la pluie arriver et tout simplement l'air permet d'installer une tension qui ne baisse jamais. La BO, faite de longues plages sonores qui sentent lentement jusqu'à nous engloutir et se spasmes profondes nous happe. Et bien sûr, la lumière est toujours sombre, le climat pesant sans meme savoir pourquoi des fois, il règne une atmosphère étrange de ce quartier. De la froideur, de l'obscurité. Cela perturbe, dérange. Tout comme le film est étrange et noir.
Et j'ai dans tout cas encore omis de parler des nombreux symboles du film, qui ne sont que plus intéressants à re-découvrir lors d'un second visionnage (/SPOILERS) Un camping car miniature jeté face un cadre photo par le flic au début, même objet qui lui sert à faire le lien entre les labyrinthes..., les labyrinthes eux-mêmes, qui ne se sont selon moi utilisés, et avec conviction, que par pur symbole de personnages prisoniers de leurs psychologie, ou encore le sifflet symbole d'espoir qui passe d'une fillette très protégée à un père proche de la mort).
Bref, je vais m'arrêter là car je pense avoir dis l'essentiel sur ce film.
Quoique... non, allez, je m'en accorde une petite dernière.
Le traitement du personnage d'Alex : que je trouve vraiment bon : /SPOILERS/ Tout d'abord de par la révélation scénaristique qui lui est liée, en fin de film, qui renforce notre côté "enragé" envers le personnage du père d'Anna pour ce qu'il lui a fait subir malgré son innocence; mais également de par le jeu d'acteur fou de Paul Dano, qui rend le perso encore plus fragile et pour lequel on va ressentir ce mélange d'empathie et de suspicions, car oui il semble malgré tout savoir des choses à propos de la disparition des filles; et bien sûr grâce aux formidables scènes où le personnage est présent : allant de la sortie de son chien le soir dehors, lorsqu'il chante cet étrange "Jingle bells" qui renforce le sentiment de culpabilité aux yeux du père d'Anna, jusqu'à la scène de torture et de violence, ou celles durant lesquelles il est enfermé dans le noir, que seul son œil affaibli est éclairé et nous laisse imaginer ne serait-ce que le quart de la détresse et de la douleur qu'il endure, tout cela rendu magistral par ses chuchotements aussi (des paroles difficilement prononcées, douloureuses pour lui à sortir, et qui s'avèrent pourtant révélatrices)./SPOILERS/
Enfin... Bref, c'est très bien fait.
Maintenant je vais m'arrêter vraiment là ah ah ;)
Cette œuvre est d'une qualité rare dans bien des aspects.
Une belle découverte et un film qui restera sûrement gravé dans ma mémoire comme un des plus marquants que j'ai pu voir.
Allez-y pour voir du thriller, certes, mais surtout pour voir de l'humain et, indéniablement, de la noirceur.