Le "temps entre chien et loup" dont fait référence le titre du film correspond à la période de la fin de l'après-midi, peu avant que la nuit tombe, quand le contour de l'horizon devient de moins en moins perceptible.
Le réalisateur, producteur et scénariste Jeon Soo-il a obtenu deux diplômes d'études en cinéma, le premier à Busan, en Corée du Sud, et le deuxième en France, à l'Ecole supérieure de réalisation audiovisuelle (ESRA) entre 1988 et 1992. Il s'était également inscrit à l'université Paris VII-Denis-Diderot.
Jeon Soo-il a réalisé Entre chien et loup dans deux régions sud-coréennes : la province de Kangwoo et sa ville natale, au nord-ouest du pays : "J'étais à l'époque dans la quête de mes racines, ma maison d'enfance et d'autres lieux voués à la disparition."
Entre chien et loup est le quatrième long-métrage de Jeon Soo-il, réalisé entre 2005 et 2006. Depuis, le cinéaste a déjà mis en scène trois autres films : La Petite fille de la terre noire (2007), Destination Himalaya (2008) et I came from Busan (2009).
Jeon Soo-il confesse avoir eu l'idée de faire du cinéma un métier après avoir regardé le film sud-coréen La marche des fous (1975), en particulier la scène du collégien qui hésite seul, dans une salle de cours, à aller manifester contre le gouvernement. Ensuite, il a découvert les films qui deviendront les références les plus importantes de son cinéma : L' Année dernière à Marienbad d'Alain Resnais, 37°2 le matin de Jean-Jacques Beineix et toute l'œuvre de Andrei Tarkovski.
En tant que cinéaste indépendant, Jeon Soo-il a toujours co-financé ses films - les deux premiers étant entièrement financés par des prêts bancaires ("C'est dire que mes dettes se sont accrues !", confesse-t-il). Ses films, y compris Entre chien et loup, ont été tournés pendant les vacances scolaires (le réalisateur est aussi professeur de cinéma à l'université). Malgré la bonne réception critique de ses œuvres, il confesse que le financement de chaque production est toujours un problème, car ses films sont considérés par le gouvernement coréen comme "voués à ne pas satisfaire le marché du cinéma."
Le cinéaste justifie sa passion pour la mise en scène par son histoire personnelle et ses voyages. Son père, né en Corée du Nord, est parti vivre en Corée du Sud, sans jamais pouvoir revenir dans son pays natal, malgré de longs efforts. Jeon Soo-il a lui-même habité le nord-ouest de la Corée, puis Séoul, la France et la Corée du Sud : "C’est en me déplaçant que je me suis construit", explique-il.
Pendant l'écriture du scénario, Jeon Soo-il a développé chaque personnage avec une grande richesse de détails, pour ensuite abandonner ses notes puis retravailler sur le tournage l'essence des protagonistes, en prenant en compte l'interaction des acteurs avec l'espace et leurs suggestions.