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    Des filles en noir
    Anecdotes, potins, actus, voire secrets inavouables autour de "Des filles en noir" et de son tournage !

    Une relation unique

    Le type de relation qui anime les deux héroïnes n'est pas réductible à une simple amitié, mais n'est pas non plus de l'amour : il faudrait plutôt l'inscrire dans un entre-deux qui n'appartiendrait qu'à elles. Comme en témoigne le vocabulaire qui est le leur, "celui de l'absolu intérieur", défini par Jean-Paul Civeyrac : "Comme chez les écrivains mystiques ou romantiques, il coïncide avec le vocabulaire amoureux : il leur permet d'exprimer une trace de ce qu'elles sentent d'infini en elles."

    Déjouer les codes

    A l'instar de leur relation, préciser leur appartenance à un ensemble social précis n'est pas aussi simple qu'il n'y paraît. Comme le titre l'indique, les deux jeunes filles sont de noir vêtues en permanence mais, contrairement aux images auxquelles cela nous renvoie habituellement, elles ne font pas partie d'une idéologie gothique, trop réductrice pour les définir avec justesse. "Si elles avaient été « gothiques », elles auraient effectivement appartenu à un groupe défini," explique le réalisateur. "Je tenais à ce qu'elles n'aient aucune appartenance. Ce sont des atomes libres, et c’est peut-être aussi cette liberté-là, immense, trop grande, qui les fait souffrir."

    Des institutions dépassées

    C'est en butte à des institutions qui ne les comprennent pas que les deux adolescentes vont se définir, s'inscrire dans une trajectoire initiatique spoiler: dès lors qu'elles annoncent leur suicide à l'école.. "Elles ne reconnaissent pas les institutions scolaires, policières ou psychiatriques," précise Jean-Paul Civeyrac. "Dans mon premier film, il y avait déjà cette idée que ces institutions ne suffisent plus, qu'elles ne sont plus des repères, mais des barrières. Pas parce que l'école serait une prison, mais plutôt parce que ces institutions ne répondent pas aux aspirations profondes des individus. "Ça ne sert à rien", comme diraient les filles. (...) Les personnages sont un peu à côté, ne sont pas intégrés, y compris dans l'institution première qui est la famille."

    La palette de couleurs

    Il y a par essence une atmosphère crépusculaire qui se dégage de la tonalité visuelle d'ensemble, "des coloris brun-sombre, toute une palette nocturne presque douce, chaude, enveloppante", apprend-t-on. "Il s'agissait d'inscrire ces deux silhouettes noires dans le monde, dans un univers la plupart du temps déshumanisé, (...). L'essentiel, c'est la sensation que cela crée : le noir qu'elles arborent semble affirmer qu'elles ne sont pas à leur place, qu’elles n’en n’ont pas, et qu’elles en cherchent une, désespérément, ardemment, où qu’elle soit… Une fois l'acte final accompli, spoiler: le corps étendu de la jeune fille suicidée vient briser ces tonalités, et son corps glacé, la caméra qui recule, rappelle alors les couleurs métallisées des décors urbains…"

    Un sujet ancien

    Jean-Paul Civeyrac tient à préciser que son film n'est pas l'adaptation d'une seule histoire réelle mais qu'il s'agit plutôt d'un condensé de plusieurs faits divers similaires. Depuis 1997, il collectait des articles où il était question de deux adolescentes qui se tuaient. Le nombre de deux était primordial à l'esprit du réalisateur, il précise pourquoi : "Ce n'est plus seulement un acte individuel, cela met en jeu l'autre, en cherchant un lien dans la mort quand il n’y en a plus dans la vie."

    Les comédiennes

    Les deux actrices principales font avec ce film leur entrée dans le monde du cinéma. Le réalisateur n'est pas à son coup d'essai lui qui confesse privilégier le travail avec des jeunes comédiens, "parce qu'à ce moment de la vie rien n'est encore fixé, tout est en état de basculement, cela rend possible un rapport intense au monde, et aussi une quête…" La question du détachement, de la simplicité, joue également. "Ils ne sont pas fixés sur leur propre image, ils sont disponibles au regard que je peux porter sur eux. Ils ne me donnent pas l'image qu'ils pensent être bien d'eux : au contraire, ils s'abandonnent à l'image que je pense être la meilleure pour le film."

    Dimension politique

    A une heure où l'engagement au cinéma se fait rare, Jean-Paul Civeyrac sous des airs de ne pas y toucher, propose pourtant une histoire qu'il est possible de définir comme politique. En effet, il déploie à travers le désir de se tuer une confrontation avec ce qui manque dans la vie. "Noémie et Priscilla cherchent un absolu, elles défient sans cesse les figures de la société qui les déçoivent ou les répriment," propose-t-il. "Le film n'est pas sociologique, on ne peut pas le réduire à une peinture sociale," mais il s'interroge "de manière très enflammée, radicale, sur l'insuffisance de ce que propose la vie", commente le cinéaste.

    Cannes 2010

    Des Filles en noir a été présenté à la Quinzaine des Réalisateurs au 63ème Festival de Cannes.

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