La réalisatrice Renate Costa a voulu revenir sur l'histoire de son oncle et plus particulièrement sur une partie de l'Histoire oubliée du Paraguay : "108 – Cuchillo de Palo a vu le jour en réaction à la douleur et à la colère que provoquait chez moi la volonté des gens de se voiler la face devant l’évidence. (...) Se confronter à ce que nous n’avons pas vécu signifie que l’on accepte de porter le poids de son histoire, l’histoire de sa famille et celle de la société dans laquelle on vit, que l’on en soit conscient ou pas. Ce film, à travers une histoire personnelle, montre un Paraguay des années 80 bien éloigné de la version officielle véhiculée à l’époque par le gouvernement. D’une manière plus générale, il nous incite à réfléchir à la façon dont l’acceptation de l’identité de chaque individu est cruciale pour la construction d’une identité collective. Le film est une immersion dans la différence de « l’autre » et dans l’acceptation de cette différence."
108 – Cuchillo de Palo est le 1er long-métrage de Renate Costa. Cette jeune femme née au Paraguay est diplômée de l’Institut Professionnel Paraguayen et s'est spécialisée dans la réalisation de documentaires lorsqu'elle étudiait à l’École Internationale de Cinéma de San Antonio de Ios Baños, à Cuba. Elle a par la suite travaillé comme productrice pour le cinéma et la télévision. Elle s'était déjà essayé à la mise en scène à travers un court-métrage et un documentaire télé.
De 1954 à 1989, Alfredo Stroessner dirige d'une main de fer le Paraguay. Les "Archives de la Terreur", qui regroupent des milliers de documents, lettres et cassettes audio des interrogatoires des dictatures latino-américaines, apportent la preuve que le régime de Stroessner a bafoué les Droits de l'Homme pendant plus de 30 ans, en ayant recours à la torture, au kidnapping et à la corruption. Renversé par un coup d'État en 1989, Stroessner se réfugie au Brésil où il meurt en 2006, sans jamais avoir été jugé.
Le nombre 108 du titre fait référence à la "liste des 108" qui désigne une "liste noire" d'homosexuels, dressée sur ordre d'Alfredo Stroessner et distribuée un peu partout afin de les punir. Même si cette liste n'est plus d'actualité, elle a eu un très fort impact, au point que "108" est devenu au Paraguay une insulte, synonyme de "pédale". Certains hôtels du pays n'ont pas de chambre 108 car les clients n'en veulent pas. De même pour les plaques d'immatriculations et les billets de loterie ! L'oncle de la réalisatrice, Rodolfo, figurait à la 41e place sur la liste.
Le film a été présenté au Festival de Berlin 2010.