Les protagonistes évoluent dans un environnement où se heurtent misère alcool, drogue, violence physique et morale, les mots qui font mal prononcées ou tues à jamais. Est-ce trop, sortons-nous le kleenex? Non, ça existe, et même la réalité dépasse la fiction, d'ailleurs sans avoir besoin de sortir de Paris. Le traitement de ces thèmes est-il trop insistant, malmené? Non, la justesse des situations, dialogues, et interprétations des premiers aux seconds rôles est remarquable de solide crédibilité. Alors de ce côté là, on peut ne pas aimer, mais à moins d'être niais ou trop privilégié par la vie, on ne peut jeter la pierre à l'équipe du film. Attention, on n'est pas dans l'histoire à l'ancienne, façon Zola 2010, manifeste social. Non. J'ai vu un film étonnamment moderne, sans effets spéciaux ou montage surréaliste, par l'originalité du traitement des émotions. Du début à la fin, à part pour les âmes sensibles, rien n'est franchement bouleversant pour le spectateur, malgré tout les drames qui arrivent aux acteurs; pourtant un fil sous-jacent, sous-marin, lors du dénouement final, charrie une sensible, fraiche, inédite, qualité savoureuse et âpre, rare, qui prouve une maîtrise totale de l' oeuvre qui nous a conduite là. Vraiment bravo les danois. Du cinéma! J'espère que le réalisateur revenu des sirènes hollywoodiennes après avoir conquis son pays et le monde avec son "Festen" restera sur cette voie.