L'idée d'A bout portant est venue au réalisateur alors qu'il montait son précédent film Pour elle : "j'ai dit à Guillaume Lemans, mon complice scénariste : "il faudrait que notre prochain film soit encore plus tendu, encore plus sur l'action, et qu'il se déroule entièrement sur le rythme de la dernière demie-heure de Pour elle (...) Je crois que c’est ça justement qui nous a donné envie d’essayer ! J’avais le désir (...) d’associer le destin de ce Monsieur Tout-le-monde aux prises avec des événements extraordinaires à quelqu’un qui est tout sauf ordinaire : un gangster un peu “melvillien”, un sphynx, quelqu’un de dangereux et de menaçant qui ne parle pas beaucoup…"
Le réalisateur Fred Cavayé revient sur sa collaboration avec Guillaume Lemans, son scénariste : "On décide de l'histoire ensemble, on laisse mûrir et à un moment donné un des deux se met à écrire cinq pages en trois actes. Il les envoie à l'autre qui les retravaille et les développe puis les renvoie au premier et ainsi de suite... Une fois qu'on a les 30 pages de l'histoire, souvent je me mets seul à l'écriture du scénario. (...) Une fois qu'on a écrit cette première version, on ne cesse de retravailler avec Guillaume. Sur A bout portant, la version que j'ai tourné était la n°64, c'est dire..."
A bout portant a posé des problèmes de vraisemblance lors de l'écriture. Problèmes que l'acteur que le réalisateur a tenu à régler en amont : "je prends beaucoup de plaisir à écrire un film. La difficulté vient après quand… il faut faire lire votre première version. Vous croyez avoir votre mécanique extrêmement bien huilée, vous la faites lire et on vous dit : « Oui mais ça, ce n’est pas possible ; ça, ça ne marche pas ». , Et là, il vous faut trouver une solution. Il faut avoir le courage de se confronter immédiatement aux problèmes sinon on va les retrouver à chaque étape du film : au tournage, au montage…"
Fred Cavayé a repris certains membres de l'équipe de son premier long-métrage : le chef opérateur Alain Duplantier, le monteur Benjamin Weill, et le compositeur Klaus Badelt.
Le réalisateur avait déjà côtoyé Mireille Perrier pour avoir été son chauffeur lors du tournage du film Le Comptoir (1998).
Un des comédiens principaux, Gilles Lellouche, témoigne de ce qui lui a plu dans l'histoire d'A bout portant : "J’étais ravi de tourner un film aussi peu dialogué, et d’avoir à faire quelque chose de totalement épuré, minimaliste et physique. J’aimais bien aussi l’idée de faire un film d’action en incarnant un anti-héros, un personnage totalement commun, banal, tiré de son quotidien et plongé dans une situation extraordinaire, et qui, en plus, doit faire front avec quelqu’un qui est tout son contraire… Tout cela avec ce ton nouveau, cette modernité, cette efficacité dont Fred a su faire preuve dans "Pour Elle".
Lorsque Roschdy Zem et Gilles Lellouche sortent de l'hôpital et cherchent un bus, celui qui s'offre à eux porte l'affiche du film L' Affaire Farewell avec Guillaume Canet. Un clin d'oeil au comédien-cinéaste et ami proche de Gilles Lellouche? En effet, ce film, sorti sur les écrans français en septembre 2009, n'avait pas de raison d'être encore mis en avant au printemps 2010, époque du tournage d'A bout portant.
La direction photo est signée Alain Duplantier, que Fred Cavayé connait bien, pour avoir travaillé avec lui sur son précédent film : "Il y a dans son image quelque chose de purement cinématographique que j’aime beaucoup. J’avais repéré son travail rien que sur la bande annonce d’Anna M., son utilisation des optiques qui permettent de jouer sur la profondeur de champ… Ici, le pari, encore plus que dans "Pour Elle", était d’être à la fois très réaliste et très cinématographique…"
Klaus Badelt est le compositeur d'A bout portant, et l'homme a un curriculum qui impose le respect : en France, il a composé les bandes originales de L' Arnacoeur, L' Immortel, Le Petit Nicolas. Aux États-Unis et en Allemagne, il a travaillé avec les plus grands : The Pledge (Sean Penn), Pirates des Caraïbes 1 (Gore Verbinski), 16 Blocs (Richard Donner), Invincible puis Rescue Dawn (Werner Herzog) ou Miami vice - Deux flics à Miami (Michael Mann).
Le casting du film est constitué en majeure partie d'acteurs ayant participé au dyptique de Jean-Francois Richet sur le gangster Mesrine. Gérard Lanvin a joué dans Mesrine : L'Ennemi public n°1, Gilles Lellouche et Elena Anaya étaient dans Mesrine : L'Instinct de mort.
Cela faisait longtemps que Fred Cavayé surveillait l'acteur Gilles Lellouche. Il avait envisagé le comédien pour Pour elle, son précédent film, rôle qui échut à Vincent Lindon. Pour A bout portant, il n'a pas hésité à demander Lellouche : "C’est à la fois un Monsieur Tout le monde et un Monsieur Tout le monde de cinéma ! Il a de la bonhomie et du charisme. Il peut être à la fois très charmeur et très physique. Il a un vrai pouvoir de sympathie. Quand on le voit à l’écran, on a envie d’être son copain. Même dans la vie".
Dès son premier film, Le Doux amour des hommes (2001), elle tenait le premier rôle féminin face à Renaud Bécard. On a pu la voir plus récemment dans le Adèle Blanc-Sec de Luc Besson. Au théâtre, elle a joué le premier rôle dans la comédie musicale Cabaret, monté par Sam Mendes . Dans A bout portant, elle est l'adjointe de Mireille Perrier, une fliquette prête à tout pour accomplir sa vengeance.
A l'origine, le rôle de l'infirmier était envisagé pour Roschdy Zem, qui a bien vite demandé à jouer plutôt le gangster. Lorsque Gilles Lellouche a été envisagé pour le rôle principal, c'est tout naturellement que le réalisateur a accéder à sa demande.
Tous les jours pendant trois mois, le comédien Gilles Lellouche a suivi un entrainement intensif : "il fallait courir très vite, s'arrêter, repartir, ralentir, tourner, repartir encore plus vite... Ce n'était jamais le même niveau d'action (...). Dès le premier jour j'ai compris : je me suis retrouvé dans le métro à faire cinquante fois la même scène où je cours sur le quai ! Heureusement que j'étais entrainé".
Après avoir beaucoup répété la scène de descente à contre sens de l'escalator du métro, le réalisateur a demandé à Gilles Lellouche de la refaire en tournant cette fois-ci son visage vers la caméra. En se retournant, l'acteur s'est foulé la cheville, après seulement quatre jours de tournage : "(...)heureusement, les autres scènes d'action étaient plutôt à la fin du tournage", a confié l'acteur.
Le cinéma est un bon moyen de se dépasser, comme en témoigne Gilles Lellouche : "C’est le fameux truc du cinéma qui fait que, à partir du moment où il y a une caméra, (...) je suis prêt à sauter du 3ème étage. Sans la caméra, en revanche, je n’ose plus rien, je suis mort de peur. C’est quelque chose qui me sidère : l’énergie que génère un tournage, la façon dont on peut totalement se dépasser pour un film… Il y a un effet magique. Et ça marche aussi bien avec le dépassement de soi physique qu’avec la mémoire".
Le comédien Roschdy Zem a déjà nombre de films d'action à son actif, et connait la préparation nécessaire au genre : "Ce sont des films qui se préparent un peu comme un match important ou un semi- marathon.(...) Surtout pour un film comme A bout portant. Et pas seulement pour les courses poursuites. Le simple fait d’attraper quelqu’un par le col et de le coller contre un mur, et de refaire ça quasiment cinquante fois, entre la mise en place, les répétitions, les prises, les différents axes, je vous assure que ça laisse quelques courbatures…"
Fred Cavayé parle de son intérêt à inclure le spectateur dans l'histoire : "Ce qu’il y a d’intéressant c’est d’entraîner le spectateur dans certaines directions sans trop en dire. (...)c’est comme pour la vraisemblance, tout est une question de dosage. Mais si vous réussissez à entraîner le spectateur avec vous, c’est alors encore plus bénéfique pour l’efficacité. Il a l’impression d’avoir une longueur d’avance, vous le rendez actif, et il est d’autant plus surpris quand rien ne se passe comme il l’avait anticipé ou quand les personnages se révèlent très différents de ce qu’il avait imaginé."
Le réalisateur évoque son travail en collaboration avec le scénariste Guillaume Lemans : "(...) quand on écrit, on se pose toujours la question de manière simple : qu’est-ce qui va pouvoir faire courir notre "héros" le plus vite possible ? Qu’est-ce qui va être le plus anxiogène pour lui ? Donc, non seulement, on lui enlève sa femme mais en plus elle est enceinte ! Et puis, je n’avais jamais vu de course poursuite au cinéma avec une femme enceinte".
Les dialogues de Samuel au milieu du film ont été réduit au strict nécessaire, tandis que ceux entre Samuel et sa femme ont été étoffé.
Fred Cavayé a "démarché" Gérard Lanvin sur un tournage, et lui a proposé son rôle en ces termes : "C’est… un enculé ! Je ne t’ai jamais vu jouer ce type de rôle et j’ai envie de te le proposer". Gérard Lanvin a très vite réagi : "Ce mec, il est venu ici exprès, il a pris l’avion, il est arrivé sur le décor pendant la courte pause déjeuner, il reprend l’avion dans trois quarts d’heure, il m’a apporté son scénario, il m’a dit des choses très motivantes et, en fin de compte, très rassurantes, si je n’accepte pas de jouer cet enculé, c’est que je suis... un con. J’ai préféré être un enculé qu’un con !"
Le tournage des scènes de Gérard Lanvin a duré dix jours. Il n'a que deux scènes avec Roschdy Zem et échange un regard avec Gilles Lellouche.
Pour tourner la scène de course-poursuite, la Gare du Nord de Paris a été sollicitée. L'équipe a eu l'autorisation d'y filmer pendant quatre jours de une heure à cinq heures du matin.
C'est parce que la femme du scénariste était elle-même enceinte au moment de l'écriture que les auteurs ont pensé à faire du personnage de Nadia une femme dans la même situation de faiblesse, afin de renforcer son côté vulnérable.
Le réalisateur explicite le choix de son titre, hommage malgré lui : "Je voulais un titre efficace, marquant, presque premier degré, et comme je m'étais dit que je voulais faire un film qui aille à la vitesse d'une balle, A bout portant m'est venu assez naturellement. Ce n'est qu'après que je me suis souvenu du film de Don Siegel avec Lee Marvin. Mais je trouvais le titre trop bien pour en changer, alors disons que... c'est un hommage !"
Le gangster se nomme Sartet, comme le personnage d'Alain Delon dans le film Le Clan des Siciliens d'Henri Verneuil. Alain Delon a été joint par le réalisateur et s'est dit ravi de l'idée. L'acteur figure d'ailleurs dans les remerciements du film.
Pour l'aspect de son personnage, Gilles Lellouche avait en tête celui du personnage de Dustin Hoffman dans Les Chiens de paille, c'est pourquoi il porte dans A bout portant une veste similaire.
A bout portant a pour thème une histoire d'amour menacée par la fatalité, tout comme le précédent film de son réalisateur Pour elle.
Elena Anaya, actrice espagnole, a eu recours à un coach : Victoria Sáez, la même qui l'avait déjà aidée à tourner Mesrine.
Roschdy Zem et Gérard Lanvin ont un point en commun : ils ont tous deux été vendeurs de jeans sur les marchés.