Deux gamins d'une dizaine d'années dans un appartement façon décharge publique, seuls pour s'occuper d'un bébé. Leur mère rentre, ivre morte, puis ressort au matin, temporairement dessoulée. Pendant qu'ils s'amusent à leur façon, s'alcoolisant pour suivre l'exemple maternel, le petit frère décède dans son couffin (mort subite du nourrisson ?). Bien des années plus tard, on retrouve l'aîné, Nick, qui a échoué dans un foyer misérable à sa sortie de prison. Sans nouvelles de son cadet depuis des lustres, il a la surprise, à l'occasion des obsèques de leur mère, de le retrouver père d'un petit garçon qu'il élève comme il peut depuis la mort de sa compagne. Nick est alcoolique, son frère toxicomane. Ils ne se recroiseront finalement qu'en prison, où Nick, expiant les blessures de l'enfance, attend d'être jugé pour un homicide qu'il n'a pas commis, mais dont il s'accuse par altruisme (sic). Le drogué, incarcéré de son côté car s'étant avec maladresse essayé en dealer, ne tarde pas à succomber au régime carcéral. Nick sort alors de sa torpeur, reconnait l'évidence - à savoir qu'il était dans l'impossibilité physique d'avoir tué. Il a désormais une meilleure occasion d'asseoir sa rédemption : la charge du petit Martin, maintenant totalement orphelin.
Avec un tel matériau on pouvait craindre un film englué dans les pires excès d'un dolorisme bien pesant, voire carrément poisseux. Vinterberg sait au contraire éviter toutes les chausse-trappes sur lesquelles on l'attendait grâce à une mise en scène sobre, nette, sans effets soulignés, complaisance ou facilités. Son "Submarino" est une oeuvre forte, dont l'impact est amplifié par une interprétation sans faille : Jakob Cedergren/Nick et Peter Plaugborg (au faux air de Nicolas Vaude) sont impressionnants.