Derrière la caméra virtuose de Gus Van Sant (dont c'est le troisième-long-métrage après "Mala noche" et "Drugstore cowboy"), on retrouve avec un plaisir infini Keanu Reeves et River Phoenix. Avec Jim Caviezel dans l'un de ses premiers rôles.
Les personnages principaux, Mike et Scott, sont non seulement au centre du film, mais aussi au centre d'une Amérique puritaine où beaucoup de moeurs dérangent : Gus Van Sant s'approprie ces sujets (en écrivant le scénario du film d'après "Henri 4" de William Shakespeare) en allant d'une société pauvre à la haute bourgeoisie (exemple de Keanu Reeves qui ne veut plus entendre parler de sa jeunesse).
La rue est faite de mauvaises représentations avec un milieu social où drogues, vols, violence et prostitution règnent. River Phoenix, qui reste dans son rôle du début à la fin, montre son grand jeu d'acteur (on l'a vu dans "Indiana Jones 3 : La dernière croisade" et "Stand by me") et rappelle James Dean dans "La fureur de vivre" : Mike est indécis, électrique, homosexuel et a un désir fou de retrouver sa mère : il est perdu dans ses pensées. Scott (Keanu Reeves), quant à lui, sait ce qu'il veut faire plus tard : un paradoxe humain s'installe entre Phoenix et Reeves (l'homosexualité, la richesse, le pouvoir). Comment deux amis peuvent rester ami sans la conviction de vouloir rester ensemble ? Cette question soulève le problème de la confiance en l'avenir et Keanu Reeves réussit à nous convaincre dans son rôle, tourmenté dans un premier temps, et posé pour finir (magnifique séquence dans un restaurant huppé). Keanu Reeves tient sans doute ici l'un de ses meilleurs rôles.
Gus Van Sant arrive à nous plonger dans cette virée initiatique de deux jeunes paumés qui tendent à un idéal. En ce sens, Gus fait de "My own private Idaho" un pamphlet contre certaines valeurs aujourd'hui traditionnelles.
Chapeau ! Monsieur Van Sant, revenez, c'est un ordre !