La rencontre entre le producteur Oliver Stoltz, le réalisateur Oliver Schmitz et le scénariste Dennis Foon, a été déterminante. Ils écrivent ensemble une première version du scénario et décident de s'envoler en Afrique du Sud pour dix jours afin de se documenter le plus possible sur le virus et ses victimes indirectes. Après moult pérégrinations à travers le pays et de nombreux rendez-vous avec les principaux concernés, les trois acolytes décident de tourner le film en Pedi, le dialecte local, plutôt qu'en anglais: "En Occident, les gens ont tendance à faire des généralisations hâtives quand ils parlent de l'Afrique. Cela crée des situations qui ne font pas le poids. Nous voulions être le plus précis possible", rapporte le réalisateur.
Le secret de Chanda a été adapté du roman éponyme d'Allan Stratton. Le producteur du film explique combien la rencontre avec l'écrivain a été déterminante dans la préparation du scénario: "C’est tellement bien écrit, et une fois adapté en film ça pourra toucher un public encore plus vaste, parce que Le Secret de Chanda est un conte plein d’espoir sur le pouvoir de l’amitié, de la solidarité et de la loyauté". Il avoue également avoir été ému aux larmes par le texte de Stratton.
Le passage à l'écran a exigé de nombreuses modifications: parmi elles, citons la disparition du récit à la première personne qui, selon le réalisateur, n'aurait pas fonctionné. Par ailleurs, le scénariste et le réalisateur ont choisi de se concentrer sur le personnage de Chanda qui devient une enfant alors que dans le roman, Allan Stratton évoque une adolescente de seize ans. Oliver Schmitz s'explique: "Si Chanda a trois ans de moins dans le film que dans le livre, c’est parce qu’une enquête, menée localement, nous a montré que les enfants Sud Africains grandissent terriblement vite. Dans le livre Chanda a 16 ans, mais en réalité, les jeunes de 16 ans ont déjà perdu leur caractère d’enfant".
Le film sort le 1er décembre 2010, journée mondiale de lutte contre le Sida. Le distributeur ARP tient à préciser que les recettes du premier jour d’exploitation du film sont intégralement reversées à une association de lutte contre la maladie.
Ce film représente l’Afrique du Sud aux Oscars 2011.
Le tournage du film s'est déroulé dans une atmosphère détendue et chaleureuse. Étant donné la gravité du sujet traité, il était inconcevable, pour le réalisateur, de tourner rapidement et sans entrain. Les premières scènes ont été les plus dures puisque le réalisateur a choisi de débuter par ces moments où les personnages sont gravement atteints par le virus, et donc très amaigris : "On m'a prescrit un régime très strict pour que je perde beaucoup de poids", se souvient Lerato Mvelase. Outre cela, toute l'équipe a dû faire face à des variations climatiques importantes: soit il pleuvait à torrent, soit il faisait extrêmement chaud.
Le tournage s'est déroulé à Elandsdoorn, un township situé à environ 200 kilomètres au nord-est de Johannnesburg en Afrique du Sud. L'équipe a également visité le centre médical Ndlovu afin d'entrer en contact avec des jeunes gens atteints du virus. Même si le film s'entend comme une œuvre de fiction, le réalisateur a expliqué combien filmer en décor naturel a permis d'approcher des problèmes bien réels et de donner une couleur véritable au film: "L'histoire que nous tournions à Elandsdoorn reflétait en partie la vie menée par ses habitants. Tourner sur place, en décor naturel, a ajouté une valeur, une dimension colossale au film. Il gagne en profondeur."
Le sida demeure un sujet difficile à traiter sur les écrans. Si les livres se multiplient sur le sujet depuis l'apparition du virus (on peut penser A l'ami qui ne m'a pas sauvé la vie et les autres œuvres d'Hervé Guibert), les films l'évoquent souvent timidement. Les Nuits fauves de Cyril Collard avait pourtant bouleversé, à sa sortie en 1992. Plus récemment Les Témoins d'André Téchiné réactivait le débat sur la façon d'évoquer cette maladie en contournant l'écueil d'un film "bien pensant". Oliver Schmitz, pour sa part, s'est intéressé au sort des enfants dont les parents sont morts du virus, des enfants orphelins donc et livrés à eux-mêmes. Il explique à quel point les enfants, et ce surtout en Afrique, vivent dans l'ignorance de la maladie que l'on veut cacher. Pourtant, on compte aujourd'hui 1,4 millions d’enfants orphelins du SIDA, qui doivent se débrouiller seuls, sans le moindre soutien du gouvernement ou d’autres institutions. Le Secret de Chanda est donc dédié à ces enfants. L'angle de vue est particulièrement original puisqu'il prend en compte les victimes, si l'on peut dire, indirectes du SIDA. Un tel projet n'est pas été simple...En effet, le réalisateur a confié les difficultés à défendre un tel film, qui semble prouver sa légitimité dans le choix même du sujet: "Il y avait des gens qui n’osaient pas critiquer le film parce qu’ils pensaient que ça aurait été inapproprié étant donné le sujet. Je pense que c’est un tort. Pour moi, l’histoire que raconte un film doit avant tout toucher et émouvoir les gens. Si, en plus, ça peut permettre de les éclairer et de les faire changer de comportement, alors ça devient un grand accomplissement. Il est évident que Le Secret de Chanda est porteur d’un message fort sur le SIDA. Mais c’est avant tout l’histoire du basculement dans l’âge adulte de Chanda. Et c’est ce qui rend le film si prenant et si émouvant. »