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Fêtons le cinéma
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3,5
Publiée le 18 septembre 2023
Le souci manifesté par Werner Herzog de prendre en charge lui-même la traduction en allemand des propos, en anglais, du prêcheur rend compte de la supériorité de la parole sur le texte, de la puissance de l’intonation et de la diction qui écartent la lettre des textes sacrés au profit d’un show télévisé sans queue ni tête, où les poupées caricaturent, où les propos agressent, où les chansons lénifiantes endorment la vigilance. L’éparpillement de la mise en scène, qui procède par collage, construit un objet étrange et inquiétant dans lequel nos repères logiques se dispersent : le docteur et son spectacle sont de chaque plan, ils envahissent le moyen métrage avec une brutalité qui résulte de l’absence de contextualisation initiale et de critique explicitement portée par la narration. Le cinéaste laisse le champ libre à Gene Scott, personnage tour à tour grotesque, pathétique et sublime en ce qu’il semble croire à sa mission, en ce que le fric et la foi constituent à ses yeux les deux versants d’une même médaille religieuse. Voilà donc un personnage herzogien par excellence, un être fini qui trouve dans l’entrelacs du sacré et du profane l’occasion d’une démesure.