Pendant que ses amis grolandais travaillaient sur "Mammuth", Francis Kuntz alias Kafka retrouvait Pascal Henry avec qui il avait réalisé le court-métrage "Ouf" afin de donner vie à un premier long-métrage répondant au nom de "Henry". Autant le dire tout de suite,
Kafka ne joue pas du tout dans la même catégorie que ses deux potes et propose une déclinaison de l'univers Groland d'un point de vue disons plus "personnel". A travers les manigances et les coups de Trafalgar d'Henry, le cinéaste nous dépeint un personnage qui ressemble fortement au journaliste Francis Kuntz qui, chaque semaine dans "Made in Groland", nous déverse sa vision homophobe, raciste et anti-pauvre
. Pour camper les victimes des manigances d'Henry, celui-ci a puisé dans la famille Canal , donnant le rôle de la sœur d'Henry à Elise Larnicol - l'oubliée des Robin des Bois -
celui d'un collectionneur de guitares friqué et érotomane à Gustave de Kervern qui l'avait quant à lui dirigé dans "Louise-Michel" ou à Bruno Lochet des Deschiens le rôle de l'ami décédé dont Henry arnaque la mère afin de récupérer sa collection d'instruments
. On peut également citer Bruno Ricci,
Jean-François Derek en accordéoniste poivrot ou Philippe Cura dans un rôle proche de celui qui l'a fait connaître dans "Caméra Café"
. Relativement court, quatre-vingt petites minutes, "Henry" offre quelques bons moments même si la réalisation sonne bancale et est bien souvent en roues libres ; à vrai dire
seuls les moments musicaux
sont relativement bien ficelés, rien d'étonnant quand on sait que Kafka est lui-même guitariste. Ce qui séduit à vrai dire dans ce film, c'est qu'on a tous dans notre entourage familial, dans notre cercle de connaissances,
un type du même acabit, toute proportion gardée bien entendu, qui ne voit que son petit intérêt et qui est capable d'éliminer la concurrence en un rien de temps et ce, pour son bien propre
. "Henry" est aussi le film qui vous poussera à commenter ce que vous voyez en balançant régulièrement un "Quel enfoiré !!". En dehors de tout cela, il y a peu de chances que vous attardiez bien longtemps sur ce premier long-métrage, mieux vaut se refaire la filmographie du duo Delépine/Kervern, plus inspiré que leur collègue qui, pourtant, n'a pas
hésité à pousser lui même la chansonnette pour illustrer musicalement son film.