L'Elève Ducobu est une série de bandes dessinées et de romans belge créée en 1992 par Zidrou et Godi, dont le héros est un cancre qui emploie toutes sortes de techniques pour tenter de copier sur sa voisine. En janvier 2011, la série s'était déjà vendue à 2 000 000 exemplaires (soit une moyenne d'environ 150 000 par album). Une adaptation cinématographique semblait donc inévitable.
Philippe de Chauveron raconte comment lui est venue l'idée d'adapter la célèbre bande dessinée : "C’est en voyant mes neveux lire L’élève Ducobu que j’ai découvert ce personnage étonnant. L’idée de faire un film sur un as de la triche et l’univers de Ducobu imaginé par Godi et Zidrou m’a tout de suite emballé. Ducobu est un antihéros, ce qui est toujours très intéressant. Nous nous souvenons plus des super fayots et des super cancres que des enfants bien dans la norme."
La bande dessinée, L'Elève Ducobu, est composée de petites scènes et non d'une grande histoire. L'adaptation n'a donc pas été sans difficultés. "Le principal écueil dans l’adaptation était de créer une véritable histoire, d’y introduire un enjeu fort car la BD ne présente qu’une succession de situations très courtes. Nous avons donc développé une intrigue propre au film qui permet aux personnages d’évoluer", raconte Philippe de Chauveron. Et même si la BD est restée une base importante, les scénaristes ont pris quelques libertés en accord avec les auteurs : "Dans la BD, il n’y a que trois personnages principaux. En accord avec les auteurs, nous en avons créé d’autres, comme les rôles d’enfants pour définir les complices et les amis de Ducobu. Nous avons aussi inventé le personnage de Mlle Rateau, collègue et flirt de M. Latouche", expliquent-ils.
Philippe et Marc de Chauveron sont aussi les scénaristes de la comédie à succès Neuilly sa mère !. L'Elève Ducobu marque une nouvelle collaboration entre les deux frères. "Après Neuilly sa mère !, j’avais de nouveau envie d’écrire avec mon frère Marc. Il y avait quelque chose d’évident à travailler avec mon propre frère sur ce sujet-là", confie Philippe.
L'élève Ducobu est un film pour enfant, sans double sens, comme le remarque Bruno Podalydès : "Il (le réalisateur) avait l’envie sincère de s’adresser aux enfants, directement, sans double discours vis-à-vis des adultes. C’était un souci permanent sur ce film. Parfois nous étions tentés par des répliques au second degré, mais Philippe intervenait en faisant remarquer qu’un enfant ne comprendrait pas l’allusion. On restait dans quelque chose de très franc, d’assumé, sans parodie, sans pastiche, ce qui rend le film plus simple, au bon sens du terme."
Le personnage de Melle Rateau a été inventé pour les besoins du film. Elle a tellement plu à Godi et Zidrou, les créateurs de la BD, qu'elle sera présente dans le prochain album de L'Elève Ducobu. Une initiative qui selon Philippe de Chauveron est "un bel exemple de l’esprit dans lequel s’est fait le projet".
Philippe de Chauveron explique comment s'est déroulé le tournage avec les enfants : "La législation étant très stricte sur le rythme de tournage des enfants, nous avons filmé sur 70 jours, ce qui est assez long. J’ai très peu de scènes sans enfants. Nous avons d’abord tourné pendant les grandes vacances, puis nous avons repris aux vacances de la Toussaint. Tourner avec des enfants, dans une école, a provoqué quelques moments mémorables. Au moment de filmer la première scène, j’ai voulu m’adresser à la classe pour leur parler du film. Je ne les connaissais pas encore bien et je me suis vite aperçu que personne ne m’écoutait ! Je crois que j’aurais fait un très mauvais prof… ", commente-t-il.
Le tournage de L'Elève Ducobu s'est déroulé sous le signe de la bonne humeur. Vincent Claude témoigne : "Il y avait une bonne ambiance, avec Juliette et Daphné et les deux autres Vincent qui jouaient mes copains. Entre les prises, on pouvait s’amuser et faire ce que l’on voulait. Même si j’avais deux ans de plus que la plupart de mes camarades, j’adorais m’éclater avec eux." Juliette Chappey confirme ses propos : "Vincent Claude et moi étions un peu timides au début mais on est vite devenus super amis. Avec les deux autres Vincent, on formait une bonne bande."
Elie Semoun avoue avoir un très bon relationnel avec les enfants, en partie grâce à ses sketches. "Ils connaissent bien "Les petites annonces". Ça leur parle et ça les fait rire", confie-t-il.
Une des scènes les plus importantes de L'Elève Ducobu concerne des loups! Juliette Chappey nous raconte cette expérience unique : "C’était chouette de tourner les scènes avec les loups, d’abord parce qu’ils étaient vraiment beaux mais également parce que la scène était géniale à faire et que toutes les techniques utilisées pour faire jouer les loups avec nous étaient passionnantes." Vincent Claude a lui aussi beaucoup apprécié cette scène : "J’ai beaucoup aimé les scènes dans les bois, surtout avec les loups. C’était la première fois que j’en voyais en vrai. On a eu le droit de les caresser. Quel bon souvenir !" Philippe de Chauveron, le réalisateur, était lui moins enthousiaste : "Je redoutais la scène avec les loups, assez impressionnante en raison de la promiscuité entre les enfants et les animaux. Les petits étaient très à l’aise, moi beaucoup moins!", confie-t-il.
Pour se rapprocher du look et du caractère de Léonie, Juliette Chappey a dû effectuer quelques petits changements : "Ils m’ont teint les cheveux en roux, fait des couettes, mis des petites lunettes rondes d’intello et ajouté des tâches de rousseur. Pour l’attitude, on a aussi travaillé mes gestes, ma diction, pour que je paraisse plus sérieuse et plus précise que ce que je suis au naturel", explique-t-elle.
Comme le révèle Bruno Podalydès, L'Elève Ducobu est un film sans trucages numériques : "Pour le film, Philippe a aussi renoncé aux trucages numériques et je trouve cela très bien. J’avais moi aussi fait ce choix en réalisant Le Parfum de la dame en noir. Je parlais de film "bio" ! En construisant pour de vrai les systèmes de Ducobu, son monde et même sa cabane, Philippe crée réellement ce monde que les enfants adorent. Ils vont pouvoir le découvrir, sentir qu’il existe. En choisissant cette option, Philippe a ramené l’irréalité de la BD à la réalité. On peut y croire, on n’est pas dans l’hystérie artificielle des images de synthèse. Les enfants le sentiront."
Le choix de Vincent Claude pour interpréter Ducobu doit beaucoup à sa prestation dans la comédie, Le Petit Nicolas. "Nous avions remarqué la prestation de Vincent Claude dans Le Petit Nicolas, où il jouait Alceste. Dès son premier essai, nous étions certains que Vincent serait un super Ducobu. Il est attachant, plein de fantaisie, et très à l’aise avec les adultes", affirme Philippe de Chauveron.
Choisir Elie Semoun pour interpéter l'instituteur, était une évidence selon le réalisateur : "Derrière son humour et sa folie, se cache une très grande sensibilité. La complicité qu’il a avec les jeunes est démente. Elie a aussi un vrai sens du dialogue et je savais qu’ensemble, nous pourrions encore améliorer le scénario. Il s’est totalement investi pour ce rôle qui demande énormément de nuances, même s’il n’y paraît pas. Il fallait tout le talent d’Elie pour doser cela."
Elie Semoun a souhaité faire de Monsieur Latouche, un personnage moins caricatural que dans la BD en s'investissant énormément. "Je lui ai inventé une vie à lui, celle d’un mec de quarante ans qui vit encore chez sa maman, vraisemblablement très peu expérimenté avec les femmes. Pourquoi est-il ainsi ? Pourquoi toute sa vie est-elle basée sur l’école ? Que représente Ducobu pour lui ? Cet enfant est-il seulement un grain de sable dans sa petite machinerie bien huilée ? Le déteste-t-il ou l’aime-t-il ? Pourquoi est-il amoureux de Mlle Rateau ? Je me suis posé mille questions. Jamais je n’avais creusé un personnage à ce point", confie l'humoriste.
Philippe de Chauveron revient sur le choix de Joséphine de Meaux et sur leur relation de travail : "Joséphine de Meaux est une comédienne que je suis depuis Nos jours heureux. Chacun de ses rôles révèle un peu plus une personnalité hors norme. Elle est très drôle et travaille énormément ses rôles. Nous avons peaufiné son personnage pour lequel elle a apporté beaucoup d’idées. C’est elle, par exemple, qui a eu l’idée de faire loucher Mlle Rateau dès qu’elle enlève ses lunettes. Elle a partagé une belle complicité avec Elie. Le fait qu’ils aient chacun des personnalités différentes les a stimulés, ils cherchaient sans cesse à se surprendre. Travailler avec Joséphine a été un grand plaisir."
Mademoiselle Rateau est une invention des scénaristes. Le personnage a donc été construit de A à Z. Une démarche qui a beaucoup plu à Joséphine de Meaux, son interprète : "Puisqu’elle n’était pas déjà dessinée dans les albums, nous avions plus de liberté d’autant que dans le scénario, le personnage était assez ouvert. J’ai pu faire ce que j’aime, à savoir construire le rôle en cohérence avec l’histoire et travailler à sa caractérisation. Dès le départ, Philippe souhaitait que je lui fasse des propositions. Le fait que ce soit tiré d’une BD et réalisé pour les enfants m’autorisait plein de choses que je n’aurais peut-être pas pu me permettre dans une comédie pour adultes. On pouvait aller vers des vrais gags, comme le fait que je louche quand j’enlève mes lunettes."
Pour créer les costumes de Mademoiselle Rateau, Joséphine de Meaux et la costumière se sont inspirées des professeurs de musique de Joséphine et des années 1990.
Pour jouer le rôle des parents, Philippe de Chauveron a choisi deux acteurs qu'il aime beaucoup : Bruno Podalydès et Helena Noguerra. Un choix qu'il explique ainsi : "Je suis un fan absolu des films réalisés par Bruno Podalydès. J’aime son humour. Il est heureux quand il tourne parce qu’il adore les plateaux de cinéma. Son côté débonnaire m’intéressait pour ce personnage de père solitaire qui pourrait paraître sombre mais à qui il apporte de la comédie et une touchante douceur. Helena Noguerra m’a épaté dans L' Arnacoeur. Elle y joue quand même une alcoolique nymphomane tout en arrivant à être hilarante!"
Pour la première fois, Bruno Podalydès joue dans un long métrage qu'il n'a pas réalisé, une expérience qu'il a beaucoup appréciée : "Je n’ai pas du tout ressenti de conflit interne entre l’acteur et le metteur en scène. J’étais très heureux d’avoir le temps d’aller à la table régie, discuter tranquillement entre deux plans, ce que l’on ne peut jamais faire quand on est réalisateur. En tant que comédien, tourner est une affaire de confiance : on a choisi de travailler avec la personne qui réalise, on s’embarque avec elle. Le rapport au temps n’est pas non plus le même. Quand on est réalisateur, on est concentré toute la journée alors qu’en tant qu’acteur, on attend deux heures et puis, d’un seul coup, il faut être tout de suite très concentré pour jouer le personnage. C’est un travail nouveau pour moi. C’était une expérience agréable."
Helena Noguerra affirme qu'Adeline Gratin se définit aussi "par sa façon de s’habiller, de se coiffer, de se tenir". Du coup, elle l'a imaginée "avec des nœuds partout, dans les cheveux, sur ses vêtements, sur ses chaussures". Selon Bruno Podalydès, elle s'est jetée corps et âme dans la transformation : "Elle s’est complètement créé un personnage, une silhouette. Je la trouve méconnaissable dans le film. Elle a interprète à fond le côté BD. C’était du vrai jeu."
Philippe de Chauveron explique comment le style de la BD s'est imposé sur la pellicule : "Notre volonté était de trouver un style BD qui reste fidèle à l’univers des auteurs, et en même temps, nous voulions être le plus réaliste possible. Nous avons donc choisi de styliser les couleurs, les décors et les costumes pour parvenir à un juste équilibre."
Philippe de Chauveron avait déjà collaboré avec un membre de la famille Podalydès, en la personne de Denis Podalydès. En effet, celui-ci interprétait le mari coincé de Rachida Brakni dans la comédie Neuilly sa mère !, écrite par ses soins. Dans l'Elève Ducobu, il retrouve cette fois-ci le frère ainé de Denis, Bruno Podalydès.