Une première oeuvre oeuvre ambitieuse voire culottée. Une mosaïque de personnages en prise avec la religion musulman et leur rapport avec elle. La force du film est à la fois sa faiblesse ; chaque personnage est un bon exemple et à la fois c'est un peu la facilité, mais était-il facile de faire autrement ? Car au final il s'agit d'un panel constructif de gens en proie avec leur contradiction. L'islam y est traité avec respect mais le réalisateur n'hésite pourtant pas à faire pencher la balance. Quelques maladresses, surtout dans la partie du flic, mais ça reste un premier film techniquement prometteur et au propos nécessaire.
Premier film d'un jeune réalisateur allemand dont c'est le projet de fin d'études. J'ai toujours un peu de mal avec les films ayant pour thème la religion. Même si ce n'est pas le sujet principal du film. Il est plus question de culpabilité et de trouver un sens à sa vie en vivant sa religion, en l'occurrence l'islam. A noter que pour une fois, point de fondamentalistes et points d'extrémistes qui se font sauter, ça change. On est ici du coté des modérés, des gens ordinaires. Les message de Burhan Qurbani serait plutôt : voyez comme cette religion est avant tout tolérante. C'est ce que j'ai ressenti mais comme je l'ai déjà dit les religions et moi cela fait deux... Pour revenir au film, avec peu de moyens, la réalisation du jeune metteur en scène est assez prometteuse. Un beau sens de l'image et de la direction d'acteurs. Techniquement cela n'a rien à envier à de plus grosses productions. Le tout est accompagné d'une sublime musique. Cela pêche un peu plus du côté scénario. Le film choral est déjà délicat en temps normal mais pour un premier film cela peut s'avérer très casse-gueule. Il s'en sort pas trop mal même s'il a tendance à un peu trop s'éparpiller entre les trois histoires. Et malheureusement le tout est un peu trop froid et manque d'émotion. On ne s'attache pas vraiment aux personnages. Au final on a quelque chose de plus réussi sur la forme que sur le fond. Malgré tout ce n'est pas désagréable, bien joué et plutôt prometteur donc...
Dans ce projet de fin d’études, le réalisateur n’utilise pas avec exagération et volontarisme ses ressorts dramaturgiques potentiels, optant davantage pour l’interrogation, correctement posée mais résolue avec lourdeur et imperfection, de la place de l’intervention divine dans la vie quotidienne. Plus qu’une œuvre sur la religion, qui au demeurant serait une promotion négative et caricaturale de la foi musulmane, Shahada se concentre plutôt sur les conséquences de la responsabilité individuelle au regard d’actes jugés contraires aux doctrines, ou plus exactement à l’interprétation de celles-ci, notamment durant les réunions à la mosquée ou les conversations dans le groupe de femmes. En s’inspirant de ses propres expériences marquées par le tiraillement entre tradition imposée par la religion et, surtout, la communauté qui s’y rattache, et quête de liberté et d’indépendance, rendues possibles par l’émancipation, Burhan Qurbani choisit un sujet difficile ; cependant son souci de bien faire et de rendre compte de façon presque sociologique d’un état de faits n’empêche nullement les affèteries de mise en scène (usage des flous et d’angles à la sophistication appuyée et omniprésence d’une musique signifiante) et le surgissement, prévisible mais dommageable, des clichés et poncifs qui handicapent tant la narration qu’ils finissent par être contre-productifs et la déréaliser. Enfin, la propension, qui révèle au mieux un optimisme honorable, au pire une naïveté confondante, à faire rentrer les choses dans un certain ordre (le retour du policier au bercail illustre à merveille le refus de la radicalité et la mise en avant d’un consensus somme toute décevant) nuit dangereusement à l’ambition manifestée. Ce sont sans doute d’une part l’abondance des thèmes (avortement, homosexualité, mixité ethnique, éthique policière, rapports intergénérationnels) et d’autre part l’absence illogique, voire l’aporie qu’elle porte en elle, d’un réel approfondissement des personnages qui dévaluent le plus Shahada.
C'est le problème avec ce genre de films : on ose pas en dire trop de mal parce qu'ils parlent de choses importantes, de problèmes graves... Reste que malgré quelques scènes justes et deux ou trois personnages vaguement intéressants, difficile de se captiver pour un spectacle faisant volontiers dans le pathos, et dont la démonstration s'avère souvent lourdingue, les stéréotypes et les longueurs allant également bon train durant 90 minutes... Il serait bien que le cinéma « engagé » arrête de se regarder le nombril pour s'intéresser un tant soit peu à la forme, car le fond a beau être toujours honorable, il ne suffira jamais à faire un grand film : « Shahada » est en malheureusement le meilleur exemple...
A voir le sujet de son film, on pourrait penser que Burham Qurbani est, comme Fatih Akin, un réalisateur allemand d'origine turque. En effet, ce sont bien les immigrés en provenance de Turquie qui représentent en Allemagne le plus gros de la population musulmane. Eh bien non ! Il est germano-afghan. Dans ce film qui était en compétition au dernier Festival de Berlin, Burhan nous raconte l'histoire de 3 jeunes musulmans nés en Allemagne et qui cherchent à concilier leur religion avec le mode de vie occidental. Ismaïl est policier et il est attiré par une jeune clandestine, au grand dam de son épouse. Sammi est hanté par son désir pour Daniel, un allemand "de souche", mais sa foi est tenace ! Quant à Maryam, elle est la fille d'un imam ouvert et tolérant et sa vie est bouleversée suite à une grossesse non désirée. Serait-ce Allah qui la punit ? Pour ce premier long métrage, Burham Qurbani s'avère très prometteur, son film étant plutôt réussi, tant dans la forme que dans le fond.
Les bons sentiments ayant présidé à l'élaboration de ce film se sont noyés dans un déluge d'images trop travaillées et de dialogues touffus. Le scénario se perd dans un montage savant mais tellement sophistiqué qu'on perd rapidement le fil de l'histoire et qu'on finit par se désintéresser des malheurs des protagonistes. Quelques bons acteurs demandent à être mieux employés. Un peu de simplicité nous aurait permis d'apprécier la thèse de ce film. On a cru comprendre qu'il voulait nous dire que la religion, ça peut être dangereux, ouah le scoop!
Ne mettant en scène que des personnages en condition extrême, perdus dans des auto-culpabilisations dévorantes (une jeune femme qui avorte, un jeune homosexuel en pleine remise en question, un imam modéré qui ré-interprète le Coran mais qui est incapable de parler avec sa fille, un flic qui a blessé une femme enceinte), il perd en objectivité. Aucun n'est heureux dans sa religion, tous se torturent l'esprit, tous se détestent eux-mêmes. Comment parler de foi et d'amour dans ces conditions ? Un personnage heureux dans sa religion et dans sa foi aurait peut être apporté un peu d'objectivité. Il en ressort un film amer, des impressions de vies brisées au nom d'un dieu punitif incarné en l’auto-flagellation mentale que les personnages s'infligent. A moins que l'intention ne soit d'avoir voulu faire un brûlot contre les musulmans en tentant de dégoûter tout le monde de cette religion et de la faire passer pour rétrograde, barbare et bêtement superstitieuse. Ce serait plutôt réussit de ce point de vue là. Pourtant cela n'a pas coupé l'appétit de ma voisine de siège, plus voilée qu'une roue de vélo et dévorant ses pop corns. Quand on vous dit que ça empêche de se concentrer de manger en regardant un film.
3 personnages dont les convictions religieuses sont ébranlées par divers évènements dans le Berlin d'aujourd'hui. Trois parcours un peu caricaturaux et démonstratifs pour étayer le discours du réalisateur sur la place de la religion musulmane dans la société moderne. Ce n'est pas trop mal fait, mais il est difficile de croire à toute cette histoire tant les drames qui se jouent paraissent forcés. Une émotion factice se dégage, loin de la véracité recherchée. C'est dommage, d'autant que les acteurs sont plutôt bons.
Film très interessant et actuel sur la problèmatique des inévitables "conflits" entre la vie d'êtres humains ordinaires et la pratique de la religion (quelle qu'elle soit finalement) . On y montre un imam qui retient de l'islam qu'elle est basée sur l'amour et non la haine. Et ça c'est essentiel à une époque ou beaucoup de gens se détournent des religions à cause des dogmes souvent lus de façon trop fondamentale et haineuse et ou, au contraire d'autres s'y réfugient et y trouvent un exutoire à toutes leurs frustrations toutes leurs haines. Quelle que soit la religion la haine et le rejet de l'autre ne doit pas avoir sa place et c'est ce que montre ce film. J'ai beaucoup aimé la scène avec le début de la lecture du très beau texte de Khalil Gilbran. Par contre la fin me laisse un peu perplexe. Je serais interessée par votre façon de l'interpreter notamment concernant la fille et Sammi .
La bande annonce de ce film pouvait nous laisser présager une réflexion sur la place de l'islam dans notre société occidentale à tendance islamophobe, au lieu de ça on assiste à un film choral sur trois personnages ayant pour seul point leur remise en question de leurs croyances coraniques. Cependant, ces personnages dont la psychologie est très grossièrement survolée ne font, 90 minutes pleines de longueurs durant, rien d'autre que douter... Bref, c'est un film fort ennuyeux ne nous apprenant rien sur la communauté musulmane.
Shahada drame filmé comme un thriller qui montre un phénomène de société au travers la religion musulmane mais peut-être un peu trop chargé. Mérite quand même le détour!
Un beau film au scénario intéressant et plutôt bien construit, mais il manque cruellement de passion dans la mise en scène, pour que nous nous sentions totalement investit par le sujet. Du bon cinéma, assez originale pour ne pas le bouder.
Film fort, intense, sur la recherche de son identité d'immigré, dans son nouveau pays. Le récit, haché, secoué, brutal est parfois difficile à suivre.... Les 3 histoires aux situations un peu extrêmes et violentes nous intéressent. Le réalisateur, à travers l'imam, père de la jeune fille, nous pose les bonnes questions pour choisir: entre un Dieu, infiniment bon, qui nous aime, nous comprend et pardonne... ou un Dieu qui nous juge..... Si l'on n'est pas croyant, on peut extrapoler, avec les valeurs humaines: - le besoin de s'améliorer pour pouvoir se regarder dans la glace - la capacité de se pardonner à soi-même et accepter sa condition, d'"être imparfait" - l'exigence, l'insatisfaction, le désespoir qui peut ronger..... Sur le plan religieux, le réalisateur oppose le fondamentalisme (obscurantisme) à la tolérance et l'espérance en l'homme. Film ambitieux qui aurait été plus abouti avec un Fatih Akin ?