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gimliamideselfes
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3,5
Publiée le 18 décembre 2011
C'est le premier film de ce qui je crois être le doyen actuel du cinéma mondial : Manoel de Oliveira et aussi mon film portugais. Je ne savais pas vraiment à quoi m'attendre, je n'avais pas lu le synopsis, ni rien en fait, si ce n'est des critiques très positives. Le film m'a fait penser à trois choses : à Laura de Preminger, pour le côté souvenir de la défunte, tomber amoureux d'une morte au premier regard, à des nouvelles de Poe, du moins pour le début, où l'on ne sait pas trop ce qui se passe, il y a une ambiance très lugubre, très pesante, et puis ça passe très vite dans le fantastique, et on retourne à la réalité, on ne sait pas trop s'il y a hallucination ou bien si on est réellement dans le fantastique, et ça j'ai beaucoup apprécié. Et puis ça a un petit côté le portrait de Dorian Gray, j'ai pensé à ça peut-être pour le côté immortalité de la photo ou bien la fin. En tous cas c'est un film fascinant et qui manie l'étrangeté avec brio, par petites touches, et qui reste très sobre, Oliveira ne va pas multiplier les effets tape à l'oeil, au contraire, c'est quelque chose de très pur, de très beau, de très simple qu'on a là. J'ai l'impression que c'est éclairé à la lumière naturelle la plupart du temps, ça donne un aspect authentique au film, on est dans le réel, et quelques petites touches viennent imposer l'univers du film. Je trouve ça assez brillant. Il me tarde de voir d'autres films du réalisateur, même malgré mon impression positive de cette étrange affaire, je n'ai pas forcément été aussi subjugué que j'aurai voulu, j'ai juste beaucoup aimé. Et voir des gens parler antimatière au petit déjeunez, ça vaut le détour.
Le titre ne ment pas, cette affaire est bien étrange, qu'elle soit appréhendée par sa dimension fantastique, mentale ou même les deux. Car il va de soi que le sourire d'Angélica, alors décédée, n'est visible que par Isaac, ce photographe passionné par les choses du passé afin de les capter à travers son art. Ce sourire impossible, qui lie naturellement l'amour et la mort, plonge progressivement Isaac dans un état second – la hantise du surnaturel le poussant vers une mort apaisante – au sein duquel peuvent se déployés divers questionnements qui sont autant de signes à déchiffrer pour le spectateur. Il n'est d'ailleurs pas toujours simple d'y voir clair parmi toutes les pistes évoquées, qu'elles soient religieuses (le lien opaque entre christianisme et judaïsme), physiques (la collision entre la matière et l'antimatière qui créerait de l'énergie, possible explication rationnelle des apparitions d'Angélica) ou photographiques (comment expliquer le rapprochement fait par Isaac entre les photos des bêcheurs et celles d'Angélica ?); la profusion d'indices et de symboles peut paraître trop abondante en ce qu'elle nous perd dans notre compréhension du film, mais c'est aussi cette même densité d'éléments qui procure un certain envoûtement. Par sa richesse interprétative et ses zones de flottement, "L'étrange affaire Angélica" est un film qui donne moins à comprendre qu'à méditer, qui doit être autant considéré comme un objet rêveur que réflexif : il met en scène une mort vue comme une compagne douce et aérienne, dont la représentation n'est en aucun cas macabre mais romantique.
Le titre ne ment pas : en effet, cette jeune et belle défunte qui, sur son lit de mort, adresse un sourire au photographe venu immortaliser son portrait, est bien déroutante. Mais que ce photographe soit aussi fasciné par les travaux des ouvriers agricoles qui l'entourent que par l'image de la jeune femme, voilà qui a de quoi tout autant, sinon plus, déconcerter. Le scénario annonce donc rapidement deux grands axes : d'un côté, le questionnement vis-à-vis de la nature de ce sourire angélique (le jeu de mots que je me permets n'est évidemment pas fortuit) - hallucination ou pouvoir de l'appareil photographique de redonner vie aux morts ? ; de l'autre, le lien entre cette figure féminine et ces ouvriers. La première devient rapidement pour le héros un fantasme/fantôme qui visite le héros dans de belles échappées nocturnes tandis que les seconds l'attirent car ils travaillent "à l'ancienne mode" et incarnent donc le passé. Angélica, que les photographies d'Isaac immortalisent non pas en ce qu'elles fixent une image définitive d'elle mais en ce qu'elles continuent à la faire bouger (et donc la ressuscitent), devient quant à elle une figure intemporelle. Passé d'un côté, intemporalité/éternité de l'autre ; passé d'un scénario écrit juste après-guerre, intemporalité de sa thématique centrale (l'art comme médiateur de l'amour). Plusieurs scènes a priori digressives synthétisent ces thématiques : une conversation scientifique (au petit-déjeuner s'il vous plaît !) nous apprend que certaines photographies de l'espace reflètent des images datant de plusieurs millions d'années (ce qui correspondrait aux ouvriers qui semblent issus du milieu du XXème siècle mais qui sont filmés au début du XXIème) et qu'à chaque particule présente dans la matière correspond une autre dans l'antimatière et que leur fusion produit de l'énergie (l'amour, issu de l'union entre Isaac, corps solide, et Angélica, fantasme/fantôme) ; de manière plus triviale, lorsqu'un chat fixe un oiseau inaccessible dans sa cage et qu'il est soudainement distrait par des aboiements venus de l'extérieur, on songe au héros obsédé par la jeune femme mais incapable d'oublier les bêcheurs. Cette trivialité est représentative de l'humour discrètement facétieux instillé dans le film et qui illustre la distance avec laquelle filme de Oliveira, soucieux de ne pas tomber dans le pur mélodrame amoureux et davantage enclin à construire une fable limpide en surface et énigmatique en profondeur. D'une grande beauté plastique (la picturalité de la composition des plans n'est jamais tape-à-l'œil), L'étrange affaire Angélica est le film d'un centenaire qui semble appréhender la mort avec une lumineuse sérénité.
Un jeune photographe, chargé en pleine nuit de prendre en photo une jeune femme morte, s'aperçoit dans son objectif que celle-ci vivante lui sourit. Perturbé par ce fait, il fait des rêves, continue à faire des photos sur des paysans au travail dans les vignes, mais pense souvent à cette femme, cela trouble son comportement, et suite à une longue course, perdra son souffle et va vie, mais alors le fantôme de la jeune femme pourra le rejoindre.
Conte poético-fantastique du grand Oliveira. C'est merveilleusement filmé avec un art consommé du plan séquence, avec une belle musique de piano, cette histoire surnaturelle (qui rappelle l'aventure de Mme Muir) se veut également réflexion philosophique sur la mort. C'est un peu léger au niveau du scénario et de l'action, mais c'est poétique et si bien filmé.
Chef-d'œuvre ! Et le mot n'est pas galvaudé. Il est rare de voir un cinéaste inventé un conte aussi sophistiqué dans son message et sa mise en scène. Le film, dont au terme de la première vision, je n'ai pas encore démêlé toutes les significations est une réflexion éblouissante sur le cinéma (ou plus exactement la photo), la fuite du temps, la mort qui vient. La mise en scène est d'une maîtrise rarissime. La scène finale est incroyable. A mon très humble avis, ce film sera dans 20 ou 30 considéré comme un grand classique du cinéma d'Art et d'essai avec à ses côtés les meilleurs Antonioni (je pense évidemment à "Blow up" ou "Profession reporter" sur des thèmes voisins), les meilleurs Godard (ici, je pense à "JLG JLG") et les meilleurs Kubrick. Que tout cela nous soit raconté par un homme de plus de 100 ans n'a rien d'indifférent ! J'étais agacé de voir toute la critique encenser ce film (j'avais peur que ce soit par simple respect pour ce vieux monsieur...). Il n'en est rien. Je finis ma petite note par le mot qui la commence : chef d'œuvre !
Manoel de Oliveira fait le « travail à l'ancienne ». Je ne connaissais rien du réalisateur avant d'écumer les autres avis. Et je dois dire que je n'ai pas été surpris de découvrir que le bonhomme a 103 ans (un dinosaure, un vrai !). Mais il n'y avait pas besoin de le savoir pour comprendre le caractère rétroactif de cette œuvre, celle de la chère Angelica, qui a fasciné les critiques de façon quasi-unanime, succombant aux charmes de la belle un à un. Envoûtement sincère ou illusion furtive ? Le choix est vôtre, le mien est fait.
De son héros à la gueule hitchockienne, Isaac, à ses plans fixes et finis – par plans finis j'entends ces plans qui semblent ne plus rien avoir à révéler et qui restent pourtant en état pendant de longues secondes – en passant par les touches de fantastique, ça sent la vieille école. La bonne école diront certains, je suis plus réservé. Il y a du bon dans ce film, c'est indéniable, que ce soit l'atmosphère pesante qui aspire le personnage dans sa spirale destructrice et qui plonge le spectateur au cœur de l'ombre massive qu'elle engendre : celle du fantasme néfaste et de la folie psychique. Ou encore l'immersion qui est une réussite, puisqu'il est difficile de décrocher de cette ambiance étrange qui entoure le protagoniste. Sur certains points son destin m'a rappelé celui du personnage de Boulevard du crépuscule. Sur un hasard fortuit il se retrouve à mettre les pieds dans une demeure défunte, qui le condamne presque aussitôt, perdu entre fascination et répulsion.
En dépit de ces diverses satisfactions je n'ai pas retrouvé de réelle profondeur au récit que veut nous faire partager Oliveira. La construction m'a paru assez limitée et j'ai eu l'impression que l'on avait finalement pas grand chose à nous dire. La courte durée du film me conforte d'ailleurs dans cette impression, celle d'un vide narratif que je me suis mis à ressentir dans le dernier tiers. Si j'ai trouvé fascinant certaines caractéristiques d'Isaac, la distance que le réalisateur nous impose vis-à-vis de sa passion naissante, qu'on observe sans comprendre, met un certain frein à l'identification et donc à l'émotion. Le processus d'évolution est plaisant, mais il ne touche pas, et on ne se rabat finalement que sur des critères purement artistiques pour ne pas déprécier de manière trop sévère le film.
Il reste malgré tout cette satisfaction que de voir le personnage appelé par l'amour, happé par le ciel, vouloir s'envoler et quitter la torpeur de sa condition actuelle. Et il est en fin de compte compliqué de savoir si c'est une bonne chose pour lui ou non, puisque l'on peut voir en Angelica une déesse aimante ou une sirène maléfique ; comme on peut voir en ce film un chef-d'œuvre vivant ou un ennui mortel. Je ne toquerai à la porte d'aucun d'entre eux, restant discrètement sur le trottoir, le parapluie en main, métaphore filmique de la protection contre la tentation du ciel ; et ici, du jugement hâtif.
Avez vous déjà vu un film réalisé par un centenaire ? Pour moi, c'était la première fois ! A ce jour, le réalisateur portugais a 102 ans et il continue de filmer : un nouveau film va sortir en octobre prochain. En tout cas, "l'étrange affaire Angelica" est un film très jeune fait par un réalisateur très vieux. Très jeune, très poétique, d'une grande délicatesse. De Oliveira est allé le tourner au bord du Douro, c'est-à-dire quasiment chez lui. Il nous raconte l'histoire d'Isaac, un jeune photographe convoqué chez une riche famille pour réaliser une dernière photo d'Angélica, une jeune femme qui vient de mourir. Mais alors pourquoi lui sourit-elle lorsqu'il la regarde au travers de son objectif ? Pendant tout le film, Manuel De Oliveira nous montre la vie dans la pension de famille dans laquelle vit Isaac, il le suit dans son travail sur les paysans de la région ainsi que lors de ses visites dans la famille de la défunte. Certains pourront trouver qu'il ne se passe pas grand chose, c'est peut-être qu'ils ne savent pas regarder ! A ce sujet, j'ai lu un rapprochement de ce film avec "Oncle Boonmee", la "fameuse" palme d'or de Cannes 2010. Pas faux : cela permet de réfléchir à la différence entre un réalisateur de talent et un .... . Comme d'habitude chez Oliveira, le film est une succession de plans fixes, dans lesquels l'"action" ne prend qu'un tout petit pourcentage du "Tableau". En plus, il y a beaucoup de scènes nocturnes, peu éclairées. Bon courage aux spectateurs qui souhaiteraient attendre le passage TV ou le DVD ! Un film comme ça, ça se voit au Cinéma
C'est assez gonflé d'aborder la question des énergies, de leur devenir après la mort, des connexions entre les vivants et les âmes des morts, des "forces de l'esprit" pour paraphraser qui nous savons...mais si on n'est pas gonflé à 102 ans quand le sera t-on ? Je suis assez partagée sur ce film, d'un coté il ouvre plusieurs pistes passionnantes, et des pistes normalement méprisées dans notre monde "rationnel", d'un autre coté je trouve que la mayonnaise ne prend pas vraiment, on ne s'attache pas vraiment au photographe, encore moins aux personnages secondaires presque inexistants. En résumé c'est un film intéressant sur le plan des idées et de la mise en scène mais ça manque de chair et de charme.
Si l'on veut bien rentrer dans ce récit un peu exigeant, un film très émouvant sur un homme qui vit dans le passé et qui apprivoise sa mort à venir en tombant amoureux du fantôme d'une morte. Voir ma critique sur mon blog :
Bel effort de continuer à partager sa passion pour le cinéma à plus de 100 ans.. mais il faut avoir quelque-chose à dire. Dans ce film il ne se passe rien, on ne voit rien, on ressort sans rien. D'accord il y'a les rêves, charmants dans leur mode "Méliès" mais on s'ennuie la plupart du temps avec en plus une horrible musique dans les oreilles. Essai raté.
A 103 ans, Manoel de Oliiveira signe un film sensible, humble. Une mise en scène tout en finesse,assez théâtrale. Malgré quelque longueurs, quelques moments plats, la qualité y est, on admire l'œuvre d'un homme qui par son cinéma ne fait pas son âge.
Dans le même registre que " Singularité d'une jeune fille Blonde " , " L'étrange affaire Angélica " est un très bon film qui nous plonge au cœur d'un récit envoutant et pleins de fraicheurs . L’utilisation des effets visuels est assez inattendu mais dans l'ensemble c'est réussit . Les acteurs sont impeccables et la mise en scène est éblouissante : Frontalité du cadrage ; acteurs immobiles ; respect du texte et des plans longs . Parfois beaucoup trop long. Manoel De Oliveira nous fait vivre un conte romantique entre un jeune homme et le fantôme d'une jeune femme , pour laquelle il va la rejoindre dans la mort . Très bien travaillé , " L'étrange affaire Angélica " est un film sombre qui joue habilement sur le doute et la folie de son personnage principale interprété par Ricardo Trêpa . Ce drame signé par Oliveira est très réussit .
Lorsqu'un long-métrage atteint la perfection visuelle, on appelle cela du grand art. C'est le cas de l'Etrange affaire Angélica, dont la symétrie maladive n'a d'égale que la magnificence du Portugal nocturne, superbement photographié. Mais il reste encore suffisamment d'énergie à Manoel de Oliveira qui, du haut de ses 103 ans, n'en néglige pas le scénario pour autant. Bien au contraire, ce dernier fournit au spectateur la liberté d'interprétation la plus grande : est-ce que tout cela est bel et bien fantastique, ou bien n'est-ce qu'un fantasme? Ainsi, on retrouve diverses manières de percevoir le film, qui peut nous conduire à l'adorer, ou bien à le détester. Pleine de poésie et de mélancolie, cette vision optimiste de la mort, ici intimement liée à l'amour, ne régresse à aucun moment pour finir en beauté, lors d'une magnifique scène qui clôt en beauté l'étrange cas de la défunte pieuse, dont le seul sourire aura suffi à provoquer un coup de foudre chez le jeune photographe au physique qui n'est pas sans rappeler celui d'un certain Jean-Pierre Léaud. Je n'ai qu'un seul mot à dire pour ce poème cinématographique : sublime.
C'est magnifique. Autant le Malick est un kouglof étouffe-chrétien, autant ce film est une méditation sur l'amour, l'art et la mort, élégante, subtile et d'une poésie pure "Ballade d'amour et de mort", c'est le nom d'une exposition de photographies préraphaëlites actuellement à Orsay , ce pourrait être aussi l'autre titre de cette étrange affaire Angelica, d'autant plus que l'inspiration du réalisateur n'est peut-être pas étrangère aux photos d'Henri Peach Robinson (Fading away et she never told her love) C'est un conte fantastique, d'une beauté rare,qui ne parle que de cinéma, de rapport au temps, de la lumière des étoiles mortes, de nostalgie. Où l'amour est éternel,les amants flottant dans le ciel étoilé ou s'étreignant dans le cadre de la fenêtre comme chez Chagall . Isaac s'échappe comme Lucy Muir, par cette fenêtre ouverte sur l'éternité,le bleu de toute l'immensité cher à Piaf. Mais si Isaac tombe amoureux d'Angelica, elle est aussi fantôme, une "dame blanche",annonciatrice de mort prochaine (dans les familles princières au 19em siècle): c'est de la mort elle-même qu'il s'éprend, et elle n'a rien d'effrayant, puisqu'elle a le visage souriant d'un amour sans fin et apaisant bercé par le piano de Chopin. Je suis heureuse d'avoir pu voir cette merveille, à l'affiche enfin , et pour quelques séances seulement dans mon cinéma.