En 1984, un journaliste enquête sur le devenir d’une ancienne vedette du glam rock, qui a disparu de la circulation, après avoir orchestré son faux meurtre sur scène il y a 10 ans. Le récit nous plongera donc, à travers divers témoignages, dans l’univers du glam rock des 70’s. Vous aurez peut-être reconnu la similitude avec le pitch de « Citizen Kane », et « Velvet Goldmine » ne s’en cache pas. Certaines interviews étant des références directes au film d’Orson Welles.
Mais il s’agit surtout d’un prétexte pour aborder indirectement la vie et la psyché des artistes de cette époque. Si aucun vrai nom n’apparait, Lou Reed, Iggy Pop et surtout David Bowie sont très explicitement les inspirations du film.
Sur la forme, Todd Haynes livre un exercice assez hallucinant. On est aux antipodes de l’académisme, avec des costumes, maquillages, et décors psychédéliques, et des séquences façon clip qui semblent venir d’un autre univers. Même la manière de filmer, avec des zooms insistants, évoque les 70’s.
Le tout accompagné d’une BO très riche, mêlant chansons de l’époque, reprises, et compositions originales. J’avoue ne pas bien connaitre l’univers du glam rock des 70’s, il y a très certainement une myriade de références qui m’ont échappé. Par contre n’espérez pas entendre du David Bowie. Celui-ci, guère emballé par le projet, a interdit toute utilisation de sa musique !
Tandis que côté acteurs, on est très bien servis. Toni Colette en épouse qui ne tolère plus les frasques de son mari bisexuel et camé. Jonathan Rhys Meyers et Ewan McGregor en chanteurs complètement déjantés et à des années lumières des conventions de leur époque. Ou Christian Bale en journaliste au passé difficile, personnellement impliqué sur le sujet. D’ailleurs cela permet de se rappeler que Bale est bien un acteur britannique, lui qui passe son temps à prendre l’accent américain dans les productions hollywoodiennes…
Par contre, sur le scénario, le bât blesse. A la différence de « Citizen Kane » qui proposait une amorce de suspens avec un mystère à résoudre, l’enquête dans « Velvet Goldmine » parait stérile. Il faut dire que l’on se moque un peu du devenir d’une ancienne vedette, tant aucun enjeu n’y est associé. A la limite, l’excavation du passé douloureux du journaliste est plus intéressante, mais elle est sous-exploitée. Le tout pour aboutir à une conclusion capillotractée et pas vraiment satisfaisante.
Le résultat est un film qui interpelle sur la forme… mais qui ennui. Dommage !