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    Sandra
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    Anaxagore
    Anaxagore

    130 abonnés 135 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 3 novembre 2008
    Il ne m'a pas encore été donné de visionner tous les films de Visconti, mais «Vaghe stelle dell'orsa» (1965) est à ce jour le plus beau que j'ai vu. Il est, à mon sens, bien supérieur à d'autres davantage plébiscités! Visconti est avant tout un grand tragédien et ce film a l'immense mérite de cristalliser ce talent du réalisateur en l'expurgeant de toute scorie inutile. Plus rien ici de ce goût pour le grand spectacle qui, je l'avoue, m'agace souvent dans les autres films du réalisateur. On est ici en présence d'une tragédie intimiste, filmée avec une grande économie de moyens, ce qui n'en rend que plus efficace sa puissance. La mise en scène est certes classique, mais sans cet académisme ampoulé qui affecte nombre d'autres productions du réalisateur. La photographie est une splendeur absolue et laisse littéralement le spectateur le souffle coupé. Les lieux du tournage qui sont intrinsèquement merveilleux (Volterra!) s'en trouvent magnifiés. Le choix du «Prélude, choral et fugue» de Franck, oeuvre de toute beauté, est judicieux et rythme merveilleusement bien le drame qui se joue sous nos yeux. Le jeu des acteurs, sobre et sans le pathos excessif trop fréquent dans le cinéma italien, est au-dessus de tout éloge, avec une mention toute particulière pour Claudia Cardinale qui est tout simplement hallucinante de beauté. En résumé, «Vaghe stelle dell'orsa» est une réactualisation pleinement aboutie de l'essence de la tragédie grecque et constitue pour moi un chef-d'oeuvre absolu! C'est une certitude, c'est l'un des films que j'emporte sur mon île déserte...
    chrischambers86
    chrischambers86

    13 920 abonnés 12 474 critiques Suivre son activité

    3,0
    Publiée le 24 juillet 2010
    C'est en 1965, que Luchino Visconti rèactulise le thème d'Electre, dans un film psychologique fameux intitulè "Sandra" dans lequel une jeune marièe revient avec son èpoux dans sa maison paternelle, où elle retrouve son frère, avec lequel elle partage un secret terrible, lourd et obsèdant: celui de leur amour incestueux! Visconti traite ce sujet particulièrement difficile avec un tact infini, à travers un rècit complexe qui lui permet en même temps de nous montrer la multitude des liens et des servitudes qui rèunissent les membres d'une famille, par opposition aux liens sociaux entretenus avec l'extèrieur! Pas le meilleur Visconti avec un dialogue parfois trop explicite, mais une oeuvre très raffinèe et particulièrement envoûtante auquel tenait profondèment le cinèaste italien! Claudia Cardinale est d'une beautè hallucinante et chaque mouvement de camèra souligne les gestes et les regards du corps souffrant! Accusè Visconti de formalisme pour "Sandra", c'est bel et bien commettre un contre-sens! Le rèalisateur agit en artiste moderne qui cherche une vèritè dans la remise en cause des valeurs et du passè! Notre prèsent s'obscurcit à rejeter un passè qui ne passe pas! Photographie superbe notamment dans les clairs-obscurs...
    traversay1
    traversay1

    3 638 abonnés 4 875 critiques Suivre son activité

    2,5
    Publiée le 3 août 2016
    Vu il y a fort longtemps et peu apprécié à ce moment-là. Une nouvelle vision s'imposait. Après la splendeur du Guépard, Visconti revient au noir et blanc et filme une histoire très sombre dans une villa toscane. Atmosphère morbide, tragédie grecque à base d'inceste, de trahison et de dégoût, Sandra exacerbe les défauts (moins voyants dans d'autres films) du cinéaste, en particulier un certain formalisme et un excès d'effets mélodramatiques. Il y a cependant quelque chose de fascinant dans ce ratage (pas d'accord avec certains viscontiens prétendent qu'il s'agit d'une de ses oeuvres majeures), comme un écho aux thèmes du film et à la personnalité trouble du personnage de Sandra, que Claudia Cardinale joue avec une sensualité, euh, troublante.
    bobmorane63
    bobmorane63

    196 abonnés 1 977 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 25 mai 2010
    C'est le premier film que je vois de Luchino Visconti et le résultat est prodigieux, une vraie leçon de cinéma à montrer aux apprentis comédiens ou futurs cinéastes !!! "Sandra" est un film Italien dramatique sur un couple qui rejoint la famille de la dame ou les lourds secrets passées refont surface. Révélations, disputes, retour de vestes, ce long métrage crée un malaise, surtout la dernière partie vertigineuse. Luchino Visconti réussit à faire des plans magistrales, les ballades dans le village Italien, la présentation du frère dans une poussée de vent nocture, le visage fixe de Claudia Cardinale discutant avec le frangin qui passe de la colère au sourire et d'autres et j'en passe, cela s'appelle du grand cinéma. Les acteurs, comprenant Claudia Cardinale, Jean Sorel et Michael Graig sont épatants. J'ai vraiment hate de découvrir le reste de la filmographie de ce cinéaste qui a une grande réputation dans le monde du septième art.
    Arthur Debussy
    Arthur Debussy

    160 abonnés 693 critiques Suivre son activité

    3,5
    Publiée le 25 septembre 2022
    Enfin ! J’ai pu découvrir à l’occasion d’une rétrospective Visconti à la Cinémathèque de Paris ce long métrage tant loué par des personnes que je tiens en haute estime (Anaxagore et Max6m) et que j’attendais de regarder depuis une bonne dizaine d’années. Et je peux dire que le résultat fut à la hauteur de mes attentes. Du titre magnifique (« Vaghe stelle dell'Orsa » - « Pâles étoiles de la Grande Ourse », tiré d'un poème de Leopardi) en passant par le générique de début puis par le film en lui-même, tout concourt à en faire le véritable chef-d’œuvre de Luchino Visconti, soit le film qui condense toutes ses préoccupations artistiques et personnelles, servi par une esthétique exceptionnelle.

    Un peu de contexte d’abord : Visconti est l’héritier de l’une des plus anciennes familles aristocratiques d’Italie. Il fut donc aux premières loges de la décadence progressive de cette caste, minée par les transformations sociales, économiques et militaires. Ses films portent ainsi la marque de cette grandeur en perdition, dépassée par les évènements, sonnant comme la fin d’un monde, du « Guépard » en passant par « Les Damnés ». Deuxième information de taille pour comprendre sa filmographie : il était homosexuel. Son œuvre porte donc la marque de la honte, du non dit, de la culpabilité, à l’image des « Damnés », encore, ou de « Mort à Venise ».

    « Sandra » rassemble tout cela : il est question d’un frère et d’une sœur, héritiers d’une riche famille italienne, dont le père, Juif, mourut à Auschwitz, et dont la mère est psychologiquement instable. A ces tourments, s’ajoute une trame scénaristique tragique, puisque la sœur, Sandra, est victime de l'amour incestueux et possessif de son frère depuis leur adolescence. Fort heureusement, Visconti ne s’attarde pas sur les détails sordides d’une telle histoire, tout au contraire, avec beaucoup de retenue, de pudeur et de suggestion (des valeurs qui semblent totalement impensables par la plupart des cinéastes, voire des artistes d’aujourd’hui), il se penche davantage sur les sentiments douloureux de ses personnages.

    Visconti joue beaucoup sur le temps qui passe et qui charrie son lot de souvenirs inconsolables. Un temps qui semble d'ailleurs arrêté dans le palais familial des Luzatti, lieu austère et inquiétant, alors que paradoxalement on entend tout du long le tic-tac d'une horloge, qui vient matérialiser ce temps si cruel pour notre héroïne. Dans ce long métrage, Luchino Visconti dépeint des sentiments subtils, contrariés, abimés, tel un scientifique ou un fin psychologue examinant des êtres humains se débattre dans la toile du destin, à l'image des héros de la tragédie grecque antique. Le cinéaste italien disait d'ailleurs se référer dans ce film aux personnages d'Electre ou d'Oreste. Il montre également combien il peut être difficile de s'extraire d'un passé éprouvant, lorsque le présent ne se tourne pas vers le futur mais sans cesse vers ce qui a été.

    Il est terrible de voir tout le remord de Sandra, tout ce qu’elle endure sous la coupe de son frère, pervers et manipulateur. Mais ces évènements ne seraient pas ce qu’ils sont sans l’esthétique époustouflante de ce long métrage, de loin le plus beau visuellement parlant de toute la filmographie de Visconti… et sans la beauté envoûtante de Claudia Cardinale, absolument magnifique dans ce long métrage, avec une présence physique extraordinaire, presque animale et proche de la statuaire grecque. Le noir et blanc de la photographie y est contrasté et renforcé par de somptueuses prises de vues de Genève et Volterra, une petite ville de la Toscane italienne, ainsi que de la nature environnante (ces arbres qui ploient sous le vent…).

    Véritable astre noir, traversé sur la fin d’un mince rayon d’espoir, « Sandra » est un film choc, aussi bien sur le fond que sur la forme, avec une économie de moyens qui force le respect. Heureusement tout de même que le dénouement apporte un peu d’air, car la majeure partie du long métrage s’avère étouffante, entre ces sentiments refoulés, cette culpabilité oppressante, cette menace sourde, une noirceur tout de même contrebalancée par la luminosité des prises de vues. Nous sommes donc loin de la grandiloquence et de l’académisme des œuvres ultérieures du cinéaste italien, injustement préférées et plus connues que ce chef-d’œuvre crépusculaire qui mériterait enfin une sortie en DVD digne de ce nom !
    Santu2b
    Santu2b

    255 abonnés 1 785 critiques Suivre son activité

    3,0
    Publiée le 21 novembre 2010
    Avant de commencer ma critique, il faut tout de même avouer que le titre original "Vaghe stelle dell'Orsa" (en français les pâles étoiles de la Grande Ourse) était bien plus charmant que ce simplet "Sandra" choisi par les distributeurs français au moment de sa sortie en salles. Enfin bref quoi qu'il en soit ce long-métrage fut réalisé en 1965 par Luchino Visconti soit trois ans après un autre de ses films adulés : "Le Guépard". Et malheureusement j'en sors avec la même impression que ce dernier. C'est à dire que malgré de grandes qualités de mise en scène et une interprétation assez mémorable dans l'ensemble, je n'ai à aucun moment réussi à entrer pleinement dans le film. A dire vrai je l'ai même visionné avec un ennui récurrent toute au long de cette heure et demie. Bien sur je ne peux m'empêcher d'évoquer la grande Claudia Cardinale ; elle est une fois de plus somptueuse et porte sur ses épaules et son troublant regard tout le poids de l'oeuvre. L'histoire elle aussi, à la fois sombre et intrigante parvient de temps à autre à nous captiver et dès cet instant, on ressent vraiment tout le desarroi du personnage principal perdu dans sa quête insaississable (aussi insaississable que de pâles étoiles !). Seulement malgré un metteur en scène inspiré (nombreux zooms et plans superbes), le spectateur n'est pas transcendé la faute à un rythme globalement pesant. Pour les fans je pense.
    scorsesejunior54
    scorsesejunior54

    153 abonnés 694 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 31 décembre 2007
    Personnellement, "Vaghe stelle dell'orsa" aura été mon dernier choc de l'année 2007. Mais quel choc ! En 1965, deux ans après avoir réalisé son chef-d'oeuvre, j'ai nommé "Il Gattopardo", Visconti décide de retourner avec la plus fabuleuse actrice de tous les temps (eh oui, quand j'aime, je ne me gêne pas pour employer les superlatifs !) qu'il avait par ailleurs lui-même lancé quelques années plus tôt dans une autre oeuvre majeure : il s'agit bien entendu de l'immense Claudia Cardinale, à la présence physique extraordinaire. D'une beauté incomparable, elle illumine l'écran d'un bout à l'autre, jouant sur son charme comme pour mieux happer le spectateur dans ses griffes et ne plus le relâcher, quitte à inspirer le dégoût par le personnage incarné, restant néanmoins toujours dans la passion et les sentiments très forts. Autour d'elle s'orchestre un drame morbide, à l'intrigue classique mais ô combien magnifiée par le raffinement d'une mise en scène atteignant régulièrement des sommets. La quête de la vérité n'est pas une chose simple, surtout lorsque le passé s'avère douloureux. Le couple si stable peut tout à coup basculer vers la crise et les protagonistes en général vers la folie. Suite à des révélations plus effrayantes les unes que les autres, le drame tourne à la tragédie, les fantômes du passé s'emparant d'esprits plus très lucides. La caméra de Visconti, d'une finesse incroyable, parvient à sonder avec grand brio les tourments de l'âme humaine, alignant les séquences d'anthologie tout à fait audacieuses, aussi bien de par leur contexte narratif (malgré les flash-backs, le récit demeure extrêmement fluide) que visuel (l'utilisation vertigineuse des espaces pour des caractères perdus, errant dans un domaine qu'ils ne maîtrisent plus). Splendide d'un point de vue graphique (quelle photographie, quels jeux d'ombre !), "Vaghe stelle dell'orsa" bouleverse d'un bout à l'autre et correspond finalement à la définition même de l'enchantement cinématographique. Magique.
    loulou451
    loulou451

    123 abonnés 1 503 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 8 octobre 2008
    Luchino Visconti signe ici un de ses plus beaux films. Pour une fois, il resserre l'intrigue et le film ne s'en trouve que mieux. Certes, les élans romantiques sont toujours là, la tragédie grecque demeure omniprésente (et ses ficelles un peu grosses), mais l'interprétation sublimée de Claudia Cardinale et Jean Sorel permet au film de trouver sa vraie dimension. Une œuvre forte et enlevée qui se revoit toujours avec plaisir.
    stillpop
    stillpop

    83 abonnés 1 444 critiques Suivre son activité

    3,0
    Publiée le 7 juillet 2012
    L'histoire d'une belle fille qui vient dans une belle voiture dans une belle demeure retrouver son beau frère, enfin, son frère qui est bô.

    Les films de cette période paraissent sulfureux car il parlent d'une morale qui a éclaté dans les années Gainsbourg, hélas les années moralistes laïques d'aujourd'hui sont encore plus angoissantes sur la liberté de nos perversités. Donc on pourrait sourire du scandale entendu, mais ça ne fonctionne pas car c'est d'actualité.

    Contrairement aux aficionados, ce n'est pas le film où La Cardinale est la plus belle, mais suave et sensuelle, sans aucun doute. Pourtant le frère lui vole presque la vedette, du niveau de Trintignant ou Delon.

    Le scénario se porte mollement sur les révélations successives dans une fausse atmosphère capiteuse. Le noir et blanc correspond bien au sujet, cependant le traitement et le grain son trop lourds pour donner une merveille comme “Mort à Venise”.

    Certes, c'est beau, mais tellement elliptique et un peu surrané dans les dialogues que le film fait daté.

    Il reste une certaine intensité dramatique, une belle photographie et de magnifiques acteurs, de quoi combler un dimanche après-midi de cinéphile.
    gemini-hell
    gemini-hell

    26 abonnés 395 critiques Suivre son activité

    3,5
    Publiée le 30 avril 2012
    Drame familial et relations troubles entre un frère et une sœur au sein d’une famille provinciale particulièrement aisée en Toscane. L’atmosphère du film est oppressante et le choix du noir et blanc souligne cet étouffement. Les déambulations des protagonistes au sein de cette immense demeure, comme figée dans le temps, évoquent des figures fantomatiques irrémédiablement embourbées dans leur passé névrotique, à l’exception du mari de Sandra, spectateur impuissant face au conflit qu’il découvre. La caméra de Visconti scrute au plus près les réactions de ses personnages dont les interactions ne peuvent que susciter l’affrontement. Claudia Cardinale endosse ici avec une force intérieure rare un personnage extrêmement complexe ; le méconnu et superbe Jean Sorel compose un Gianni des plus ambigus. Pas forcément séduisant, « Sandra », rarement diffusé tout autant que son successeur « L’Etranger », mérite le détour et la curiosité du cinéphile et admirateur de l’oeuvre du Maître italien.
    Flavien Poncet
    Flavien Poncet

    242 abonnés 1 024 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 27 janvier 2008
    La force du film naît du le mystère de l'intrigue. C'est donc l'histoire de Sandra, jouée par la somptueuse Claudia Cardinale, qui retourne dans sa maison d'enfance accompagnée de son mari américain Andrew. Là-bas, elle y retrouve son frère et les fantômes de son passé. Visconti oblige, des émotions avant tout. L'un sinon LE film le plus intimiste du maestro italien tant au niveau de l'histoire que de la forme ( beaucoup de plans rapprochés notamment sur les visages et les yeux ). La musique de Carlo Alberto Rossi donne la cadence des scénes et les dirige vers une tragédie inévitable à la mode grecque. L'image d'Armando Nanuzzi aussi est dotée d'un beau grain qui relie le Visconti de "La Terra trema" à celui d'"Il Gatopardo". Le personnage d'Andrew étant le seul qui ne connaisse pas la nature du mystère, on s'identifie naturellement à lui, chose justement calculée par Visconti. "Vegha stelle dell'orsa" est donc un film intimiste, fort aussi puisqu'il aborde un théme sensible. L'oeuvre aurait tout de même gagné à être plus approfondie, plus longue ( chose pourtant pas de coutume chez Visconti ).
    hpb
    hpb

    8 abonnés 278 critiques Suivre son activité

    3,5
    Publiée le 9 octobre 2010
    (vu au festival de Lyon Lumière 2010) Plus que l'intrigue c'est l'ambiance de ce film que je retiendrai . L'histoire manque quelque peu de surprise et d'originalité et repose somme toute sur des éléments basiques :
    rapport incestueux histoire de famille "honteuse" que l'on veut cacher. Aussi tout l'intérêt du film réside dans l'atmosphère sombre et la complexité des rapports psychologiques entre les personnages que savait très bien exploiter Visconti. Les acteurs, à commencer par Claudia Cardinale) sont excellents. Et puis cette ambiance "noir et blanc" des année 60 possède un charme indéniable.
    Yves G.
    Yves G.

    1 494 abonnés 3 512 critiques Suivre son activité

    3,0
    Publiée le 26 octobre 2023
    Hasard ou coïncidence ? J’ai vu coup sur coup deux films de Luchino Visconti que diffusaient deux cinémas d’art et d’essai du Quartier Latin dans le cadre de deux rétrospectives différentes.

    Je connaissais déjà les principales œuvres de l’immense réalisateur italien : "Senso", "Rocco et ses frères", "Le Guépard", "Mort à Venise"…. Mais je n’avais jamais vu ces deux-là, moins connues.

    "Sandra" est un film en noir et blanc tourné en 1965. Son héroïne, interprétée par Claudia Cardinale, revient avec son mari dans sa maison natale, à Volterra, à l’occasion d’une cérémonie en mémoire de son père déporté et assassiné à Auschwitz. Elle y retrouve son frère, Gianni (Jean Sorel, un physique à la Alain Delon), avec lequel elle a entretenu une relation incestueuse dans son enfance.

    Le cinéma de Luchino Visconti est d’une folle élégance. Ce rejeton de la vieille noblesse milanaise a un temps flirté avec le communisme. Ses premiers films en portent la marque, qui s’inscrivent dans la veine du néo-réalisme italien : "Les Amants diaboliques", "La terre tremble"… Mais avec "Senso", en 1954, son premier film en couleurs, son œuvre tourne le dos au néo-réalisme et prend un tour qu’elle ne quittera plus : elle filme – comme dans "Le Guépard", comme dans "Mort à Venise", comme dans "L’Innocent" – la haute noblesse de l’Italie du Risorgimento confrontée, comme chez Proust, à l’imminence de sa décadence.

    Quelques-uns de ses films se déroulent dans l’Italie contemporaine : "Nuits blanches", "Rocco et ses frères", "Sandra", "Violence et passion"… Mais ils ont le même raffinement que ses films d’époque et racontent des histoires semblables de familles déchirées et pourtant lucides sur leur inéluctable déclin. Le cinéma de Visconti, c’est une fleur en putréfaction : il en a la beauté et le parfum.
    Eowyn Cwper
    Eowyn Cwper

    123 abonnés 2 039 critiques Suivre son activité

    2,5
    Publiée le 19 novembre 2021
    (Spoilers)

    Sandra est un film d'horreur, mais rien à voir avec les monstres ou le giallo. Dans un palais très sombre et délabré peuplé de quelques âmes solitaires, des secrets s'échangent, des billets apparaissent dans d'anciennes cachettes, et un mari sent la tension qui s'installe dans son couple : une force étrange est à l'œuvre. À mesure que l'histoire avance, on se rendra compte qu'il y a bien un monstre après tout : l'inceste, dissimulé dans les cœurs comme une bête dans la pénombre, dont on croit qu'il a disparu à force qu'on le drape de non-dits. Mais il ressurgira, laissant derrière lui une traînée de sang invisible : celui qui s'écoule de souvenirs poisseux et d'adolescences troubles.

    La manière dont le drame familial est ainsi transformé en abomination, jusqu'à faire correspondre l'œuvre aux critères de l'horreur, est magnifique. La photographie pessimiste et le visage hanté de Claudia Cardinale en font l'hybride parfait... ou presque. Il y a un goût d'expérimentation quand même, une impression d'illégitime derrière ces styles d'écriture et de mise en image déformés. Sandra semble payer le prix de sa réussite par sa position de faux film d'horreur, et c'est à travers ce prisme qu'on le voit en partie : ce qui était bizarrement convaincant prend un tour dérangeant. Bien qu'il se rattache bien davantage à la mythologie grecque, il laisse avec le sentiment qu'on a vraiment vu un giallo : les complexes débridés, l'érotisme malsain, l'horreur sans fard qui sert d'exutoire aux frustrations en sont des symptômes qu'il exsude étrangement.

    Sandra est un hybride, oui, mais pas de la manière la plus attendue. Bonne chose ou non ? Je laisserai le loisir de trancher à qui ne déteste pas le giallo.
    Rita L.
    Rita L.

    1 abonné 1 critique Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 15 mai 2018
    Je n’ai jamais rien vu d’aussi beau. Pour ne pas spoiler je ne dirai pas ce quels sont les sujets tragiques traités avec intelligence. Ce film vaut tous les livres de psychanalyse.
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